La polémique au menu. Vendredi, L’Incorrect a partagé une vidéo où l’on voit Thomas Legrand, en compagnie de Patrick Cohen et de cadres du Parti socialiste, attablé à la table d’un restaurant parisien. Le journaliste de Libération et chroniqueur de France Inter y déclare : « Nous, on fait ce qu’il faut pour [Rachida] Dati, Patrick [Cohen] et moi », comprendre contre la candidate (LR) à la Mairie de Paris. Une séquence qui n’est déjà pas sans conséquence pour Thomas Legrand.
Un passif avec Rachida Dati
Selon L’Incorrect, mensuel fondé par des proches de Marion Maréchal et qui prône une union des droites, la vidéo a été captée en juillet, à l’insu des participants. Parmi eux, Thomas Legrand – qui a prononcé la phrase à l’encontre de Rachida Dati –, Patrick Cohen, chroniqueur sur France Inter et dans « C à vous », Pierre Jouvet, le secrétaire général du PS et Luc Broussy, le président du conseil national du parti.
Des journalistes du service public et Libération affirment “faire ce qu’il faut” pour m’éliminer de l’élection à Paris. Des propos graves et contraires à la déontologie qui peuvent exposer à des sanctions. Chacun doit désormais prendre ses responsabilités. pic.twitter.com/DCFOUkCJBr
— Rachida Dati ن (@datirachida) September 5, 2025
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La phrase polémique sur Rachida Dati prend toute son ampleur du fait, notamment, du passif entre la ministre de la Culture et Patrick Cohen. Le 19 juin dernier, l’échange avait été houleux entre les deux personnalités sur le plateau de « C à vous », sur France 5. Interviewée sur ses démêlés avec la justice, l’ex-garde des Sceaux avait menacé le chroniqueur de France Télévisions de déclencher une enquête contre lui pour des accusations de harcèlement rapportées dans la presse.
« Je ne la combats pas politiquement »
« Je comprends que la diffusion de cette vidéo, enregistrée à l’insu des protagonistes et qui plus est tronquée, puisse susciter de la suspicion », a concédé Thomas Legrand dans un texte transmis à l’AFP, puis diffusé sur ses réseaux sociaux samedi. « Je ne la combats pas politiquement, a-t-il affirmé. Je tiens des propos maladroits. […] Si la tournure, extraite d’un échange tronqué et privé, est malheureuse, j’assume de »m’occuper » journalistiquement des mensonges de Madame Dati. »
Patrick Cohen a déploré, lui aussi auprès de l’AFP, la diffusion de cet extrait vidéo par L’Incorrect : « On a pris des bouts de phrase. Il n’y a pas vingt secondes de conversation suivie. C’est complètement manipulatoire […]. L’ironie de l’histoire, c’est que ce rendez-vous avait été sollicité par la direction du PS, parce qu’ils ne sont pas contents du traitement du PS et d’Olivier Faure [premier secrétaire du parti] sur France Inter. C’était tout sauf une réunion conspirative », a-t-il poursuivi.
« Des propos contraires à la déontologie »
Face à la polémique, Rachida Dati, qui a été investie candidate LR à la Mairie de Paris, a tenu à réagir. « Des journalistes du service public et Libération affirment “faire ce qu’il faut” pour m’éliminer de l’élection à Paris, a posté Rachida Dati sur X, vendredi soir. Des propos graves et contraires à la déontologie qui peuvent exposer à des sanctions. Chacun doit désormais prendre ses responsabilités. »
« Vidéo consternante » dans laquelle « deux journalistes essentiels de l’officialité PS complotent pour valoriser un axe »de Ruffin à Canfin » et Glucksmann », a écrit pour sa part le leader de LFI, Jean-Luc Mélenchon, sur X, tandis que la cheffe de file des députés du RN, Marine Le Pen, a affirmé que « le service public ne peut pas être la succursale du Parti socialiste, pas plus qu’il ne pourrait l’être de n’importe quel autre parti politique », et appelé à « réfléchir à sa privatisation ».
Le PS s’est défendu, de son côté, en assurant qu’« aucune collusion n’existe entre le Parti socialiste et les journalistes quels qu’ils soient », et accusé L’Incorrect d’avoir pour « seul but d’entretenir une lecture complotiste du monde ».
Thomas Legrand suspendu, l’Arcom saisit
Une polémique a laquelle a également réagi France Inter, l’un des employeurs de Thomas Legrand. « Nous avons décidé de suspendre Thomas Legrand de l’antenne à titre conservatoire », a communiqué la radio, dès vendredi soir. Dans un message sur X, la Société des journalistes (SDJ) de Radio France a dénoncé « l’instrumentalisation » de « propos volés et complètement sortis de leur contexte », et affirmé être « solidaire » de Patrick Cohen et Thomas Legrand.
L’Arcom a quant à elle annoncé samedi avoir été saisie. « Elle recueillera dans les meilleurs délais tous les éléments d’explication auprès de Radio France et France Télévisions afin de s’assurer du respect, par le service public de l’audiovisuel, de ses obligations d’impartialité et d’indépendance, dont l’Arcom se voit confier par la loi la mission d’être la garante », a indiqué le régulateur de l’audiovisuel à l’AFP. Les deux journalistes, Patrick Cohen et Thomas Legrand, ont annoncé leur intention de porter plainte.