Les employés de la boutique SFR place du Commerce commence à avoir l’habitude. De l’extérieur, le magasin de téléphonie est reconnaissable à de grandes plaques en bois hissées et plaquées contre les vitres installées, en prévision d’une journée de mercredi qui s’annonce riche en rassemblements.
L’appel à la mobilisation du 10 septembre lancé par le collectif « Bloquons tout », érigée dans le but de « paralyser » la France, n’épargne pas Nantes, adepte des rassemblements en tout genre. Dès 6 heures du matin, plusieurs points stratégiques seront bloqués, notamment le rond-point de la Janvraie (pont de Cheviré), le Cardo, le rond-point de la Prairie-de-Mauves et la place Rosa-Parks (quartier Malakoff). Un « village revendicatif » sera installé place Graslin dès 8 heures, tandis que la CGT invite les travailleurs de la culture et du commerce à se rassembler dès 11 heures place du Commerce.
Un air de déjà-vu
On aurait pu s’attendre à davantage de barricades dans la cité des ducs, mais quelques grosses enseignes prennent tout de même leurs précautions en vue de potentiels débordements. Ces deux employés du géant de la téléphonie ne souviennent notamment de la période des « gilets jaunes » où « 250 personnes sont entrées dans la boutique », faisant « plusieurs milliers d’euros de préjudice ». Ces immenses planches « feront l’affaire », indique l’un d’eux, qui ne préfèrent pas donner plus d’informations par peur « des représailles ». Ce mardi soir, l’entrée du magasin sera fermée avec la grille habituelle.
Leurs concurrents ont eu le même réflexe : la boutique de l’opérateur Orange située au croisement de la place de l’Ecluse et du Cours des 50 otages a dressé des barricades massives le long de ses vitrines. « Ici, on travaille tous les jours même pendant les manifestations », lâche un conseiller de vente qui indique que ces mesures sont des directives à suivre même si la boutique n’a jamais eu de problèmes avec des casseurs.
Plus loin, d’autres commerçants tempèrent et indiquent ne pas s’être préparés à de potentiels débordements. La journée du 18 septembre, la semaine prochaine, sera peut-être plus propice aux mesures de prévention pour les enseignes.
Aucune violence tolérée
François Bayrou, qui a remis sa démission à Emmanuel Macron ce mardi, a affirmé sur Brut que « tous les moyens » étaient « mobilisés » pour « éviter les violences ». Quelque « 80.000 gendarmes et policiers » seront sur le pont pour éviter tout débordement dans le cadre du mouvement social, a annoncé de son côté le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau. « On ne tolérera aucun blocage, aucune violence, aucune action évidemment de boycott », a-t-il affirmé sur France 2 lundi soir.
En réponse, le premier secrétaire du Parti Socialiste (PS), Olivier Faure, a indiqué que « le gouvernement cherche à faire monter une forme de pression sur le mouvement, à expliquer qu’il peut déjà être violent ». Et d’ajouter que toute violence qui serait « exercée le 10 ne servirait pas la cause que nous défendons ensemble ».