Vestige emblématique de la construction navale seynoise, la Porte des Chantiers héberge, depuis vingt ans, l’Association de maintien des intérêts aux anciens de la navale de La Seyne (Amians) qui y a installé son siège, au deuxième étage. Et ce, en vertu d’une convention signée avec la Ville en 2005. Le bâtiment, devenu propriété de la Métropole mais dont la gestion est assurée par la commune, accueille également, depuis plus de dix ans, les classes de la Navale, à savoir des élèves des écoles primaires qui viennent y rencontrer des anciens des Chantiers avides de transmettre la mémoire aux jeunes générations.
Pour aller plus loin l’Amians (rejointe par d’autres associations de vétérans de la construction navale) plaidait, ces dernières années, pour la création d’un véritable musée des Chantiers. Faute d’avoir pu convaincre la municipalité de concrétiser cette ambition, l’association présidée par Lucien Conac s’est rangée à l’idée d’aménager un espace muséal au sein de la Porte principale. Un projet auquel la municipalité a donné son accord, tout en précisant que le local, une fois reconfiguré, sera mis à disposition d’associations travaillant sur l’histoire de La Seyne et de ses chantiers navals.
Un litige avec l’Amians
En début d’année, l’ex-maire Nathalie Bicais avait donc annoncé que l’aménagement de la salle d’exposition serait réalisé durant l’été 2025. « Les travaux auront lieu pendant les vacances scolaires afin de ne pas perturber le déroulement des classes de la Navale », avait alors précisé la première magistrate. Interrogé sur le sujet, son successeur, Jo Minniti, indique que le chantier n’a pas démarré comme prévu cet été.
« Le projet est ficelé mais les travaux n’ont pas pu être réalisés. Et ce n’est pas de notre fait. Le local est en effet occupé par l’Amians, qui ne veut pas libérer les lieux pour que nous entamions l’aménagement. De plus, ajoute Jo Minniti, son président ne veut pas signer la convention d’occupation du futur lieu d’exposition, qu’il réclame pourtant depuis des années. Visiblement, il ne veut pas cohabiter dans ce local avec d’autres associations, notamment des anciens de la Navale. Or selon nous, toutes les associations liées à l’histoire de la ville sont légitimes à occuper cet espace et nous n’avons aucune raison de privilégier ou d’écarter telle ou telle ».
« Pas une auberge espagnole »
Contacté, le président de l’Amians explique sa position: « Nous ne sommes pas opposés à ce que la salle soit réaménagée puisque c’est nous-mêmes qui l’avons demandé pour en faire un lieu d’histoire. Mais nous refusons qu’elle soit transformée en auberge espagnole où six associations (1) viendraient y faire ce qu’elles veulent. Pour nous, ce ne doit pas être une salle commune ou une deuxième Maison du patrimoine, mais bien une salle d’exposition permanente, ouverte au public, pour raconter l’histoire de la construction navale seynoise. Le local pourra rester le siège de l’Amians tout en devenant un lieu d’histoire, authentique et sérieux ».
Concernant la réalisation des travaux, Lucien Conac affirme: « Nous avons toujours donné notre accord et dès qu’une entreprise est venue faire une étude de devis, nous avons immédiatement libéré la grande salle de tout ce que nous conservions ». Une démarche qui n’a pourtant pas permis d’engager les travaux.
Motif: « Les membres de l’Amians ont simplement déplacé leurs affaires dans un bureau au sein du local, indique-t-on en mairie. Mais comme il est prévu de reconfigurer totalement l’espace, celui-ci doit être libéré dans son ensemble. Avec un bureau toujours encombré, on ne peut pas lancer les travaux ».
Travaux reportés à 2026
Face à cette situation de blocage, la Ville indique que le chantier ne pourra pas être réalisé avant la fin de l’année scolaire qui vient de débuter, afin de pas perturber les classes de la Navale. Elle précise également que les crédits (près de 50.000 euros au total), seront réinscrits au budget 2026. De son côté, Lucien Conac fait savoir que l’Amians « va adresser un courrier à tous les élus municipaux afin de leur demander de se prononcer sur le projet ».
1. L’Amians, le Centre de ressources sur la construction navale (CRCN), Les Argonautes (club de modélisme naval), Les Amis du Laborieux (en charge de la restauration du vieux remorqueur des chantiers navals), Histoire et patrimoine seynoise (HPS) et La Seyne ancienne et moderne.
Quels travaux, quelle expo?
Les travaux d’aménagement du local de 70m² situé au deuxième étage de la Porte principale prévoient la réfection du sol et des peintures, ainsi que l’abattage de deux cloisons afin d’agrandir l’espace. Il faudra ensuite mettre en œuvre la partie « scénographique », avec des éclairages d’ambiance, des vitrines, du mobilier… Soit un investissement total de près de 50.000 euros. Une fois les travaux réalisés, la Ville prévoit d’exposer dans cet « historial », des maquettes de bateaux réalisées par les ingénieurs des Chantiers.
Quatorze répliques de ce type (longues de 1,30m à 2,25mètres) sont en effet conservées dans les réserves des archives municipales et dotées de cloches en plexiglas qui ont été faites sur mesure pour l’exposition organisée en 2021 à la salle Aristide-Briand.
De multiples artefacts liés à l’histoire des chantiers et aux lancements de bateaux (affiches, cartons d’invitation, menus, fanions, foulards, hachettes pour couper les filins des navires…), issus des archives municipales, pourront aussi être présentés au public, et notamment aux élèves des classes de la Navale.