Publié le
9 sept. 2025 à 15h50
À l’occasion de leur point presse de rentrée, le président de la Chambre d’agriculture de Bretagne, Laurent Kerlir, et son vice-président Jean-Alain Divanac’h, ont affiché leurs inquiétudes. Le constat est clair : les défis s’accumulent pour les agriculteurs, dans un contexte politique instable qui interroge sur la pérennité des mesures votées.
Dérèglement climatique
« Le dérèglement climatique est bien là, on a eu de fortes températures très tôt, ce qui a provoqué un déficit hydrique », a rappelé Laurent Kerlir. Si les cultures d’hiver ont été épargnées, la production fourragère et le maïs ont fortement souffert. « La production a baissé de 50 % par endroits », a-t-il précisé, soulignant aussi les difficultés liées à la gestion de l’eau et aux coups de chaleur dans les bâtiments d’élevage.
Cette question du dérèglement climatique nous oblige à nous adapter et à anticiper.
Laurent Kerlir,président de la chambre d’agriculture de Bretagne
Épizooties et biosécurité : un enjeu crucial
La fièvre catarrhale ovine (FCO) reste une préoccupation majeure : « À ce jour, 2 400 troupeaux sont officiellement touchés, essentiellement par la FCO 8 et la FCO 3 dans l’est de la région », a alerté le président. Avec des impacts directs sur la mortalité ovine, la fertilité des béliers et la production laitière bovine dont les conséquences seront à plus long terme, il appelle à la vaccination : « Notre leitmotiv, c’est vaccinons. Aujourd’hui, on a les vaccins à disposition. »
La biosécurité reste une priorité. Et les investissements sont majeurs dans nos élevages.
Laurent Kerlir
Vidéos : en ce moment sur ActuFilières agricoles fragilisées
Jean-Alain Divanac’h a insisté sur les tensions économiques : « Le prix du blé est à environ 160 € la tonne, alors que les charges, notamment d’engrais, sont plus élevées. » Si la conjoncture est meilleure dans certaines productions animales, les filières restent exposées à la concurrence étrangère. « En porc, le différentiel est de 0,20 € par kilo avec l’Espagne. Comment tenir avec des élevages de 280 truies en Bretagne contre 1 200 en Espagne ? » s’est-il interrogé. La volaille n’est pas épargnée : les importations massives fragilisent les abattoirs bretons, qui tournent à – 20 %.
La situation financière des exploitations s’est améliorée.
Jean-Alain Divanac’h,vice-président de la chambre d’agriculture
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Une instabilité politique et européenne préoccupante
Sur le plan législatif, les élus soulignent leurs attentes. « La loi d’orientation agricole a reconnu la souveraineté alimentaire comme priorité, mais nous espérons qu’elle ne sera pas remise en cause par le prochain gouvernement », a affirmé Laurent Kerlir.
La loi Duplomb, notamment sur les ICPE, est jugée essentielle pour faciliter les procédures, « sans remettre en cause les normes environnementales », a complété Jean-Alain Divanac’h.
L’instabilité européenne pèse également : la révision de la PAC, avec des coupes budgétaires annoncées de 25 %, inquiète fortement. « Nous sommes surpris par ces propositions. La filière viande bovine, très dépendante, serait particulièrement impactée », a averti Laurent Kerlir.
La question n’est pas de remettre en cause les normes environnementales mais de revoir les procédures qui sont trop lourdes.
Jean-Alain Divanac’h
« Accompagner l’agriculture bretonne »
Malgré ces incertitudes, les élus veulent rester mobilisés : « On est en ordre de marche côté Chambre d’agriculture. Notre projet stratégique est écrit pour accompagner l’agriculture bretonne », a conclu le président.
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