Concentré, les sourcils froncés, Djamel suit le tracé du patron avec attention. Il pique, coupe et aligne les bouts de tissu. Dans l’atelier de couture 13 A’tipik, à La Blancarde (4e), les machines à coudre ronronnent. Sur une étagère, des dizaines de culottes noires, floquées d’un petit soleil, attendent les dernières finitions. Depuis juin dernier, cet atelier et chantier d’insertion lancé en 2011, confectionne « La culotte du Sud », une protection menstruelle pour aider les femmes en situation de grande vulnérabilité. « Personne n’est à l’abri. J’ai une mère, une fille et deux sœurs. C’est important d’aider ces personnes dans le besoin. Ça nous concerne tous, même nous les hommes », témoigne-t-il.

« Quand il faut choisir entre manger et se protéger, le choix est vite fait »

En France, une femme sur trois peine à se procurer des protections hygiéniques pendant la période des règles. Des personnes en situation de précarité et parfois des étudiantes.

« Quand il faut choisir entre manger et se protéger, le choix est vite fait », s’alarme Sahouda Maallem. « Notre culotte est 100% française et peut être utilisée entre 8 h et 12 h pendant 5 ans. L’avantage, c’est qu’elle permet de ne pas utiliser des produits toxiques et que sur le long terme, c’est beaucoup moins cher », précise fièrement la présidente de l’atelier.

À Marseille, 1 000 culottes distribuées dans des centres d’hébergement

Depuis le lancement du projet, 1 000 culottes ont été distribuées, en partenariat avec le Planning Familial, et des associations et centre d’hébergements comme l’Amicale du Nid, l’Accueil de Jour/Nuit, l’HPF (Hospitalité pour les femmes) et la Caravelle. « C’est un soulagement pour ces femmes. C’est un outil de respect de la dignité humaine », témoigne Christophe Magnan, directeur de la Caravelle. « Les femmes à la rue sont beaucoup moins visibles que les hommes. Pourtant, ça ne veut pas dire qu’il y en a moins. Et celles-ci sont particulièrement sujettes à cette précarité menstruelle, précarité avec laquelle, il faut en finir », complète Joëlle Giordano pour l’association Féminité Sans-abri, qui réalise des distributions régulièrement dans les rues de Marseille.