L’ancien Premier ministre défend la nomination d’une personnalité chargée de réunir l’ensemble des chefs de parti représentés à l’Assemblée « pour s’entendre sur un accord ».

lire plus tard

Pour sauvegarder cet article, connectez-vous ou créez un compte franceinfo

Sans paiement. Sans abonnement.

Fermer la fenêtre d’activation des notifications France Info

créer votre compte

se connecter

Fermer la fenêtre de présentation

Publié le 09/09/2025 18:01

Temps de lecture : 6min

Gabriel Attal prononce un discours à l'Assemblée nationale lors du vote de confiance envers François Bayrou, à Paris le 8 septembre. (BERTRAND GUAY / AFP)

Gabriel Attal prononce un discours à l’Assemblée nationale lors du vote de confiance envers François Bayrou, à Paris le 8 septembre. (BERTRAND GUAY / AFP)

Comment débloquer une situation politique aussi complexe ? Après la chute du gouvernement Bayrou, chacun tente de trouver un chemin, voire la solution miracle. Mardi 9 septembre, Gabriel Attal avance l’idée d’un négociateur qui n’aurait pas vocation à devenir Premier ministre. Il en précise la mission dans une interview au Parisien. « Il serait chargé de réunir (…) l’ensemble des chefs de parti représentés à l’Assemblée vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept pour s’entendre sur un accord », explique le président du groupe Ensemble pour la République (EPR). L’ancien Premier ministre semble s’inspirer de l’exemple de la Belgique, pays qui est habitué à l’instabilité politique.

Depuis 1935, le roi peut y nommer une personne, un informateur, dont « le rôle est de [lui] faire rapport de la situation socio-politique du pays, et notamment de l’informer sur les coalitions susceptibles d’être formées entre les partis », explique le site internet du Centre de recherche et d’information socio-politiques, organisme indépendant qui étudie la vie politique belge.

Interrogé sur le profil qu’il souhaiterait, Gabriel Attal plaide pour « une figure consensuelle », issue « du monde syndical ou associatif ». Le nom de Laurent Berger, ancien secrétaire national de la CFDT, était souvent cité lundi dans les couloirs de l’Assemblée nationale. Ce n’est pas une idée nouvelle puisque le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure la proposait en décembre 2024 après la chute de Michel Barnier et appelait sur franceinfo Emmanuel Macron à nommer un « préfigurateur ».

L’initiative du patron de Renaissance était relayée dès lundi par ses troupes. « La question n’est pas de savoir ce que va faire Emmanuel Macron et qui il va nommer comme Premier ministre. Mais de savoir quand les députés vont changer d’état d’esprit et accepter de travailler ensemble », commente Prisca Thevenot, députée EPR des Hauts-de-Seine. Dans ce cadre, les élus macronistes seraient prêts à effectuer le premier pas. « Il faut que toutes les forces soient prêtes au compromis, y compris nous-mêmes, sur des sujets sur lesquels nous étions fermés. La main est tendue », ajoute Pieyre-Alexandre Anglade, président EPR de la Commission des affaires européennes.

Dans l’esprit de Gabriel Attal, il s’agit de réunir tous les groupes politiques présents à l’Assemblée nationale, même s’il anticipe que le RN et LFI « s’auto-excluront de fait ». Marine Le Pen a tout de suite fermé la porte. « L’idée de nommer un négociateur, c’est absolument n’importe quoi », déclarait-elle à son arrivée à l’Assemblée nationale. L’initiative a aussi essuyé un refus de la part des écologistes. « L’été dernier, nous aurions eu le temps d’essayer quelque chose de nouveau, de prendre le temps », regrette Cyrielle Chatelain, présidente du groupe, à franceinfo. « Là, il y a un enjeu à stabiliser les choses rapidement et que la personne qui discute ait toute la légitimité à le faire. La seule personne pouvant le faire aujourd’hui est le Premier ministre. »

Mais en prêchant une forme d’œcuménisme, c’est avant tout aux députés socialistes que s’adresse Gabriel Attal. Même s’ils ont été un peu surpris du ton vindicatif du discours de Boris Vallaud (PS), lundi à l’Assemblée lors du débat sur le vote de confiance à François Bayrou, les députés macronistes estiment que seule une entente avec le PS peut permettre d’éviter une dissolution. Pour l’heure, il n’est pas question de changer de discours officiel du côté des socialistes. Ils réclament Matignon. « Le meilleur négociateur qu’on connaisse, c’est un Premier ministre de gauche », ironise le sénateur PS Alexandre Ouizille. « Le boulot d’un Premier ministre, c’est de discuter avec les groupes, de tenter de trouver des majorités, de rassembler. Ce que propose Gabriel Attal, c’est un doublon. » 

Du côté de la droite, la question de la nomination d’un éventuel négociateur a été discutée lors du comité stratégique LR. Mais l’initiative ne déchaîne guère l’enthousiasme au sein des troupes de Bruno Retailleau. « On dit qu’il faut un Premier ministre très rapidement si on veut éviter une crise de régime », cingle la porte-parole des LR, Agnès Evren.

« On n’a pas besoin d’un préfigurateur ou d’un négociateur. On a besoin d’un Premier ministre. »

Agnès Evren, porte-parole de LR

à franceinfo

Le principal argument contre la proposition du patron de Renaissance ne porte donc pas sur le principe, mais sur sa mise en œuvre. Elle prendrait trop de temps pour se mettre en place. C’est pourquoi Gabriel Attal s’empresse de préciser que les réunions pourraient commencer dès mardi et qu’il fixe un calendrier de « trois à quatre semaines ». Cela correspond au calendrier budgétaire fixé par la Constitution. Le budget doit être présenté d’ici au 15 octobre. « C’est malin de se donner un peu de temps », abonde dans ce sens un député du parti.

Est-ce compatible avec la volonté d’Emmanuel Macron qui souhaite aller rapidement ? A l’Elysée, on observe avec circonspection et prudence la proposition de l’ancien Premier ministre. « On se réjouit évidemment que Gabriel Attal reprenne les termes de la lettre du président de juillet 2024 qui demandait aux partis de travailler ensemble. Comme quoi, il ne faut jamais désespérer », commente-t-on du côté du palais présidentiel dans un constat teinté d’ironie. « Franchement, c’est une bonne idée, car il faut changer de méthode, mais je ne crois pas que le président parte sur cette solution », regrette le député EPR cité précédemment.