« Gérer des réserves naturelles en ville c’est forcément différent d’une zone au milieu de nulle part », explique Guillaume Schoch, chargé d’étude faune, flore et milieux naturels de Strasbourg. Il sait aussi que de tels espaces au sein d’une métropole sont précieux et impliquent une attention particulière de la LPO Alsace et des Réserves naturelles de Strasbourg pour ménager la vie de ses nombreux oiseaux.
Des réserves naturelles au cœur de la ville
Non loin de la pollution, du bruit et autres désagréments propres aux grandes villes, les trois réserves naturelles de Strasbourg regorgent d’espèces animales en tout genre. Le tout à moins de 10 km de la place Kléber.
Les Strasbourgeois peuvent s’y balader librement, dans des zones aux paysages et oiseaux variés. Ces trois réserves longent le cours du Rhin (d’où leur qualification de forêts rhénanes), deuxième site d’hivernage d’oiseaux en France derrière la Camargue. L’île du Rohrschollen, la forêt de Neuhof et celle de la Robertsau sont des forêts alluviales (ou inondables), particulièrement riches en espèces d’oiseaux qui profitent des grandes étendues d’eau.
Les derniers recensements du Suivi temporel des oiseaux communs (STOC) montrent une grande diversité d’espèces dans les réserves naturelles. « L’île du Rohrschollen regroupe 228 espèces dont 61 nicheurs et 104 hivernants ou de passage, énumère Guillaume Schoch. Suivant le courant on y retrouve des martins-pêcheurs, des cigognes ou encore des canards en hivernage ».
La forêt de Neuhof, autrefois rattachée au Rohrschollen, abrite 139 espèces d’oiseaux, 31 hivernants et 55 nicheurs dont de nombreuses palombes. À la Robertsau, les arbres hébergent quelque 132 espèces, dont 41 nicheuses et 37 hivernantes.
Des zones de quiétude pour ménager les oiseaux
La préservation de toutes ces espèces est un enjeu majeur pour la LPO Alsace et les équipes des réserves. Des zones de quiétude ont été installées en forêt de Neuhof et des chemins y sont désormais interdits.
« Ces secteurs sont très efficaces pour préserver le pigeon ramier, exemple d’une espèce sensible au dérangement et à la circulation », explique Jean-Marc Bronner, vice-président de la LPO Alsace.
Les résultats sont d’ailleurs mesurables : « Le balbuzard pêcheur, disparu au début du XXè siècle, a pu revenir à Strasbourg il y a quelques années, notamment grâce à cette gestion des espaces naturels », précise Jean-Marc Bronner.
Le travail des équipes ne suffit parfois pas à préserver l’espace naturel et les animaux qui y vivent. L’artificialisation du Rhin a par exemple séparé la forêt du Neuhof et l’île du Rohrschollen.
Cette dernière a surtout été impactée par la mise en service du barrage hydraulique dans les années 70 : « La population a changé en passant du Rhin sauvage à une eau stagnante, plus adaptée aux oiseaux hivernants », explique Guillaume Schoch.
Concernant les effets du réchauffement climatique, le risque de crues plus fréquentes au Rohrschollen pourrait entraîner des maladies sur les arbres de la forêt et changer son écosystème. Mais Guillaume Schoch se veut prudent : « On ne sait pas encore à quoi s’attendre mais il risque d’y avoir un impact important.»