Concerts, spectacles musicaux, performances, rencontres, ateliers, soirées clubbing… Pour sa 43e édition, il a imaginé des rendez-vous toujours plus originaux, pour les couche-tard comme les lève-tôt, pour les mélomanes et les néophytes, et ce, dès le berceau. Du 19 septembre au 5 octobre, le festival Musica mettra Strasbourg au diapason, en orchestrant une programmation éclectique.
Avec la volonté, toujours, de rendre accessible la création musicale et les musiques contemporaines au plus grand nombre, Musica offre, pour sa 43e édition, une belle programmation musicale. Cette année, elle sera déclinée en une quarantaine de projets artistiques qui trouveront chacun leur public.
Le tout : éparpillé entre différentes structures partenaires de la ville !
L’écharpe du festival Musica. © Page Facebook de Musica / Documents remis
Centre névralgique et « cœur vivant » de cette édition : la Manufacture des Tabacs, où le festival installera son QG et sa billetterie, et programmera plusieurs dates – en partie à Karmen Camina, avec qui Musica s’associe pour des concerts et afters.
Toujours à la Manufacture, le festival y organisera par ailleurs sa clôture – le samedi 4 octobre –, dont il confie la direction aux élèves de la HEAR (Haute école des arts du Rhin), pour une journée ponctuée de concerts, performances, expositions et ateliers.
Prenez-en bonne note. En attendant : les festivités commencent en fanfare dès le vendredi 19 septembre.
Karmen Camina. © Bastien Pietronave / Pokaa
© Maison Monnot / Document remis
Musica – court extrait
S’il serait bien ambitieux de présenter ici l’entièreté de sa riche programmation (disponible ici), accordons nos violons et tentons de la résumer. À l’affiche ? 10 créations mondiales et 15 créations françaises, et une belle part laissée au théâtre musical qui fait partie prenante de « l’ADN de Musica depuis son origine ».
Ensuite : une « Prospective Québec/Canada », un focus sur la scène canadienne et québécoise monté en collaboration avec Le Vivier (pôle de création montréalais), avec l’invitation – entre autres – de l’ensemble à percussions Sixtrum, le Quatuor Bozzini, la compositrice Nicole Lizée, et la carte blanche confiée au « palpitant » festival québécois MUTEK. Celui-ci s’installera le temps d’une nuit au Karmen, en compagnie de Lesley Flanigan, Tristan Perich, Guillaume & the Coutu-Dumonts et Data Plan.
Aussi, comme l’évoque la DA de cette édition – subtilement brodée de napperons –, se tissera en toile de fond dans la programmation un « nouveau folklore ». Plusieurs projets useront ainsi d’instruments ou de motifs musicaux dits « traditionnels », ou mettront en avant des « modes de création et de transmission fondés sur l’oralité pour faire naître des sonorités nouvelles ».
Non par nostalgie, mais plutôt dans une volonté de la création contemporaine de « prendre en compte des territoires, des communautés qui les habitent et des relations que la musique permet de tisser entre eux ».
« Último Helecho » de Nina Laisné. © Nina Laisné / Document remis
On peut ainsi citer Le Kronos Quartet – quatuor à cordes basé à San Francisco – qui fait son retour au festival, 30 ans plus tard et en deux rendez-vous. L’un nous entraînant sur les traces du folklore norvégien avec Elja (en collaboration avec Benedicte Maurseth et Kristine Tjøgersen). L’autre – plus engagé –, réunissant des œuvres de Neil Young, Nina Simone, Terry Riley et Steve Reich pour nous parler du monde, avec A World we live in.
Ou encore Último helecho, du 1er au 3 octobre [et que nous t’avions présenté ici, ndlr]. Un spectacle qui retourne sur les cultures autochtones, « au son des sacqueboutes, wacrapuco ou sachaguitarra », (re)mises en musique et mouvement par le chorégraphe et chanteur François Chaignaud, et la chanteuse, compositrice, autrice et spécialiste des musiques folkloriques contemporaines argentines Nadia Larcher.
« Último Helecho » de Nina Laisné. © Nina Laisné / Document remis
Pour le reste, voilà une sélection de quelques coups de cœur, qui ont su toucher notre corde sensible :
Nos coups de cœur
« Eternal Dawn » : le futur, c’est ici et maintenant
Une « aube éternelle » s’apprête à se lever au Maillon, les vendredi 19, samedi 20 et dimanche 21 septembre (à 19h)… Puisque le théâtre strasbourgeois – en collaboration avec Musica – accueillera le nouveau spectacle d’Alexander Schubert : Eternal Dawn, en ouverture du festival.
« Eternal Dawn » d’Alexander Schubert. © Alexander Schubert / Document remis
« Asterism » d’Alexander Schubert, présenté avec Musica au Maillon en 2021. © Thaïs Breton / Document remis
Une curiosité encore en cours de création, qui promet d’être spectaculaire. Comme l’était déjà la précédente proposition de son compositeur et metteur en scène – invité en 2021 par Musica – : Asterism. Une installation sylvestre immersive dans laquelle le public strasbourgeois s’était vu plonger pendant 35h.
Eternal Dawn nous propulsera une nouvelle fois dans le futur, dans un monde toujours plus technologique, post-humaniste. Sur scène : une atmosphère tout droit sortie de la science-fiction, des instruments futuristes, des musicien(ne)s/cyborgs qui se voient greffer des prothèses robotiques.
« Asterism » d’Alexander Schubert, présenté avec Musica au Maillon en 2021. © Christophe Urbain / Documents remis
Aux commandes ? Le Decoder Ensemble et une équipe artistique et scientifique pluridisciplinaire. Avec en bout de chaîne : une réflexion sur le transhumanisme, et plus largement, « sur les relations entre musique, technologies et identités contemporaines » que mène l’artiste allemand depuis plusieurs années.
L’occasion de glisser, aussi, le colloque international parlant de « Musique et IA » qui se tiendra à la MISHA et à la Cité de la musique et de la danse, les 25 et 26 septembre.
« Asterism » d’Alexander Schubert, présenté avec Musica au Maillon en 2021. © Christophe Urbain / Document remis
« Blue Velvet » et velours rouge : Lynch à l’Opéra
Qui n’a jamais été saisi par les premières notes du générique de Twin Peaks (écrit par Angelo Badalamenti), du thème d’Elephant Man composé par John Morris (Oscar de la meilleure musique de film) ?
Ou d’In Dreams de Roy Orbison, qui habite Blue Velvet et qui donne le nom de cette visite toute en musique, dans l’univers fou et onirique de David Lynch (In Dreams : David Lynch revisited) ?
Le vendredi 19 septembre, le festival Musica rendra hommage à ce cinéaste de génie, disparu cette année, et mélomane averti (également interprète, chanteur, producteur, créateur et designer sonore) qui composait ses images de concert avec le son, la musique.
Un concert exceptionnel, qui fera vibrer la scène de l’Opéra sur les notes de ses plus célèbres bandes originales, comme des « titres lynchiens » de David Bowie, Chris Isaak ou Jimmy Scott.
Pour les interpréter, un « casting de rêve issu de la scène rock indé », nous dit-on : d’Anna Calvi à Mick Harvey, Conor O’Brien (Villagers), Sophia Brous, Jehnny Beth et Kirin J. Callinan (et David Coulter à la direction musicale).
« In Dreams : David Lynch revisited ». © Sara Amroussi-Gilissen / Document remis
En amont du concert, Musica nous donnera rendez-vous au Cosmos, pour la projection (gratuite) du documentaire David Lynch, une énigme à Hollywood (2024) de Stéphane Ghez.
Entre Mulholland Drive et Lost Highway : ne vous trompez pas de chemin… Et prenez celui qui vous mènera du Cosmos à l’Opéra.
D’autres curiosités : du DJ set matinal au spectacle pop-liturgique
Festival curieux, Musica nous emmène dans des répertoires aussi variés que les lieux qui accueilleront ces propositions.
Notons par exemple le récital matinal donné par la musicienne, compositrice et DJ Mariam Rezaei, « virtuose incomparable des platines » qui prendra possession de celles du Karmen, le samedi 20 septembre… À 11h du matin.
Un rendez-vous à un horaire inhabituel qui fait sens, quand on apprend qu’« avec elle, le ‘turntablisme’ devient un terrain de recherche et de création sonore de premier plan qui se présente aussi bien dans le contexte nocturne du club qu’en récital de chambre matinal ». Un concert qui sera suivi d’un échange… Et d’un after, à 23h, cette fois-ci en compagnie de François Delamarre, UNDAE TROPIC, et bien d’autres.
Mariam Rezaei. © Vera Marmelo / Document remis
Nous l’avions, lui aussi, annoncé avec la rentrée du Maillon : Nexus de l’adoration, de Joris Lacoste des 25 et 26 septembre nous a tapé dans l’œil.
Ce spectacle « pop-liturgique » nous dépeindra une société patchwork, représentée par des « poèmes répétitifs, prières matérialistes, méditations rythmiques, chorégraphies K-pop, dialogues absurdes, discours flamboyants, confidences intimes… ». Un ovni sorti d’Avignon, qui flirte avec la comédie musicale – entre théâtre, musique et danse.
« Nexus de l’adoration » de Joris Lacoste. © Raynaud de Lage / Document remis
« Nexus de l’adoration » de Joris Lacoste. © Raynaud de Lage / Document remis
Et puis, notons les nombreux rendez-vous gratuits. Comme par exemple, la rencontre Écouter les étoiles : pulsars et rythmes de l’univers le 26 septembre à l’Observatoire astronomique de Strasbourg (en regard avec Le Noir de l’étoile de Gérard Grisey avec Sixtrum et Les Percussions de Strasbourg le soir-même à l’église Saint-Paul).
Ou la sortie de résidence Après la mémoire de Nadia Ratsimandresy et Rangalanga Tsilaitry Mboangy (« une exploration sonore de l’histoire coloniale malgache » et ses conséquences sur les imaginaires). Les 23 et 24 septembre à l’Annexe de la HEAR.
Mini Musica. © Teona Goreci / Documents remis
Mini-Musica : festival jeune public
Et enfin : pour faire naître des passions chez les bambins, Musica leur dédie une nouvelle fois une programmation dédiée : Mini-Musica. Et on adore.
Outre les ateliers d’éveil ou de création musicale, on y croise des propositions accessibles aux très très petit(e)s : de 4 à 24 mois avec le spectacle immersif ARK de la compagnie belge Klankennest ou dès 1 an avec CACHe CACHé de la Nou&vou Cie.
1. « ARK » de Klankennest. © Josefien Tondeleir / Document remis ; 2. « CACHe CACHé » de la Nou&vou Cie. © Adrien Labit / Document remis
« Näcken ». © Ville de Bouguenais / Document remis
Pour les bambins : L’Archipel aux mille sons de l’ensemble de percussions québécois Sixtrum (de 3 à 5 ans), ou un mini-récital dès 5 ans avec le Quatuor Bozzini. Et dès 8 ans, Näcken, « imaginé par le duo Söta Sälta et les cuivres tentaculaires du Spat’Sonore », et qui mêle « chansons, musique des bruits et paysages sonores ».
Bref : que ce soit en famille, en solo ou en duo… Musica donne le la et y a plus qu’à !
Musica 2025 – 43e édition
Quoi ?
Festival autour de la musique contemporaine et la création musicale avec concerts, spectacles, rencontres, ateliers, etc.
Quand ?
Du vendredi 19 septembre au mercredi 5 octobre
où ?
À Strasbourg (et Mulhouse) dans de nombreuses salles partenaires
QG/Billetterie du festival : à la Manufacture des Tabacs (du mardi au samedi de 13h à 18h)
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