Vos tartines matinales accompagnées de votre café ou de votre thé, et de tout ce que vous aimez avaler le matin, pourrait-il influencer votre espérance de vie ? Des chercheurs du Massachusetts General Hospital et de l’Institut de technologie d’Izmir en Turquie ont suivi près de 3 000 adultes britanniques âgés de 42 à 94 ans (analyses de sang) pendant près de 20 ans pour répondre à cette question.
Les résultats de cette longue étude viennent d’être publiés dans la revue Communications Medicine le 4 septembre. Leur analyse a démontré que les personnes qui ont tendance à prendre leur petit déjeuner tard présentent davantage de problèmes de santé et affichent une mortalité plus élevée que celles qui le mangent tôt. Les chercheurs ont également noté qu’avec l’âge, les repas se décalent vers la fin de journée, en particulier le petit-déjeuner et le dîner, et que la durée entre le premier et le dernier repas se raccourcit.
« Notre étude suggère que les changements dans le moment où les personnes âgées mangent, et en particulier l’heure du petit-déjeuner, pourraient servir de marqueur facile à surveiller de leur état de santé global », explique Hassan Dashti, chercheur en nutrition et biologie circadienne au Massachusetts General Hospital. Pourquoi et comment l’heure de notre repas peut-elle être si étroitement liée à ces deux facteurs ?
Retarder son petit-déjeuner : un signe de fragilité
Dans la cohorte suivie, les personnes qui prenaient leur petit-déjeuner plus tard rapportaient plus de fatigue, davantage de troubles du sommeil, plus de symptômes dépressifs et plus de problèmes bucco-dentaires. Elles déclaraient par ailleurs avoir plus de mal à préparer leurs repas toutes seules.
« Nos résultats montrent que retarder le petit-déjeuner est lié à des difficultés de santé et à une augmentation du risque de mortalité chez les personnes âgées », précise Dashti. « Ces données donnent un nouveau sens à l’adage selon lequel le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée, surtout pour les seniors ». Adage, qui soit dit en passant, est aujourd’hui très débattu en médecine, puisqu’il a été formulé par Lenna F. Cooper, une diététicienne américaine en 1917. Période durant laquelle la Révolution industrielle battait son plein et que les habitants occidentaux ont dû adapter leur régime alimentaire.
Autre facteur qui semble rentrer en jeu : les individus génétiquement prédisposés à être des « couche-tard » avaient également tendance à prendre leurs repas plus tard dans la journée. La boucle est bouclée : ces profils correspondent justement à ceux qui, dans l’étude, se sont révélés associés à davantage de difficultés de santé et à un risque de décès plus élevé.
Pour Dashti, « encourager les personnes âgées à conserver des horaires de repas réguliers pourrait devenir une composante importante des stratégies pour favoriser un vieillissement en bonne santé ». Le petit-déjeuner, ou du moins l’heure à laquelle il est pris, pourrait donc devenir un indicateur de santé à surveiller, comme on le fait aujourd’hui avec la tension artérielle, l’état du cœur ou la qualité du sommeil, par exemple.
Doit-on pour autant sacraliser une heure fixe pour savoir quand prendre son petit déjeuner ? Non, rien de tel n’apparaît dans les résultats de cette étude ; c’est la régularité de la prise qui y apparaît comme un marqueur comportemental facile à observer. Si vous remarquez chez vous ou l’un de vos proches que l’horaire de ce rituel matinal évolue, en discuter avec un professionnel de santé serait une démarche de bon sens.
- Une vaste étude sur près de 3 000 adultes suivis pendant vingt ans montre que le premier repas du matin constitue un repère fiable de l’état de santé chez les personnes âgées.
- Repousser ce repas est associé à davantage de troubles (fatigue, sommeil, moral, autonomie) ainsi qu’à un risque de décès plus élevé.
- Les chercheurs recommandent de maintenir des horaires réguliers, et de consulter si ce rituel change de façon notable.
📍 Pour ne manquer aucune actualité de Presse-citron, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.