Le mouvement horizontal et sans leaders identifiés « Bloquons tout », qui appelle à des actions ce mercredi 10 septembre à Montpellier comme partout en France, réactive craintes et mauvais souvenirs chez certains commerçants montpelliérains.
« C’est l’incertitude la plus totale. Le fait qu’il n’y ait aucune organisation syndicale à la manœuvre ne nous rassure pas vraiment. Disons que l’on se tient prêt, mais on ne sait pas à quoi… » Drôle de sentiment dans les rangs des commerçants montpelliérains, à la veille de la première grande mobilisation du mouvement « Bloquons tout », ce mercredi 10 septembre.
Dans la Grand-Rue Jean-Moulin, on ne veut pas céder à la psychose face au risque hypothétique de débordements, en marge du rassemblement prévu à 11 h place de la Comédie. Mais on prend quand même quelques dispositions. « On a sensibilisé nos équipes, pour qu’elles soient réactives et ferment temporairement les portes du magasin en cas de problème, indique une directrice de boutique. Mais on n’est pas plus inquiets que ça. Calfeutrer la vitrine n’a jamais été un sujet pour nous, puisqu’on n’a jamais été pris pour cible auparavant ».
Le « souvenir des gilets jaunes »
D’autres sont un peu moins sereins. « Le souvenir des gilets jaunes ne s’est pas effacé », glisse un commerçant du centre-ville au moment de lever sa grille. Sur la devanture d’une boutique de téléphonie du centre commercial du Triangle, de grands panneaux de bois ont fait leur apparition. Et certains cafetiers et restaurateurs de la place de la Comédie ne cachent pas leur inquiétude.
« Les restaurants sont rarement visés directement, mais c’est surtout la crainte que notre mobilier ne soit utilisé si ça dégénère. On va dresser les tables un peu différemment et laisser les parasols fermés, au cas où. Et on acceptera les paiements par carte bancaire, car nos clients sont prioritaires, détaille, sous couvert d’anonymat, un restaurateur, faisant référence au mot d’ordre lancé par le mouvement de ne pas utiliser ce moyen de paiement mercredi. On s’est même interrogés sur l’emploi d’un service de sécurité privé, mais je pense que cela serait contreproductif en cas de problème grave. On va compter sur les pouvoirs publics et la présence policière ! »
D’autres, à l’instar de la Halle Tropisme et de son café, dans le secteur du parc Montcalm, ont décidé de soutenir le mouvement « Bloquons tout ». « En solidarité des mobilisations à venir, le Café Tropisme n’ouvrira pas ses portes le 10 septembre. Nous rejoignons ceux qui défendent une approche globale pour résoudre les crises actuelles. Une approche qui intègre pleinement les questions de partage équitable de la valeur, de justice sociale, de protection de tous tout au long de la vie et de respect du vivant non humain », peut-on lire sur leurs réseaux sociaux.
« Éviter les blocages »
Le préfet de l’Hérault, Francois Xavier Lauch, s’est refusé ce mardi à détailler les effectifs de police qui seront mobilisés pour encadrer les manifestations « Bloquons tout ». Manifestations qui n’ont fait l’objet d’aucune déclaration préalable en préfecture, « et je le regrette. Je suis très attaché à cette procédure. Mais ce que je peux dire, c’est que nous ferons le nécessaire pour éviter les blocages ». Des actions sont notamment annoncées du côté du rond-point des Prés d’Arènes, sur l’autoroute A709 ou à l’université Paul-Valéry.