Inquiets, mais combatifs. En cette rentrée politique agitée, Alain Gargani, le président de la CPME Sud, installé dans un fauteuil de salon, au 7e étage du Sofitel Vieux-Port de Marseille, prend le pouls des adhérents de l’organisation patronale défendant les intérêts des très petites et moyennes entreprises.

« Jusqu’en juin, le moral de nos entrepreneurs affichait des indicateurs plutôt positifs », rappelle le conseiller régional (DVD) de la majorité de Renaud Muselier (Ren.). Mais selon lui, le vent tourne : les chiffres sont en baisse dans plusieurs secteurs – bâtiment et travaux publics, immobilier, restauration « jusqu’à -25% par endroits », automobile ou habillement.

Au mois de juin, en France, les tribunaux de commerce ont enregistré 68 000 défaillances, « un niveau assez historique », avec 18% de déclarations de cessation de paiements et 31 000 procédures collectives ouvertes, une augmentation de 3% sur les cinq premiers mois de l’année. Avec 1 540 plans de sauvegarde, de redressement ou de liquidation, un chiffre en baisse de 4,7%, la région se portait jusqu’ici pourtant bien, à rebours de la tendance nationale (+1,3%).

Coup politique

Alain Gargani pointe, parmi les principaux défis auxquels sont confrontés les entrepreneurs, des problèmes de trésorerie, des investissements au ralenti ou les difficultés de recrutement des patrons confrontés à une forme de « zapping des salariés ». Un contexte aggravé par l’instabilité gouvernementale de ces deux dernières années, assure le responsable de la CPME, fustigeant le « coup politique et médiatique » du Premier ministre François Bayrou, exécuté au détriment de « l’intérêt général ». Un intérêt qui se cantonne ici, surtout, à celui des entrepreneurs.

« On veut un gouvernement rapidement parce que chaque jour perdu ne se regagnera plus. La priorité, c’est de regarder les économies pas d’augmenter les impôts », martèle le représentant d’un petit patronat « aligné sur 99% des sujets » avec les positions du Medef. Et peu importe le Premier ministre, ou presque. « Le seul critère que nous souhaitons, c’est qu’il soit pro-entreprise, qu’il allège les charges et les normes », poursuit Alain Gargani. Après huit années de gestion du pays par la droite et des décennies de politique libérales qui ont totalement démembré les services publics de la santé et de l’éducation, et plombé la dette de l’état, il met en garde contre un scénario à la grecque.

Et de mettre sur la table les propositions de la CPME : suppression de la fiscalité sur les quatre dernières heures des 39 heures hebdomadaire, suppression de l’impôt sur les sociétés si l’argent reste dans l’entreprise, suppression des « normes abusives », telles les « normes poissons » lance-t-il en amusant l’auditoire, ou faciliter de l’accès aux prêts bancaires.