Le mercato estival de l’OGC Nice aura été fait de paris.

Entre les arrivées de Jansson, Oppong, Abdul Samed ou encore Bah, les profils trouvent tous un point commun: une volonté de se lancer ou de se relancer sur la Riviera.

Les signatures de Kevin Carlos et de Tiago Gouveia entrent dans ces deux catégories.

Kevin Carlos: « Je suis mon propre modèle »

Arrivé contre 6 millions d’euros en provenance du FC Bâle, l’Espagnol de 24 ans vient tout juste de débloquer son compteur avec les Aiglons. Certes, son doublé contre le Genoa vendredi dernier (victoire 3-2) a été inscrit en amical, mais lorsqu’on est avant-centre, tout but est bon à prendre.

« Lorsque j’étais plus jeune, mes entraîneurs ont voulu me tester à différents postes: au milieu, en défense… mais j’étais toujours naturellement porté vers l’attaque, c’est comme ça (rires) », se souvient celui qui a fait toutes ses classes à Huesca, jusqu’à goûter à la Segunda Division avec l’équipe première, en parallèle de sélections avec l’équipe de la province autonome d’Aragon.

Malgré 163 minutes de jeu en Ligue 1 à son compteur et deux titularisations dès son arrivée contre Auxerre et au Havre, le natif de Ceuta n’a pas encore marqué. Il a néanmoins prouvé que son profil se situe presque aux antipodes du style de jeu espagnol traditionnel, distant du tiki-taka.

« Je suis un attaquant qui performe dans la surface et de la tête. De nos jours, il y a beaucoup d’attaquants qui aiment combiner, moi, je suis plus un roublard qui traîne dans la surface, et qui surgit quand l’occasion se présente. Même si je m’inspire de Lukaku ou Agüero, je suis mon propre modèle. » Ses trois occasions les plus franches avec le Gym peuvent attester de la véracité de ses propos : deux coups de tête et un face-à-face manqué où le natif de Ceuta avait pris la profondeur.

En Suisse, sa carrure atypique (1,86 m, 96 kg) avait déjà croisé la route de jolis bébés dans les défenses adverses. Le championnat de France lui offre le même défi physique. « La Super League (D1 Suisse), est un championnat très physique. C’est pour cette raison que j’ai signé en Ligue 1, je sais que je vais pouvoir retrouver ça ici, et je le vois comme le début d’une longue carrière », reprend un avant-centre dont la détermination transpirait devant l’auditoire, entre quelques éclats de rire communicatifs.

« Je veux prouver à tout le monde que je peux faire mal aux défenses, et je veux que les gens retiennent mon nom. D’ailleurs, on peut dire que la sélection (espagnole ou nigériane, il a la double nationalité) est un objectif à terme. Elle n’est pas si loin si je m’en donne les moyens ici. Je m’entraîne dur tous les jours pour ça. »

Tiago Gouveia: « Envie de retrouver le sourire »

Le Portugais, lui, débarquait à la veille de la clôture du mercato. Prêté par Benfica avec une option d’achat de 8 millions d’euros, il a exprimé, en français s’il vous plaît (voir par ailleurs), son manque criant de plaisir sur un terrain de football. « À Lisbonne, je n’avais pas le temps de jeu que j’espérais. En venant ici dans un club exigeant, comme à Benfica, j’espère par-dessus tout retrouver le sourire et la passion de jouer. »

Il faut dire que les blessures au genou (1 mois et demi de convalescence) et à l’épaule (3 mois) la saison dernière ont « freiné » sa progression, comme l’entend lui-même le renfort voulu par Franck Haise pour occuper un poste de couloir.

Car si Gouveia va être utilisé sur un côté, reste à savoir lequel. « Je n’ai pas de poste préférentiel, mais plutôt une zone. Je peux jouer piston droit ou gauche, ailier des deux côtés ou même buteur. En tout cas, j’aime courir et tant mieux, le coach m’a dit que je n’aurais pas le choix ! Je le connaissais déjà un peu, il avait fait du très bon boulot avec Lens et son style de jeu offensif me correspond très bien. »

Pour relancer sa carrière, à 24 ans, Tiago Gouveia sait qu’il va devoir se faire une place rapidement, alors même qu’il vit sa première expérience à l’étranger. « Je n’ai pas besoin de temps d’adaptation », balaye le titulaire lors de l’opposition amicale contre le Genoa. « Je pense aussi que la concurrence à mon poste n’est pas un problème, au contraire, elle rend tout le monde meilleur. »

À Franck Haise de trancher…

KEVIN CARLOS

Son passage en Suisse: « Partir à Yverdon à 22 ans, quitter ma famille de Huesca, ça n’a pas été facile. Malgré tout, je n’ai pas vraiment eu de gros moments de doute. Même si la ville est située dans la partie francophone en Suisse, tout le monde parlait anglais dans le vestiaire, alors je n’ai pas pu m’initier au français, mais cette année si! ».

Jouer avec un autre avant-centre: « Ce n’est pas un problème pour moi, On a déjà joué un bout de match de cette manière avec Terem Moffi (contre Le Havre, 1-3), NDLR). Ce qui m’importe surtout, c’est que tout le monde tire dans le même sens jusqu’à un but commun. Il est vrai que je suis un attaquant axial, mais si l’entraîneur me dit ‘‘bon, maintenant tu changes’’, alors je change sans problème (rires) ».

Sa masse musculaire: « Quand il m’arrive de rentrer 2-3 jours chez mes parents, ma mère me cuisine la ‘‘recette spéciale’’. C’est du fufu, une sorte de soupe que l’on sert en Afrique de l’Ouest, puisque mes parents sont de Lagos au Nigeria, et qui fait prendre beaucoup de masse musculaire, en plus de m’entraîner régulièrement ».

Son objectif de buts cette saison: « Pour être franc, je n’en ai pas. Je veux simplement que l’équipe figure le mieux possible, et surtout en Coupe d’Europe ».

Sa personnalité: « Je suis un gars qui va discuter avec tout le monde, j’aime ça. Et j’essaye d’apprendre le français, je demande beaucoup de conseils à mes coéquipiers. En dehors du foot, je me divertis en faisant du bowling avec mes potes, ou du ping-pong ».

TIAGO GOUVEIA

Son passage de deux mois en France: « Au début, je faisais de la natation, puis j’ai demandé à ma mère de m’inscrire au foot, ça a toujours été naturel. J’ai commencé pas très jeune, vers 10 ans, à Tires. Puis à 12 ans, mon père travaillait à Toulouse, et j’y suis resté deux mois. J’ai appris à parler la langue ici, en plus de quelques cours à l’école. Je jouais un peu au foot, mais seulement des entraînements ».

Les conseils de Neves, Di Maria et Dante: « Avant de signer ici, j’ai parlé avec Joao Neves. Il m’a dit que c’était un très bon club, que c’était bien pour mon évolution parce que la Ligue 1 est plus relevée que le championnat portugais. J’aime parler avec les joueurs d’expérience, comme je l’ai fait avec Di Maria à Benfica, ou ici avec Dante, parce qu’avant d’être des joueurs, ce sont des humains. Savoir ce qu’ils pensent, leurs problèmes, leurs conseils, c’est important ».

Ses modèles: « Je m’identifie pas mal dans mon style de jeu à Gonçalo Guedes ou à Salvio qui étaient aussi à Benfica ».

Son prêt avec OA: « L’option d’achat, je n’y pense pas. Je veux juste montrer que je peux jouer ici, convaincre le coach et non pas Benfica. Il n’y a pas de sentiment de revanche ».