• Des publications sur les réseaux sociaux affirment que des soldats français auraient refusé d’exécuter un ordre d’Emmanuel Macron.
  • Ils seraient opposés au déploiement de troupes françaises en Ukraine.
  • Les Vérificateurs se penchent sur cette intox.

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L’info passée au crible des Vérificateurs

Des différences irréconciliables entre l’Élysée et l’état-major des armées ? 26 pays, dont la France, se sont engagés, le 4 septembre, à Paris, à soutenir militairement l’Ukraine au sol, en mer ou dans les airs dans le cadre d’un potentiel futur cessez-le-feu. Vladimir Poutine a menacé les alliés de Kiev de cibler leurs forces si elles venaient à être déployées sur le sol ukrainien. Mais selon plusieurs publications virales sur les réseaux sociaux, l’armée française aurait désobéi à Emmanuel Macron en refusant d’être déployée en Ukraine.

Dans cette publication vue plus de 110.000 fois sur X (nouvelle fenêtre), on apprend que le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, aurait déclaré que « les soldats français n’iront pas en Ukraine ». Et dans une vidéo vue plus de 1,7 million de fois sur TikTok (nouvelle fenêtre), qui reprend les codes d’un reportage, on apprend même que « l’armée française vient de refuser un ordre direct d’Emmanuel Macron, en cette fin de matinée, celui d’envoyer les soldats français combattre aux côtés de l’Ukraine contre la Russie ». Il s’agirait d’une « décision inédite dans l’histoire récente », qui traduirait « la fracture grandissante entre le pouvoir politique et l’institution militaire ». Volodymyr Zelensky serait « choqué » tandis que Vladimir Poutine serait ravi. « Le refus interprété comme un acte de résistance », ajoute le commentaire. Les Vérificateurs se sont penchés sur ces affirmations. 

Capture d'écran X / Les VérificateursCapture d’écran X / Les Vérificateurs

L’homme qui apparaît dans la publication est bien le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre (nouvelle fenêtre), en poste depuis le 22 juillet 2021. L’internaute à l’origine de la publication partage également un lien vers une vidéo (nouvelle fenêtre) sur YouTube qui prétend donner cette information en se basant sur « des sources militaires anonymes relayées par des chaines d’information alternatives », et partage des images avec les logos de plusieurs médias dont France 24, L’Obs, The Wall Street Journal, Le Monde, l’AFP… Mais le contenu n’a aucun lien avec ces médias, qui n’ont jamais diffusé une telle information.

La citation associée au portrait de Pierre Schill n’est pas sourcée, et il n’y a aucune preuve qu’il a tenu ces propos. Nous ne la retrouvons dans aucun média, aucune des interviews données par le général Pierre Schill (nouvelle fenêtre), ni sur ses réseaux sociaux (nouvelle fenêtre) ou le site du ministère des Armées (nouvelle fenêtre). Les seules références à cette phrase proviennent de la sphère complotiste, avec le partage de cette supposée citation du général par des comptes identifiés (nouvelle fenêtre) comme des relais de la désinformation (nouvelle fenêtre). Contacté par les Vérificateurs, le ministère des Armées affirme que « la rumeur avancée dans les publications » est « fausse ». La propagation de ce type d’intox aurait pour but « de générer de l’incertitude pour créer dans le champ des perceptions un doute plausible sur le bon fonctionnement » des institutions françaises, et serait « l’un des objectifs de la guerre hybride menée contre la France par nos adversaires et compétiteurs, dans l’objectif de générer des vues et des réactions, ce qui est favorisé par les algorithmes », selon le ministère. Dans une publication sur le compte X (nouvelle fenêtre) du Ministère des Armées, datée du 10 septembre, les autorités précisent qu’il s’agit d’une « campagne de désinformation » propagée « au moment même où se tenait la réunion de la Coalition des volontaires » afin d' »affaiblir l’action politique » de la France. 

Capture d'écran TikTok / Les VérificateursCapture d’écran TikTok / Les Vérificateurs

Une autre publication, virale sur TikTok s’ouvre sur le visage d’une vraie présentatrice de la chaîne de télévision France 24, Sandrine Gomes. Mais en y regardant de plus près, on remarque que ce qui est dit dans la voix off ne correspond pas au mouvement de ses lèvres. Le montage inclut ensuite une succession d’images et de vidéos, dont une avec le logo TF1 et LCI. Mais cette information n’a pas été traitée ni sur France 24 ni sur TF1, ni sur LCI, car elle est fausse : il s’agit donc d’un faux reportage, comme tous ceux publiés sur la page à l’origine de ce clip.

Ces contenus sensationnalistes sont partagés par des comptes identifiés sur TikTok, qui diffusent régulièrement de fausses informations pour faire réagir les internautes. On y retrouve des publications qui ont toutes le même format : titre alarmiste, formules incitant le lecteur à cliquer. Une même voix off, générée par l’intelligence artificielle, est reconnaissable dans tous les contenus. Tous ces indices sont typiques des vidéos générées avec l’IA, puis partagées sur les réseaux pour créer le buzz ou générer de l’argent. On observe une recrudescence de ce type de faux médias sur les réseaux sociaux, comme l’expliquaient déjà les Vérificateurs en juin (nouvelle fenêtre).

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Après la réunion de la « Coalition des volontaires », le jeudi 4 septembre à Paris, 26 pays ont donné leur aval pour participer à une force de réassurance, en étant « présents sur le sol, en mer ou dans les airs » en Ukraine, seulement en cas de cessez-le-feu. L’armée française n’a donc pas désobéi à Emmanuel Macron en refusant d’être déployée en Ukraine, puisque cet ordre n’a tout simplement pas été donné. 

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Astrig AGOPIAN