Par

Anthony Soudani

Publié le

9 sept. 2025 à 16h19

Qui pourrait croire que ce monospace garé dans le 8e arrondissement de Lyon est en fait un logement de fortune ? Mounya, son mari et ses trois enfants habitent dans leur voiture. Cette famille d’Algériens, arrivée à Châtellerault (Vienne) en France le 10 janvier 2025 avec un visa touristique, vit dans ces conditions depuis le 21 juillet dans la capitale des Gaules. Ici, ils ont rapidement déchanté, comprenant que travailler ou trouver un logement sans papiers sera quasiment mission impossible. 
Témoignages.

Les deux plus jeunes dorment dans le coffre

« Pour se loger ou trouver un endroit où être hébergés, c’est vraiment catastrophique. Le loyer est très cher. On est resté dans notre véhicule avec les enfants. » Mounya pointe le véhicule du doigt. À l’intérieur, l’aîné de 13 ans, le cadet de 11 ans et la benjamine de 7 ans s’occupent tant bien que mal ce vendredi 5 septembre. 

La voiture, elle, est surchargée. De la nourriture par-ci par-là, et, dans le coffre, une sorte de chambre de fortune aménagée pour les deux plus jeunes. « Nous avons mis une couverture sur des valises qui leur font office de matelas », commente la mère de famille. 

« Ce n’est pas agréable… On se réveille tôt »

Le plus âgé des trois dort en long sur la banquette arrière, tandis que les deux parents « dorment » sur les sièges conducteurs et passagers. « Ce n’est pas agréable… On se réveille tôt. » Cet été, Mounya a même fait le choix de dormir sur un banc dehors « pour laisser de la place aux enfants parce qu’il faisait très chaud ».

Les deux plus jeunes enfants dorment sur des valises, dans le coffre de la voiture.
Les deux plus jeunes enfants dorment sur des valises, dans le coffre de la voiture. (©Anthony Soudani / actu Lyon)

À Lyon, les enfants ne sont pas scolarisés alors qu’ils l’étaient l’année scolaire précédente à Châtellerault, où leurs résultats étaient « très bons ». Des problèmes d’ordre administratif ne leur permettent pas d’être actuellement domiciliés au Centre communal d’action sociale et ainsi d’avoir accès à l’école publique. 

« Plein de familles dans la même situation m’appellent en ce début d’année scolaire, explique Juliette Murtin, du collectif Jamais Sans toit. Notre objectif est de les mettre à l’abri dans l’école où les enfants seront scolarisés. »

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50 enfants à l’abri dans des écoles de Lyon depuis la rentrée

En juillet 2025, le collectif Jamais sans toit recensait 428 enfants sans solution d’hébergement sur la métropole lyonnaise avec, parmi eux, 39 bébés.

« Sur l’année scolaire passée, 48 occupations d’établissements scolaires ont permis de mettre à l’abri 235 enfants sans toit avec des actions s’étalant sur plusieurs mois, et plus de 100 000 euros dépensés en nuitées d’hôtel », explique le collectif.

Depuis la rentrée scolaire, seize écoles sont occupées pour mettre à l’abri 50 enfants à Lyon. « Depuis la création du collectif en 2014 nous avons mis à l’abri 1 001 enfants avant qu’ils n’intègrent le circuit de droit commun », relève le collectif.

Mounya et sa famille déterminées à rester en France

Mounya retrace pour nous le parcours de sa famille. « Nous avons tout vendu en Algérie et avons laissé nos parents derrière nous. On est venu par visa en avion. Aujourd’hui, notre visa est terminé. »

Ils se trouvent donc en situation irrégulière sur le sol français. « Nous n’avons pas encore fait de demande de papiers à la préfecture. »

Faire scolariser les trois enfants à Lyon est la priorité du collectif Jamais sans toit et de leurs parents.
Faire scolariser les trois enfants à Lyon est la priorité du collectif Jamais sans toit et de leurs parents. (©Anthony Soudani /actu Lyon)

Pourquoi ont-ils pris cette décision difficile de tout quitter au risque de se retrouver à la rue en France ? La maman répond sans détours : « On veut rester en France. Si je suis ici, c’est parce que je veux le bien pour mes enfants, pour la scolarisation, la santé, le niveau de vie… même si je sais que ce n’est pas agréable en ce moment. »

Aujourd’hui, elle fait des ménages non déclarés pour 8 à 9 euros de l’heure quelques jours dans la semaine. Mounya est déterminée à s’installer en France. « J’espère bien pouvoir rester. Je ne suis pas là pour reculer ou baisser les bras, je suis là pour les enfants. »

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