Par
Antoine Blanchet
Publié le
9 sept. 2025 à 7h00
Ce lundi 8 septembre 2025 s’est ouvert à Paris le procès de Gérard Lhéritier, ancien patron de la société Aristophil. Aux côtés de sept autres personnes, il est jugé pour une escroquerie financière pharamineuse aux manuscrits anciens. Parmi les projets d’envergure du principal prévenu, la création en 2004 d’un musée des lettres et manuscrits en plein boulevard Saint-Germain.
Des placements mirobolants
L’entreprise de placement en œuvres d’art est soupçonnée d’avoir fait perdre plus de 900 millions d’euros à des milliers d’épargnants. Elle promettait des rendements annuels mirobolants grâce à l’achat de lettres et manuscrits originaux de Simone de Beauvoir, Albert Einstein ou encore Marcel Proust.
La société, créée en 2003, employait 65 salariés et s’appuyait sur un réseau de 600 à 800 courtiers pour vendre ses lettres et manuscrits. Des épargnants ont investi 10.000, 40.000 ou même 750.000 euros pour devenir propriétaires – en intégralité ou en indivision – de documents anciens originaux avec l’annonce de taux de rendement annuel compris entre 8 % et 9 %. Aristophil annonçait vouloir leur racheter ces documents au bout de cinq à sept ans avec une plus-value annoncée de 40 %. Sans préciser clairement les risques encourus par ces placements sur un marché confidentiel dont les prix étaient largement surévalués par l’entreprise.
La justice soupçonne en réalité une pyramide de Ponzi, une fraude financière qui repose sur le recrutement de nouveaux épargnants pour rémunérer les anciens en gonflant artificiellement la valeur des manuscrits. Environ 18.000 personnes avaient investi dans la société, parfois l’intégralité de leurs économies.
Un Musée des lettres et manuscrits
Le principal prévenu, Gérard Lhéritier, 77 ans, était une sommité dans le monde du manuscrit. En 2004, il avait même fondé un lieu culturel d’un nouveau genre : le Musée des lettres et manuscrits. En plein cœur du faubourg Saint-Germain, les visiteurs pouvaient déambuler devant des centaines de documents écrits par Marcel Proust ou encore Thomas Edison. Le présentateur de télévision Patrick Poivre d’Arvor avait même été nommé parrain du lieu. Ce dernier a finalement mis la clé sous la porte en 2015, après la découverte du scandale financier.
Jusqu’au 3 octobre, le principal prévenu va faire face à plus de 4.500 parties civiles, dont l’épargne s’est volatilisée lors de la faillite de sa société en 2015. Souriant et vêtu d’une élégante veste bleu pétrole, l’ancien magnat des livres rares, « dont l’état de santé s’est dégradé ces dernières années » selon son avocat Benoît Verger, « avec des pertes d’équilibre et de mémoire », a pris place sur le banc des prévenus, un bâton de randonnée à la main.
Avec AFP
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