Par

Jean-Marc Aubert

Publié le

9 sept. 2025 à 16h54

En cette rentrée agitée sur le front social, inédite en France, le Medef fait l’actualité : ce mercredi 10 septembre 2025, au Domaine des Grands Chais à Mauguio, la Rencontre des Entrepreneurs de France du Medef Hérault Montpellier, présidée par Jean-Marc Oluski va réunir un millier d’acteurs du monde économique et financier. C’est la quatrième édition en marge des élections municipales 2026 et celles des élections à la CCI en 2027.

Une rencontre avec la presse a précédé la semaine dernière ce rendez-vous melgorien, avec Samuel Hervé, 53 ans, chef d’entreprise montpelliérain de la société Akté Services, une entreprise de restauration collective qu’il a fondée en 2008, actuellement à la tête du Medef Occitanie, alors que se profile les manifestations de mécontentement « Le 10 septembre, bloquons tout » et en amont de la démission de François Bayrou, ce lundi 8 septembre. Pour lui, « le sujet, ce n’est pas ce mouvement national, mais la notation souveraine du pays par l’agence Fitch, ce vendredi 12 septembre. L’État français est-il encore crédible aux yeux des marchés financiers, en pleine période d’instabilité ici, alors que l’Allemagne injecte 400 Md€ dans son économie ?. Et de s’interroger : « les patrons doivent-ils encore avoir confiance et investir ? »

Face aux droits de douane américains de 15 %, Samuel Hervé se prononce « pour une réorientation d’une partie des flux économiques régionaux, viticulture, aéronautique vers l’Asie, le Canada ou l’Amérique du Sud ». Comme le Medef national, le Montpelliérain lance un appel au patronat : il faut reprendre la bataille des idées. Le 25 septembre, le conseil d’administration du Medef Occitanie sera délocalisé à Bruxelles, pour décrypter l’Europe, aller chercher des financements et travailler sur les normes. Je rappelle que 80 % des lois sont des transpositions de directives européennes, et que Bruxelles est une terre de lobbying. WWF y compte 80 lobbyistes, le Medef national, 16″.

Samuel Hervé s’inscrit bien sûr dans la ligne du président national, Patrick Martin, qui, fin août a regretté que, « dépité par la tournure du débat public, court-termiste et tactique, je veux lui redonner de la profondeur, tout en cultivant pragmatisme et réalisme. On tourne en rond, il nous faut un récit ».

« Le chef Charles Fontès de la Réserve Rimbaud à Montpellier est contraint de fermer son restaurant gastronomique tous les week-ends faute de trouver du personnel, pour la salle et en cuisine. Cette situation dure depuis deux ans ».

Samuel Hervé
Président du Medef Occitanie

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Pour poursuivre dans son exposé, Samuel Hervé a présenté l’épais pavé -50 pages- réalisé par de nombreux auteurs, dont Patrick Martin justement, « Le Nouveau Consensus européen et le contretemps français » au Grand Continent édité le 29 août dernier. Une centaine d’experts, d’universitaires et de chefs d’entreprise ont signé « cette pièce de doctrine pour provoquer un sursaut », avec 35 recommandations du Front économique, dénonçant vingt ans d’alerte sans s’apercevoir de la crise profonde. Avec un crédo pour un premier renversement souhaité : produire et innover plus.

Samuel Hervé a insisté lors de cette rencontre avec la presse d’ici : « On veut pouvoir enfin être entendus ». Un constat inquiétant : « les gens dépensent moins et selon la Fédération des Banques de France, dont celles du Languedoc, le niveau des trésoreries des entreprises, y compris celles ayant pignon sur rue ici, est revenu à la période de l’après Covid. Les dirigeants d’entreprise ont peur d’investir ».

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Le président du Medef Occitanie a apporté ce témoignage du président des commerçants d’Agde : « Depuis ces dernières semaines, tous les clients d’hôtels, de restaurants, de campings et autres établissements, surtout des étrangers, ont annulé leurs réservations en raison du mouvement Bloquons tout de ce 10 septembre ». Et le renversement du gouvernement Bayrou ne va pas arranger la situation.

Samuel Hervé a évoqué un autre problème qui frappe de plein fouet l’Hérault, mais aussi l’Occitanie, les chefs de restaurants : le manque de main d’oeuvre, citant l’exemple de La Réserve Rimbaud, à Montpellier de l’incontournable étoilé Charles Fontès : « Il est contraint de fermer son restaurant gastronomique tous les week-ends faute de trouver du personnel, pour la salle et en cuisine. Cette situation dure depuis deux ans ». Un paradoxe alors que les annonces de recrutement sont légion.

Insécurité économique

« Une insécurité économique évidente inquiétante, alors même que la cote de confiance de chefs d’entreprise est élevée auprès des Français, selon des sondages. Mais ces derniers souhaitent que ces dirigeants prennent la parole de plus en plus souvent et dès lors, il y a une perte de confiance. Regardez les infos des JT et les débats télévisés, ou à la radio, on ne voit quasiment jamais un chef d’entreprise qui est invité, c’est désolant et les citoyens le voient bien », assure Samuel Hervé, qui prépare son périple à Bruxelles.

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