« C’est la guerre ». La phrase, balancée avec un grand sourire ce mardi 9 septembre par un menuisier affairé à poser des planches de protection sur la vitrine d’un local commercial de la place de Bretagne, dans le centre de Rennes, est prononcée sur le ton de l’humour. Si le centre-ville de Rennes ne se prépare pas à la guerre, les enseignes qui y sont installées s’attendent tout de même à une rude journée, mercredi pour la journée de mobilisation du mouvement « Bloquons tout ».
Boulevard de la Liberté, place de Bretagne ou quai Lamennais, là où passent traditionnellement les cortèges de manifestants, les artisans multiplient les poses de ces panneaux en bois censés protéger les vitrines. C’est le cas de David Vauclair, gérant de la société AMDV Menuiseries, à Bédée. « On est sur le pont depuis 6 h 30 ce matin pour assurer toutes les commandes. On en a pour la journée. On a décalé tous nos plannings pour répondre à la demande. »
« Ça ne veut pas dire qu’on est contre le mouvement »
Lors des précédents mouvements sociaux, les assureurs, agences bancaires et immobilières ont été les plus touchées par les dégradations. Et prennent désormais les devants en vue de la journée de mobilisation de ce 10 septembre. « On a déjà eu notre vitrine brisée et on a été plusieurs mois dans le noir », pointe cette agence bancaire, qui a tenu à rester anonyme.
Une autre, quelques centaines de mètres plus loin, s’est elle aussi calfeutrée : « On a eu des gros dégâts pendant les manifestations contre la réforme des retraites, donc on est obligé de se protéger. Les banques et assurances sont les plus souvent visées. Ça ne veut pas dire qu’on est contre le mouvement, mais quand on est dans le centre-ville, on sait quel risque on prend et derrière, ce sont des gros frais pour nous. »
L’agence immobilière Blot, boulevard de la Liberté, s’est calfeutrée en vue de la mobilisation de ce mercredi. (Photo Le Télégramme / Romain Leroux)« Notre vitrine a déjà été fracassée deux fois »
Dans le même secteur, la gérante d’une agence immobilière s’est elle aussi protégée des potentielles dégradations. « Demain, personne ne viendra à l’agence, tout le monde sera en télétravail car on a peur que ça dégénère ». Elle aussi a été durement touchée ces dernières années. « Lors de la période des gilets jaunes, notre vitrine a été fracassée deux fois. La deuxième fois, ils ont réussi à rentrer dans l’agence. Tout notre mobilier et notre matériel informatique ont été balancés dans la rue et nos radiateurs ont été arrachés. » Et ensuite ? « On ne sait pas, mais on s’attend à rester barricadés longtemps ».