REPORTAGE – Dans le centre de Lyon, certains commerçants ont déjà barricadé leur boutique dans l’attente de la mobilisation du mercredi 10 septembre, qui devrait se cristalliser dans un premier temps autour de la préfecture.
«On est dans l’expectative». Comme partout en France, les commerçants lyonnais tentent d’y voir plus clair sur la mobilisation baptisée «Bloquons tout» annoncée mercredi 10 septembre pour demander notamment la démission d’Emmanuel Macron. Dans l’hypercentre, certains magasins des rues commerçantes partant de la place Bellecour se barricadent déjà, comme au plus fort des manifestations contre la réforme des retraites ou du mouvement des «gilets jaunes». De grands panneaux de bois sont posés sur les vitrines de boutiques de sportswear ou de téléphonie.
«On préfère prévenir que guérir, lance le gérant d’un magasin d’électronique de la place Bellecour, où le soleil ne perce plus derrière les plaques de mélaminé. On a déjà été victime de certains faits». «C’est annoncé comme une grosse manif, donc on prend nos précautions», reprend en écho la responsable d’un magasin d’habillement de la rue de la République. Après consultations entre elles, certaines autres enseignes de mode vont faire de même.
La préfecture avait fait passer des consignes d’anticipation via la Chambre de commerce et d’Industrie. De son côté, l’association de commerçants «My Presqu’île» a transmis à ses adhérentes l’information selon laquelle des manifestations sont prévues. «On ne sait pas ce que ça va donner, comment vont évoluer les rassemblements, si d’autres rassemblements spontanés vont se créer, commente Johana Benedetti, sa présidente. On ne sait pas à quoi s’attendre. Certains disent que le mouvement va ressembler à Nuit debout, d’autres aux “gilets jaunes”». Ils craignent surtout les pillages ciblés comme lors des émeutes de juillet 2023, consécutives à la mort de Nahel.
«Savoir si ça va durer»
«Ceux qui se barricadent sont ceux qui en ont les moyens, indique Johanna Benedetti, parce que ça coûte très cher. Ce sont des miroitiers qui interviennent parce qu’il faut fixer ces grands panneaux de bois puis les déposer. Les commerçants se demandent surtout si cela va durer dans le temps.» Elle se félicite de l’importante mobilisation des forces de l’ordre annoncée par le ministère de l’Intérieur. Ils seront 1300 policiers et gendarmes à Lyon, 7000 dans la région, indique la préfecture du Rhône au Figaro.
Des dégradations ont déjà eu lieu lundi soir, en marge du rassemblement en guise de «pot de départ» de François Bayrou tenu sur la place des Terreaux. La CRS 83, spécialisée dans le maintien de l’ordre de haute intensité en milieu urbain était déployée dans le centre-ville pour éviter les débordements et encadrer puis disperser les cortèges sauvages. Elle le sera de nouveau mercredi, mais a priori pas à Bellecour.
Le principal point de rassemblement, à Lyon, est en réalité prévu place Guichard, non loin de la préfecture, indique une source sécuritaire. Un dispositif important sera déployé pour assurer la sécurité du bâtiment en dispersant d’éventuels fauteurs de troubles et en les interpellant. Un dispositif annoncé mobile en cas de reformation de cortège, avec des véhicules Centaures prépositionnés.
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Parmi les nombreux autres points de blocage annoncés aux alentours de Lyon, c’est à la raffinerie de Feyzin que devraient démarrer les hostilités, dès la fin de nuit, au sud de l’agglomération. Côté route, des actions sont prévues à Perrache, au sud de Lyon, et au péage de Saint-Quentin-Fallavier, dans le nord du département voisin de l’Isère. Ce mardi une tentative de blocage du boulevard périphérique nord a d’ores et déjà été empêchée par les forces de l’ordre, qui ont interpellé trois personnes.