Le ministre de l’Éducation de l’Alberta a signé un nouvel arrêté ministériel dans le but d’ajuster l’interdiction des livres à caractère sexuel dans les bibliothèques scolaires de la province. Désormais, l’interdiction vise seulement les représentations visuelles explicites d’actes sexuels.
Les œuvres littéraires contenant des descriptions textuelles d’actes sexuels pourront finalement rester dans les bibliothèques scolaires.
La précédente version de l’arrêté ministériel avait semé la controverse, notamment après la publication d’une liste de 200 livres à bannir produite par le Conseil scolaire public d’Edmonton, contenant certains classiques tels que La servante écarlate, de Margaret Atwood.
La première ministre Danielle Smith avait qualifié cette application du règlement de la part du conseil scolaire d’excessive. Sur son compte X, le ministre de l’Éducation, Demetrios Nicolaides, avait par la suite mentionné qu’il allait réviser l’arrêté.
L’ordonnance a été mise sur pause par le ministre peu de temps après afin de permettre au gouvernement de porter les ajustements souhaités.
Précédemment, les écoles avaient jusqu’au 1er octobre pour retirer les livres des tablettes. Dorénavant, elles auront jusqu’au 31 octobre 2025 pour soumettre leur liste au ministère et devront appliquer la mesure au plus tard le 5 janvier 2026.
On veut s’assurer de pouvoir visionner le matériel [que les conseils scolaires] considèrent comme conforme à la mesure.
Une citation de Demetrios Nicolaides, ministre de l’Éducation de l’Alberta
Plusieurs autres précisions
Le ministère exclut explicitement les classiques de la nouvelle ordonnance.
Le nouvel arrêté ne fait plus référence à des niveaux scolaires spécifiques. Il touche donc tous les élèves de la première à la douzième année.
Les professeurs devront aussi informer les parents d’élèves si des représentations visuelles explicites d’actes sexuels se trouvent dans la littérature en classe. Le matériel pédagogique, comme les livres de biologie, est exempté du règlement.
Le ministre a précisé que l’objectif de la mesure était de restreindre l’accessibilité à du contenu visuellement explicite qui n’est pas approprié selon l’âge.
Toutefois, l’ordonnance ne touche pas le matériel qu’un élève apporte lui-même à l’école.
Diverses réactions
Le directeur général de Parents for Choice in Education, John Hilton-O’Brien, mentionne que son organisation n’est pas tout à fait satisfaite de la nouvelle version. Toutefois, il précise que ces images n’ont rien d’innocent .
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John Hilton-O’Brien mentionne que Parents for Choice in Education s’inquiète de la présence de livres contenant des passages à caractère sexuel dans les bibliothèques scolaires depuis une douzaine d’années.
Photo : Radio-Canada
Selon lui, le retrait des livres contenant des représentations visuelles explicites d’actes sexuels des bilbliothèques ne constituepas de la censure, c’est [du] bon sens .
Jason Schilling, le président de l’Association des enseignants de l’Alberta, croit quant à lui que cet arrêté marginalise les élèves de la communauté 2SLGBTQ+ et qu’on dit à ces élèves qu’ils n’ont pas le droit d’être représentés dans les bibliothèques scolaires .
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Jason Schilling, président de l’Association des enseignants de l’Alberta croit que la mesure ajoute une charge de travail supplémentaire aux enseignants.
Photo : Radio-Canada
D’après Wing Li, directrice des communications de Support Our Students Alberta, il ne semble pas y avoir d’appétit pour l’interdiction et ce type de restriction est malheureux.
Toutefois, elle concède que si le gouvernement souhaite aller de l’avant, il devrait faire appel à plus de bibliothécaires scolaires et d’experts pour déceler le contexte afin de déterminer si une œuvre est appropriée.
Peu après l’annonce, Demetrios Nicolaides a déclaré dans une entrevue à CBC que l’ajustement était nécessaire puisqu’il y avait eu mauvaise compréhension et mauvaise application de l’arrêté original.
Il a mentionné avoir contacté les conseils scolaires et qu’il ne devrait plus y avoir de mauvaise compréhension.