Depuis plusieurs semaines, le mouvement Bloquons Tout appelle à bloquer l’économie grâce aux blocages routiers et aux grèves. Deux jours après la démission du Premier ministre François Bayrou, les différents secteurs de la jeunesse et du monde du travail vont entrer dans la bataille. À Rennes, une manifestation est prévue à partir de 11h30 à République, mais d’autres actions sont prévues tout au long de la journée. La manifestation sera suivie d’un repas (gratuit) au BAM.

La jeunesse et le mouvement étudiant avec Bloquons Tout et les travailleurs

Ces derniers jours, les assemblées générales de Rennes 1, de l’INSA, de Sciences Po et de Rennes 2 ont voté le soutien au mouvement Bloquons Tout. A Rennes 2, le matin du 10, un rassemblement est prévu devant la faculté pour les volontaires qui voudraient renforcer les points de blocages de la ville. Une partie des étudiants ira participer aux blocages à Henri Fréville et à Via Silva. À Rennes 1, des étudiants se joindront au blocage à Via Silva avant un départ collectif vers la manifestation (rendez-vous à 11h00 devant le bâtiment 2A du campus de Beaulieu).

Différents campus ont déjà prévu une répression administrative en fermant les lieux d’études le 10, pour empêcher les étudiants de se rejoindre et de s’organiser. A Sciences Po Rennes, les étudiants ont reçu un e-mail expliquant le possible retour des vigiles à l’entrée de l’école : « Un mouvement social est annoncé cette semaine. Dans ce contexte, des contrôles d’accès sont susceptibles d’avoir lieu à l’entrée de l’établissement. » Sur le campus de Droit et Sciences politiques de Rennes 1, la direction défend que : « nous sommes amenés à fermer administrativement la Faculté ce mercredi 10 septembre […] l’ensemble des activités pédagogiques basculeront en distanciel. » De son côté, la présidence de Rennes 2 annonce que « la direction de l’université a pris la décision de fermer les campus de Villejean et de La Harpe » pour empêcher la mobilisation du 10 septembre.

Il est probable que les lycéens et les lycéennes de Rennes et des alentours se mobilisent le 10 septembre. En plus du contexte de crise politique que connaît la Vème République, la mise au pas de la jeunesse est une motivation supplémentaire pour se mobiliser. Elle se voit notamment à travers le renforcement des contrôles policiers à l’entrée des lycées rennais ces derniers mois, par exemple au lycée Jean Macé.. A 11h30, un cortège étudiant et lycéen prendra part à la manifestation du 10, à Place de Bretagne. Mais le personnel l’éducation s’organise également, avec une AG après la manifestation, à 15h à l’INSPE.

Dans le monde du travail, la mobilisation s’annonce forte dans la santé

La santé va être un des principaux secteurs du monde du travail mobilisés le 10 septembre à Rennes. Dans le secteur hospitalier, qui est le premier employeur de la ville, deux rassemblements sont prévus mercredi. Devant l’hôpital Guillaume Régnier, les travailleurs et travailleuses de la santé organisent un piquet de grève et une assemblée de 10h à 15h, tandis que les syndicats Sud, CGT et FO du CHU de Rennes appellent à un rassemblement à 13h devant la Chambre de Commerce et de l’Industrie, contre « les attaques sur nos droits (arrêts maladies, congés payés, chômage, retraite) ! ».

A Rennes 2, l’assemblée générale des étudiants et du personnel a voté l’envoi d’une délégation au piquet de grève de l’hôpital Guillaume Régnier, en soutien aux travailleurs de la santé en grève.

Devant Askoria, l’école de travail social, un rassemblement est prévu mercredi à 8h15, avant la manifestation. L’ensemble des travailleurs et travailleuses du social et du soin sont invités à participer à une AG aux ateliers du vent à 14h.

Des travailleurs d’autres secteurs aimeraient participer à la date du 10 septembre

Lundi soir, présents sur la place de la mairie à Rennes pour fêter la démission de François Bayrou, des travailleurs d’autres secteurs ont exprimé le désir de participer à la bataille du 10 septembre.

Martin, travailleur au Leclerc de Vern-sur-Seiche, à côté de Rennes, regrette que ses collègues ne puissent pas se mettre en grève le 10. Au micro de Révolution Permanente, il explique que les raisons de se mobiliser ne manquent pas. « J’ai déjà eu des collègues qui m’ont parlé de nationaliser la grande distribution. » La principale difficulté, c’est « l’impossibilité de joindre les deux bouts. […] Pour des raisons matérielles et économiques, ils ont peur de sauter le pas. »

Il déplore la passivité de certains délégués syndicaux qu’il a connu dans la distribution. « Malheureusement, les syndicats, les seules fois où j’ai eu affaire à eux, j’ai pas pu leur faire confiance […] J’ai eu une déléguée syndicale dans une boîte qui n’appelait à aucun combat, elle n’essayait jamais de discuter pour savoir ce qui allait mal. »

Après la chute de Bayrou, Camille, employée à Biocoop espère voir Macron tomber « dès que possible. » Mais en attendant, les candidats pour Matignon sont peu réjouissants. La possibilité de voir le Rassemblement National au pouvoir l’inquiète. C’est pourquoi il faut « résister, et continuer à gueuler, pour faire entendre la voix du peuple. » Proche de LFI, elle estime qu’avec un gouvernement socialiste « on serait sur un statu quo, ce serait du Macron. »

Cuisinier dans la restauration collective, Martin se mobilise contre « cette caste d’ultra-riches qui gouvernent ». Le travailleur de 23 ans non-syndiqué cite les législatives, la loi Duplomb, plein de fois où « le peuple parle » sans être écouté. Il se mobilisera le 10 septembre, parce que « bloquer tout, ça veut dire rappeler qui décide, tenir tête. »

Participons au 10 pour construire le 18

Ces témoignages montrent une réelle envie de se battre contre les offensives austéritaires, contre la précarité étudiante, et contre les institutions antidémocratiques de la Vème République, plus en crise que jamais.

Pour frapper fort, la jeunesse lycéenne et étudiante doit se jeter dans la bataille aux côtés du monde du travail, des ouvriers et des ouvrières, et cela commence par soutenir le piquet de grève de l’hôpital Guillaume Régnier à Rennes mercredi. Cette dynamique d’alliance entre étudiants et travailleurs doit s’élargir à tout le mouvement étudiant.

Le 10 est une occasion de réaliser une démonstration de force, et de préparer la date de mobilisation du 18 septembre, avec encore plus de secteurs du monde du travail en grève, et d’étudiants mobilisés, en vue d’une grève générale politique et nationale. Sans attendre, nous appelons l’ensemble du mouvement à se rendre aux AG qui suivront le 10. À Rennes 1, l’AG des étudiants aura lieu du jeudi 11 à 12h devant le bâtiment 2A, et une AG du personnel aura lieu le mardi 16 dans l’amphi E du même bâtiment.