La CGT-Cheminots, premier syndicat de la SNCF, a appelé à « participer massivement » à la grève le 10 septembre, dénonçant le manque de considération de « la pénibilité du travail des cheminots » et « l’austérité budgétaire dans le secteur des transports ».

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Publié le 09/09/2025 11:03

Mis à jour le 09/09/2025 11:10

Temps de lecture : 8min

Des voyageurs à la gare Saint-Lazare, à Paris, le 26 juin 2025. (HENRIQUE CAMPOS / HANS LUCAS / AFP)

Des voyageurs à la gare Saint-Lazare, à Paris, le 26 juin 2025. (HENRIQUE CAMPOS / HANS LUCAS / AFP)

Comment le mouvement « Bloquons tout le 10 septembre » va-t-il se traduire sur le terrain ? Si des rassemblements se tiennent localement lors d’assemblées citoyennes pour tenter d’organiser la mobilisation, et que des échanges animent des boucles Telegram, difficile de prévoir l’ampleur des actions qui vont être menées. Franceinfo fait le point sur les cortèges attendus dans les rues, et les perturbations attendues dans les écoles ou encore les transports.

Quelque 100 000 manifestants attendus, selon une note des renseignements

L’ampleur du mouvement demeure floue. Une note des renseignements territoriaux, que franceinfo a pu consulter, estimait au 1er septembre à 100 000 le nombre de participants attendus pour la journée de mobilisation, avec « 38 manifestations (cortèges) annoncées ». Des chiffres à prendre avec précaution, l’organisation étant décentralisée, mouvante et en cours de construction. Toutefois, les renseignements relevaient que les projets les plus fréquemment évoqués concernent « des blocages de sites-axes stratégiques comme des dépôts pétroliers, des facultés, des axes routiers, des aéroports, des voies ferroviaires ».

Le site indignonsnous.fr a réalisé « une carte des groupes locaux et thématiques ». En plus de pots de départ de François Bayrou lundi, elle pointe pour mercredi des événements variés : une assemblée populaire à Bar-le-Duc (Meuse), une action visant une raffinerie TotalEnergies à Grandpuits (Seine-et-Marne), ou encore un rassemblement sur un rond-point à Riom (Puy-de-Dôme). Une carte sur un autre site recense dans tout l’Hexagone quelque 570 actions et organisations.

Certains manifestants pourraient viser des symboles de la consommation comme des centres commerciaux, des plateformes Amazon, note France 3 Bretagne, qui rapporte que « des dépôts pétroliers, notamment celui de Lorient », sont dans le viseur des manifestants. Dans la Creuse, la plus grosse action du département devrait être à l’échangeur de la Croisière, au croisement de la RN145 et de l’A20, à La Souterraine, a rapporté France 3 Nouvelle-Aquitaine. Le site rappelle qu’un barrage filtrant avait déjà été installé au même endroit lors du mouvement des « gilets jaunes ».

Dans l’Ouest, des manifestants ont annoncé des rassemblements mercredi matin dès 6 heures pour tenter de bloquer les rocades de Rennes (Ille-et-Vilaine) et Nantes (Loire-Atlantique). Des actions similaires ou des barrages filtrants sont également signalés dans les boucles de messagerie à Brest (Finistère), Vannes (Morbihan) ou à Caen (Calvados).

Des manifestations plus classiques sont aussi prévues, comme à Marseille (Bouches-du-Rhône), avec un départ à 10 heures depuis le quartier des Réformés, dans le centre-ville, rapporte France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur. Une manifestation est par ailleurs prévue à Nantes (Loire-Atlantique) dès 11 heures, à Paris, place du Châtelet, dès 13 heures ou encore à Toulouse à 14h30.

80 000 policiers et gendarmes mobilisés

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, ne croit pas à « des mouvements d’ampleur », mais a évoqué la possibilité « d’actions spectaculaires ». Il a demandé aux préfets d’entraver « toute tentative de blocage des infrastructures essentielles ». « Toute tentative de blocage des infrastructures essentielles à la vie de la Nation devra être entravée en amont et le cas échéant faire systématiquement l’objet d’un déblocage dans les délais les plus brefs », a ordonné le ministre de l’Intérieur.

Les forces de l’ordre devront intervenir sur tous les fronts, « gares, ports, aéroports, transports en commun, axes routiers structurants, les dépôts pétroliers, plateformes logistiques, les centrales électriques, les usines d’incinération de déchets ou les sites de traitement des eaux, ainsi que les principaux centres d’approvisionnement du pays tels que le marché d’intérêt national de Rungis ». Bruno Retailleau a estimé que « la mouvance d’extrême gauche, d’ultragauche, aidée par la CGT » allait « être à l’œuvre » mercredi. Quelque « 80 000 gendarmes et policiers » seront mobilisés, a-t-il annoncé lundi soir sur le plateau du « 20 heures » de France 2.

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur France 2 le 8 septembre 2025.

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sur France 2 le 8 septembre 2025.
(FRANCE 2)

3min

« On s’attend à des actions coups de poing (…) on se prépare à y répondre, y compris dans la nuit », a ajouté le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, mardi, sur BFMTV, évoquant « des actes de sabotage visant les transports publics ».

« La dernière cartouche qui reste au gouvernement, c’est de rendre impopulaires les mobilisations, c’est de faire peur », a commenté Sophie Binet, numéro un de la CGT, sur France 3. « Et c’est le discours que va tenter de faire monter Monsieur Retailleau en faisant passer celles et ceux qui se mobilisent pour des personnes violentes. »

Trafic légèrement perturbé dans les transports

Sur les rails, la CGT-Cheminots, premier syndicat de la SNCF, a appelé à « participer massivement » à la grève le 10 septembre. Le troisième syndicat de cheminots, SUD-Rail, a également appelé à faire grève. Mais la SNCF a finalement annoncé lundi que les TGV Inoui, Ouigo et internationaux circuleront « normalement » mercredi.

En Ile-de-France, la RATP a fait savoir lundi que le trafic serait « perturbé » sur le RER B, mais « quasi normal » pour les réseaux de métro et de bus. Il estime que les circulations du RER A et des tramways qu’il gère ne seront pas affectées. Le 10 septembre n’est pas une priorité pour les quatre principaux syndicats de la RATP – la CGT, Force ouvrière, Unsa-Mobilité et la CFE-CGC. Ils ont appelé à la grève le 18 septembre dans un communiqué commun. « Pourquoi tous les syndicats n’appellent pas tous au 10 ? », s’est agacé auprès de franceinfo un cheminot membre de SUD-Rail en Ile-de-France.

Dans les aéroports, des perturbations sont attendues. SUD Aérien, qui représente une petite partie du personnel du transport aérien, appelle à la grève et au blocage des aéroports, en rejoignant le mouvement national contre l’austérité. La CGT Air France prévoit pour sa part un appel à la grève les 10 et 18 septembre. Présent à la fois en région parisienne, mais aussi à Marseille et Toulouse, la mobilisation devrait être très suivie, selon les informations du service économie de France Télévisions, précisant qu’il est encore difficile d’imaginer le nombre de grévistes. En revanche, le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), première organisation de la profession, a déclaré qu’il n’appellerait pas à la grève.

Dans l’Education nationale, les syndicats appellent une « rentrée combative » et à « participer massivement »

La fédération CGT de la Fonction publique appelle les fonctionnaires à participer au mouvement. « Face au mépris et à l’austérité », la CGT Educ’action appelle à « une rentrée combative » avec ce mot d’ordre : « En grève dès le 10 septembre et construisons la suite. » De son côté, le syndicat d’enseignants SUD-Education appelle les personnels des écoles « à se mettre en grève dès le 10 septembre et participer massivement à toutes les initiatives ».

Quant à l’Unef, union syndicale étudiante, elle a aussi appelé à se mobiliser à partir du 10 septembre. « Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, on a quand même une précarité chez les étudiants qui ne fait qu’augmenter », a déploré Hania Hamidi, la secrétaire générale de la formation. « On doit prendre part à ce mouvement social, parce qu’on est les premiers et les premières concernés par le budget. On est quand même les futurs citoyens de la France », a estimé Sofia Tizaoui, la présidente de l’Union syndicale lycéenne (USL).