Plusieurs têtes de cochon, animal est considéré comme impur dans l’islam, ont été découvertes ce mardi 9 septembre au matin devant des mosquées de Paris et son agglomération. De sept au départ, leur chiffre est désormais «d’au moins neuf», selon les déclarations à la mi-journée du préfet de police de la capitale, Laurent Nuñez, qui dit ne pas exclure «qu’on en découvre d’autres».
Auprès de Libération, le parquet de Paris affirme que les premières têtes de porc ont été découvertes devant la mosquée de la rue Marey, dans le XXe arrondissement, devant une mosquée du XVe arrondissement, et dans une valise dans le XVIIIe arrondissement. «Sur l’un des lieux, le mot “Macron” a été peint en bleu», ajoute la même source. D’autres ont aussi été retrouvées devant des mosquées de proche banlieue, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), à Montrouge (Hauts-de-Seine), à Malakoff (Hauts-de-Seine) et à Gentilly (Val-de-Marne).
La brigade criminelle de la préfecture de police de Paris a été saisie d’une enquête pour «provocation à la haine aggravée par la discrimination en raison de l’appartenance à une race ou religion», fait savoir le parquet.
«On ne peut s’empêcher de faire des rapprochements avec des actions précédentes […] dont il a été avéré que c’étaient des actions d’ingérence étrangère», a souligné le préfet de Paris lors de son point presse, appelant toutefois à rester «très prudent».
Ces derniers mois, des étoiles de David et des mains rouges avaient été tagguées dans la capitale et sa proche banlieue, ainsi que des cercueils disposés sous la tour Eiffel. A chaque fois, des personnes originaires d’Europe de l’est avaient été interpellées, avec des suspensions de pilotage par Moscou.
Le ministre de l’Intérieur sortant, Bruno Retailleau, a d’abord fait part sur X «tout [s]on soutien aux responsables et aux fidèles des mosquées touchées par ces provocations insupportables. S’en prendre à des lieux de culte est d’une lâcheté insondable». Devant la presse, à l’issue d’une réunion des dirigeants de LR, il a ensuite abondé : «C’est l’indignation […] C’est absolument inadmissible […], j’espère qu’on retrouvera celles et ceux qui ont pu commettre cette sorte de profanation».
Philippe Goujon, maire LR du XVe arrondissement, a également dit sur X condamner «fermement cet acte inqualifiable», et apporter son «soutien à la communauté musulmane». De son côté, le député écolo Benjamin Lucas s’est indigné sur le même réseau social d’un acte «glaçant». «L’islamophobie gangrène la société, encouragée et amplifiée par le ministre démissionnaire de l’Intérieur et une galaxie médiatique dominée par l’extrême droite», a-t-il ajouté.
«Ça suffit !» a ensuite fustigé la maire de Paris, Anne Hidalgo, sur Instagram. «Face à ces ignobles agissements, la ville de Paris saisit la Justice», a-t-elle ajouté, tout en dénonçant des «actes racistes» et exprime «toute sa solidarité à la communauté musulmane».
Aurore Bergé, ministre sortante déléguée chargée de la Lutte contre les discriminations, s’est pour sa part entretenue avec le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, «pour exprimer la solidarité du gouvernement à l’égard de nos compatriotes musulmans après que six mosquées à Paris et en petite couronne ont fait l’objet d’actes abjects». Lui a ensuite dénoncé «une nouvelle et triste étape dans la montée de la haine antimusulmane». «La Grande Mosquée de Paris condamne avec la plus grande fermeté les actes islamophobes perpétrés cette nuit», qui «visent à diviser notre communauté nationale», a-t-il déploré dans un communiqué, appelant «à une prise de conscience et à une solidarité nationale contre cette trajectoire de péril».
Mise à jour : à 13 h 13, avec l’ajout des nouvelles déclarations du préfet de police de Paris.