Le youtubeur aux 6,4 millions d’abonnés tient pour la première fois un rôle principal dans un long-métrage. Il fait revivre l’un de ses personnages à travers une comédie d’action un peu trop déjantée.

« Je suis McWalter, tout le monde me connaît ». Assurance, prétention, mais une débilité totale. Voilà comment décrire « l’agent secret le moins secret du monde ». Pour son premier grand rôle dans un long-métrage, Yvick Letexier, dit Mister V sur les réseaux sociaux depuis environ quatorze ans, s’est mis dans la peau d’un des personnages les plus célèbres de ses sketchs : McWalter. Le vidéaste, également rappeur à ses heures perdues, – il a sorti deux albums en 2017 et 2020 aux côtés de Jul, Gazo et PLK -, y donne la réplique à Géraldine NakacheVincent DedienneFrançois Berléand et William Lebghil. Le casting est brillant. La réalisation, sous la direction de Simon Astier (Visitors, Mercato), frère d’Alexandre Astier (Kaamelott), l’est aussi. C’est peut-être pour ça que les studios Amazon MGM, nouveaux détenteurs du contrôle créatif de la franchise James Bond, ont misé une pièce sur ce film.

L’agent 007, justement, aurait de quoi envier le célèbre « Mc Walter », figure emblématique de « la NUS », une unité de forces spéciales américaines dont le nom rappelle tout autre chose… Un problème ? « Appelez McWalter », dirait le chef de la brigade (François Berléand). Une mission qui tourne mal ? « Appelez McWalter », répéterait-il. Il est l’agent le plus connu des États-Unis. Alors qu’une prise d’otages a lieu dans une usine de pains à burgers de Baconfield, commune de la Nouvelle nouvelle Orléans, le héros à la teinture blonde et au style plus que décontracté débarque en berline, réalisant des donuts autour d’un donut. Habile, il mitraille une quinzaine de terroristes tout en dansant la Macarena. Chaque mission est une formalité pour un soldat de son calibre.

L’agent McWlater (Mister V) avec la brigade de la NUS.
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Sa vie bascule au moment où il se retrouve face à Drogan (Vincent Dedienne), son pire ennemi. Ce dernier tue la femme de McWalter, l’exilant pendant plus de dix mois à des centaines de kilomètres de la plus proche brigade policière. Seulement, l’ancien héros, dont les poils sont désormais plus visibles que la peau de son visage, est accusé de plusieurs infractions terroristes à Pékin et au Venezuela. Il est arrêté, puis interrogé par la très professionnelle Géraldine Nakache, campant une policière jalouse de la réussite de ses collègues.

À la suite à une explosion dans le commissariat, le détenu parvient à s’enfuir. Il est rattrapé par un certain Pollux (William Lebghil), un de ses grands fans (très amoureux), mais aussi brigadier de la Nus. « Quelqu’un commet tous ses crimes en se faisant passer pour vous », prévient-il. Pour sauver sa peau, McWalter doit changer d’identité et devenir Wesley Davidson, originaire du Michigan et père de deux enfants, dont l’un est bipolaire. Sa mission ? Prendre la direction du Paystan, le plus petit pays du monde où sont fabriquées les « bombes de smegma », armes à l’origine des bombardements dont il est jugé responsable…

Géraldine Nakache et François Berléand dans McWalter, disponible sur Amazon Prime Video le 12 septembre.
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La blague de trop

Tout au long de son périple, d’un peu moins de deux heures, l’agent secret enchaîne les blagues. Les situations sont continuellement burlesques. Il s’envole, par exemple, accroché aux pieds d’un aigle doublé par Richard Darbois, légendaire voix française d’Harrison Ford. Le scénario fait aussi la part belle au comique de répétition. McWalter ne cesse de dire « ah l’batard » tout au long du film, un gimmick repris aux sketchs parus il y a un peu moins d’une dizaine d’années sur YouTube. Il se bat aussi avec un dénommé Yuri dans une voiture, donnant une scène complètement tirée par les cheveux. L’action ne s’arrête jamais. Et ça devient gênant. L’expression « ne pas faire la blague de trop » prend tout son sens. Malgré une large gamme de plans et d’excellents panoramas, Simon Astier se perd au niveau du montage final, où les scènes s’enchaînent beaucoup trop vite. Il y a pléthore d’effets spéciaux, la plupart étant de mauvaise facture.

C’est en partie voulu. On ressent une certaine volonté d’inscrire le film dans le même esprit que les vidéos originelles. C’est bien ça le problème. McWalter donne l’impression qu’il aurait dû sortir sur YouTube, à une autre époque, pour un public qui n’est pas celui du septième art. Le scénario est prévisible, voire enfantin. Cela n’enlève rien aux performances des acteurs. Géraldine Nakache assure dans son rôle de policière, affichant un sérieux presque risible. Vincent Dedienne joue la partition du grand méchant revanchard. Quant à Mister V, il est toujours aussi drôle, notamment au niveau de ses expressions faciales et de sa gestuelle très atypique. Mais n’aurait-il pas gagné davantage à camper un personnage plus sérieux pour son premier grand rôle dans le milieu du cinéma ? En incarnant McWalter, Mister V garde malheureusement l’image de « l’influenceur aux ambitions de cinéma ». Il est aussi difficile de l’imaginer ailleurs que dans une comédie, tant la quasi-totalité de ses rôles le tournent constamment en ridicule.

La note du Figaro  : 2/4


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Bande-annonce de McWalter  (2025)