Un groupe de jeunes, dont plusieurs mineurs, serait régulièrement impliqué dans des violences autour de la gare de Nancy. Les agents de sécurité signalent des incidents quasi quotidiens depuis deux semaines, en fin de journée.

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Depuis deux semaines, les agents de sécurité de la gare de Nancy (Meurthe-et-Moselle) signalent une recrudescence d’agressions. Ils dénoncent la présence d’un groupe d’une vingtaine de jeunes violents, « présents quotidiennement entre 17 et 21 heures ». Selon quatre agents qui ont accepté de témoigner anonymement auprès de France 3 Lorraine, les incidents se sont multipliés ces derniers jours.

Le parvis de la gare de Nancy, place Simone Veil, zone ouverte devant l’entrée principale où transitent de nombreux passagers et passants chaque jour.

Le parvis de la gare de Nancy, place Simone Veil, zone ouverte devant l’entrée principale où transitent de nombreux passagers et passants chaque jour.

© ESCUDERO Patrick / Hemis via AFP

Le 2 septembre 2025, deux agents ont été agressés dans le hall de la gare et ont porté plainte. La Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) de Meurthe-et-Moselle confirme les faits.

Le même jour, plusieurs jeunes auraient affirmé aux agents « avoir agressé au couteau une femme sans domicile fixe près d’un fast-food Quick ». Mais à ce stade, les forces de l’ordre indiquent n’avoir connaissance d’aucun fait correspondant.

Quelques jours plus tôt, le 31 août, un homme d’une vingtaine d’années aurait été frappé par un groupe de jeunes entre les deux halls de la gare, vers 17 heures. « On l’a récupéré plein de sang et les pompiers l’ont pris en charge », témoigne un agent. Les pompiers confirment avoir transporté un jeune homme de la gare vers l’hôpital de Nancy, mais aucune plainte n’a été déposée.

Des agents agressés en pleine gare

Adrien* (*le prénom a été modifié), agent de sécurité, revient sur l’agression dont il a été victime le 2 septembre : « Mon collègue avait vu deux jeunes, de 15 à 17 ans, qui faisaient de la trottinette à fond dans la gare. C’est dangereux, surtout avec des enfants. On leur a demandé d’arrêter mais ils n’ont pas voulu. J’ai saisi un jeune pour le faire descendre : il m’a frappé et a frappé mon collègue au visage. On a appelé la police mais des passants nous ont forcés à les relâcher en disant qu’ils étaient mineurs ».

On sait qu’ils peuvent sortir des couteaux à tout moment

Adrien*, agent de sécurité à la gare de Nancy

Depuis, il souffre de séquelles : « Depuis une semaine, j’ai des insomnies, des maux de tête permanents, une hyperphagie liée au stress. C’est compliqué moralement de travailler dans ces conditions. On sait qu’ils peuvent sortir des couteaux à tout moment ». Paul*, un autre agent de sécurité, confirme le climat tendu : « On vient avec la boule au ventre. Ils nous rient à la gueule. Personne ne réagit, parce qu’ils sont mineurs ».

« Le moral chute de mois en mois »

L’un de ses collègues, Mathieu*, dénonce le manque de moyens : « On n’a pas de moyen de défense, contrairement à la police. Pas de protection, pas de prime de risque. On gagne le SMIC horaire, comme au McDo, mais avec des risques énormes. Les jeunes sont en groupe, une dizaine au minimum, ils provoquent et agressent tout le temps. Le moral chute de mois en mois, on se sent abandonnés ».

Je déconseille à quiconque d’y aller sauf pour prendre un train

Kevin*, agent de sécurité à la gare de Nancy

Kevin*, qui fait aussi partie de la quinzaine d’agents de sécurité privée de la gare de Nancy, décrit une situation hors de contrôle : « Notre périmètre d’action va jusqu’aux murets qui entourent la gare. Pour moi, c’est le lieu le plus dangereux de Nancy, je déconseille à quiconque d’y aller sauf pour prendre un train. Il y a 30 à 40 individus problématiques au total, dont une vingtaine de jeunes. Drogue, alcool, violences… Depuis un mois et demi, c’est ingérable. Il faut que la mairie agisse ».

La mairie assure suivre la situation

La Ville de Nancy indique travailler en lien avec la Métropole du Grand Nancy, la police nationale, la SNCF et la sûreté ferroviaire. « Nous assurons en moyenne 5 à 6 patrouilles de police municipale par jour et une dizaine de caméras dans le secteur. Concernant les faits exposés, la police municipale n’a été interpellée qu’une seule fois ces dernières semaines et n’a pas connaissance d’une situation aussi dégradée. Néanmoins, elle renforcera ses passages dans les prochains jours pour s’assurer que la tranquillité de l’espace public est respectée », précise la mairie.

Contactée, la SNCF explique ne pas communiquer sur ce type de sujet : « Nous travaillons en étroite collaboration avec les forces de l’ordre. C’est la police qui mène les enquêtes ».