Lorsque Liberty Media a racheté la Formule 1 en 2017, le championnat du monde ne se portait pas très bien aux États-Unis, dans un marché dominé par la NASCAR. Après avoir pris la mesure de l’IndyCar ces dernières années, la F1 semble désormais en capacité de s’attaquer à la NASCAR et devenir le sport automobile le plus regardé du pays, tout du moins ponctuellement.

Ce dimanche, le Grand Prix d’Italie à Monza a été suivi par 1,2 million de téléspectateurs sur ESPN, ce qui est le record absolu pour l’épreuve italienne. C’est la dixième fois cette saison qu’un Grand Prix bat son record d’audience historique. De l’autre côté de la barrière, la deuxième manche des play-offs de NASCAR Cup Series a attiré 1,53 million de téléspectateurs, sur le circuit de Gateway.

Un écart de 300 000 téléspectateurs qui se ressert par rapport à la semaine précédente, où la NASCAR avait été suivie à Darlington par 1,8 million de téléspectateurs, et la F1 par 1,2 million de fans. Là où la Formule 1 trouve un rythme de croisière et gagne même progressivement en audience, la NASCAR en perd de plus en plus, et loin est désormais l’époque où une course moyenne du championnat pouvait être suivie par plus de 5 millions de téléspectateurs (avec des pointes jusqu’à 20 millions pour le Daytona 500, manche-phare du championnat.

Avantages et désavantages

En ce mois de septembre, la NASCAR doit faire face à la rentrée des classes de la National Football League, le championnat national de football américain. Sport n°1 de très loin au pays de l’Oncle Sam, il draine forcément certains des suiveurs de sport automobile lorsque les courses se disputent en même temps que certains matches. C’est pour contenir au maximum cette érosion que la NASCAR a introduit en 2004 un système de play-offs, qui a évolué à plusieurs reprises avant de devenir le système actuel, en place depuis 2014, avec des éliminations toutes les trois courses. Un format qui pourrait commencer à montrer un certain essoufflement, les audiences des deux premières manches étant plus faibles que l’année dernière.

La Formule 1, elle n’a pas le problème de devoir lutter contre la NFL, ou même tout autre sport lors de ses diffusions. Les Grands Prix européens se tiennent en effet à 15h heure française, ce qui équivaut à 9h du matin sur la côte est du pays. Un avantage donc par rapport à la NASCAR, avec une capacité à capter plus de fans « lambda »… mais avec un effort à fournir pour regarder les courses matinales ! Car si le départ à 9h (l’une des volontés de Liberty Media lors du passage de 14h à 15h pour les départs de Grands Prix) n’est pas un grand problème pour les amateurs de sport automobile de la côte est, il équivaut à un départ à 6h du matin pour les fans californiens, par exemple… Réussir dans ces conditions à attirer quasiment autant de personnes que devant une course de NASCAR peut donc être considéré comme un exploit.

La Formule 1 réussit surtout un rajeunissement de l’audience qui ne se vérifie pas en NASCAR ou en IndyCar, en passionnant beaucoup plus la tranche 18-35 ans. Avec une tendance à la hausse ces dernières années, il n’est pas impossible d’imaginer qu’un Grand Prix de F1 puisse dépasser avant la fin de saison une course de NASCAR en audiences. Le Brésil et le Qatar, diffusés juste avant des matches de football américain, pourraient offrir de belles audiences à la F1, qui devra tenter de résister au mieux lors des Grands Prix des États-Unis et du Mexique. Si elle y parvient et que la NASCAR continue de perdre des plumes, cela risque de motiver un nouveau changement de format…

Des play-offs remaniés ?

Car cette fin de saison prouve, en IndyCar (qui a doublé son audience entre l’avant-dernière manche et la finale, malgré un titre déjà décerné) et en F1 (avec la lutte NorrisPiastri), que les fans américains n’ont pas nécessairement besoin d’avoir un championnat se jouant à la dernière manche pour se passionner pour un sport automobile. Le système de play-offs de la NASCAR, qui élimine quatre pilotes toutes les trois manches jusqu’à la finale de Phoenix où les quatre derniers en lice se disputent le titre, attire de plus en plus de critiques, au regard notamment des dernières saisons, où ce ne sont pas nécessairement les pilotes les plus en vue sur l’année complète qui ont remporté le titre.

La NASCAR serait en train d’analyser des changements à apporter, avec notamment une dernière phase des play-offs qui ne concernerait plus uniquement la finale, mais les trois ou dernières courses du calendrier, afin de retrouver une certaine constance nécessaire pour s’adjuger le titre. Les gains d’audience effectués par la Formule 1 et ses trois Grands Prix américains doivent en tout cas être scrutés de très près à Charlotte, en Caroline du Nord…

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