Une plaque métallique s’est enfoncée de quelques centimètres dans la chaussée, avenue des Vosges à Strasbourg. « Ça suffit pour perdre l’équilibre », observe Mickaël Mehlinger, responsable logistique de la Fédération française des motards en colère du Bas-Rhin (FFMC67). « Si un deux-roues motorisé bloque sa roue avant dedans, son pilote passe par-dessus », redoute le motard qui dépose de la paille et quelques œufs dans l’affaissement avant de repartir.
Une application mobile pour signaler les dangers
Direction Vendenheim où une série de nids-de-poule a été repérée sur la bretelle d’accès à l’autoroute A35. « Ils se forment là où il y a beaucoup de passage : les véhicules arrachent un peu d’enrobé, l’humidité se met à l’intérieur l’hiver, puis le gel fait éclater le macadam et ça fait des trous », décrit le major Grégory Hanne, commandant de la brigade motorisée de Strasbourg et chargé de mission à la Direction départementale des territoires.
Le gendarme a piloté la mise en place de l’application mobile « Ma route à deux-roues motorisé », lancée par la préfecture du Bas-Rhin. L’outil mobile, opérationnel depuis quelques semaines, existe déjà dans trente-huit départements français. Pour le faire tourner, 41 « motards de vigie » ont été formés (membres de FFMC67, moniteurs de moto-école, forces de l’ordre, concessionnaires…). « Ils font une photo de l’endroit qui pose problème et qui est géolocalisé. Ils écrivent un petit texte pour expliquer la situation. Ils envoient et leur travail est terminé. »
« Aucune obligation de réparation »
De l’autre côté de l’appli, le major (ou un autre administrateur) « transmet le signalement au gestionnaire de voirie territorialement compétent – l’Eurométropole de Strasbourg, la Collectivité européenne d’Alsace, la commune, le concessionnaire d’autoroute… » Selon une charte, signée fin 2024, ce régisseur n’a « aucune obligation de réparation ». Seulement de « répondre » à l’alerte « dans un délai raisonnable ». Mais « si c’est dangereux, il fera le nécessaire car sa responsabilité est mise en cause », assure le gendarme.
Ce dispositif va « raccourcir le temps entre le constat et la réparation », croit aussi Bruno Metzger, responsable sécurité de la FFMC67. Et même si la “rustine” ne tient qu’une saison, « cela permettra peut-être d’éviter des accidents ». Cinq motards ont été tués sur les routes du Bas-Rhin en 2024. Un quadragénaire a encore perdu la vie, dimanche 6 avril , après avoir percuté un lampadaire aux commandes de sa 125 cm3 à Uberach commune de Val-de-Moder.