Il y a des rencontres qui changent un destin. Celle de Jules Masat et de Jean-Loup Touron, patron de la poissonnerie de la Côte à La Valette-du-Var, en fait partie. L’histoire commence un peu par hasard, lors de la fête du vin et de la cuisine. Ce jour-là, les parents de Jules n’avaient pas trouvé de table. Ils l’envoient chercher des huîtres. Curieux, le garçon de 14 ans demande à voir comment on les ouvre, puis tente lui-même l’expérience. Plateau en main, il rejoint ses parents, laissant entrevoir une aisance inattendue.
Un stage de troisième dans la poissonnerie
« Très vite, on a vu qu’il était vif et dégourdi », se souvient Jean-Loup Touron. De fil en aiguille, Jules revient, discute avec l’artisan, puis propose de faire son stage de troisième dans la poissonnerie. Le directeur du collège, conscient que l’élève peine à s’épanouir dans le cadre scolaire classique, l’encourage à renouveler l’expérience. Ce sera le déclic.
À peine arrivé, le jeune apprenti se distingue. Là où d’autres passent des mois à nettoyer et ranger, lui maîtrise le couteau au bout de quinze jours. Lever un filet, ouvrir une huître, servir un client: tout l’intéresse. « Il n’est pas parfait, mais il donne tout pour progresser », sourit son maître d’apprentissage.
Son engagement est récompensé. En première année de CAP, Jules décide de tenter le concours du Meilleur apprenti de France, normalement réservé aux candidats plus avancés. Pari risqué, mais réussi. Médaille d’or départementale, médaille d’or régionale, puis deuxième place au national: un exploit qui surprend jusqu’aux professionnels aguerris. « Il a battu des bac pro, alors qu’il débutait », glisse son patron, admiratif.
Confiance et discipline
Au-delà des résultats, c’est une véritable relation de confiance qui s’est nouée. « Sa mère me dit souvent que je suis comme un deuxième père », confie Jean-Loup Touron. Car l’apprentissage a aussi transformé le quotidien du jeune homme, lui donnant confiance et discipline.
Toujours avide de progrès, Jules n’hésite pas à frapper aux portes des bouchers, traiteurs et restaurateurs pour affiner ses gestes. À peine une recette le déroute-t-elle qu’il va chercher conseil auprès des meilleurs. « Il devance, il se débrouille », résume Jean-Loup Touron.
La prochaine étape est déjà en ligne de mire: le Salon national de la poissonnerie, début octobre à Toulouse. Épreuves de filetage et de présentation sur plateau l’attendent. Une nouvelle occasion de montrer que la passion, alliée à la persévérance, peut mener loin.
À 16 ans, Jules Masat n’a pas seulement trouvé un métier. Il a trouvé une vocation.