Dans les rangs du parti de Recep Tayyip Erdogan, certains fustigent des « créatures immorales et démoniaques ». Une enquête a été ouverte après un concert jugé attentatoire « à la décence et la morale », « aux sentiments de pudeur et de chasteté ».
Quatre millions d’auditeurs mensuels sur Spotify, un demi-million d’abonnés sur Instagram… Le parquet d’Istanbul s’attaque à un groupe populaire auprès de la jeunesse turque. Une enquête contre Manifest, un girls band qui évoque celles de la K-pop coréenne, a été ouverte pour « actes obscènes » et « indécence en public », a rapporté dimanche DHA, l’une des principales agences de presse du pays.
L’enquête a été ouverte au lendemain d’un concert à Istanbul où il a été constaté que les danses et performances scéniques « constituaient une atteinte à la décence et la morale, portaient atteinte aux sentiments de pudeur et de chasteté, et pouvaient avoir une influence négative sur les enfants et les jeunes », a affirmé le bureau du procureur public d’Istanbul, selon DHA.
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« Éhontées et démoniaques »
Le 6 septembre, Manifest se produisait, devant une dizaine de milliers de spectateurs, au parc Küçükçiftlik, un lieu de concert en plein air stambouliote. Le concert était présenté comme destiné aux plus de dix-huit ans.
En écho aux propos du bureau du procureur, un conseiller présidentiel, Oktay Saral, a vitupéré contre le groupe sur les réseaux sociaux. « Ces créatures immorales, grossières, éhontées et démoniaques de Manifest doivent être traitées de manière qu’elles ne puissent plus se livrer à cet exhibitionnisme », écrit ce député du Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir depuis 2002.
Une tentative d’« imposer la morale »
« Des “crimes d’honneur” sont commis à chaque instant dans ce pays. Ces personnes déshonorantes sont celles qui méritent votre lynchage ! », lui a répondu Ceylan Ertem, chanteuse bien installée dans le paysage musical turc.
Membre du conseil d’administration du barreau d’Istanbul, Yelda Koçak a remis en cause la solidité des arguments juridiques soulevés par le parquet. « Le devoir de la loi est de protéger la liberté, et non d’imposer la morale », regrette cette avocate, dans le journal turc Sözcü .
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