La présidente de la Commission européenne s’est exprimée mercredi devant le Parlement européen à Strasbourg, dans une ambiance parfois houleuse.

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Publié le 10/09/2025 15:20

Temps de lecture : 7min

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d'un discours sur l'état de l'Union au Parlement européen, à Strasbourg (Bas-Rhin), le 10 septembre 2025. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d’un discours sur l’état de l’Union au Parlement européen, à Strasbourg (Bas-Rhin), le 10 septembre 2025. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

« Longue vie à l’Europe ! » La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est montrée combative, mercredi 10 septembre, lors de son discours annuel sur l’état de l’Union européenne (UE) devant le Parlement européen à Strasbourg. L’Europe doit « prendre son indépendance » au milieu d’un monde « hostile » et d’une « tempête » géopolitique qui va durer, a lancé la dirigeante devant les députés européens.

Russie, Ukraine, Israël, commerce et démocratie… La cheffe de l’exécutif européen a détaillé ses priorités lors de son discours de politique générale, dans une ambiance souvent houleuse. Elle a tenté de convaincre les élus européens, après avoir échappé à une motion de censure en juillet. Ursula von der Leyen pourrait d’ailleurs bientôt devoir affronter à nouveau deux nouvelles motions de défiance, déposées par la gauche radicale et l’extrême droite, rapporte Euronews. On vous résume ce qu’il faut retenir de ce discours d’un peu plus d’une heure et demie.

La défense du front est de l’Ukraine face à la Russie

Ursula von der Leyen a très rapidement fustigé une « violation dangereuse » et « sans précédent » de l’espace aérien polonais par la Russie, après des opérations de la Pologne d’interception de drones « hostiles » dans la nuit de mardi à mercredi, lors d’une attaque russe contre l’Ukraine voisine. « L’Europe défendra chaque centimètre carré de son territoire », a-t-elle prévenu dans un discours offensif. 

« Il faut mettre plus de pression sur la Russie », a déroulé la cheffe de l’exécutif européen, rappelant qu’un 19e paquet de sanctions contre Moscou était en préparation. Répondant aux demandes de plusieurs pays de l’est de l’UE, elle a proposé de financer les efforts de défense et de surveillance de la Russie sur le flanc est ukrainien. Elle a ainsi défendu la création d' »une capacité européenne développée ensemble, déployée ensemble et maintenue ensemble, capable de réagir en temps réel ». 

L’utilisation des avoirs russes gelés pour l’Ukraine

Dans un discours à la tonalité martiale, Ursula von der Leyen a appelé le Vieux Continent à muscler encore son effort de défense, afin de se doter « de moyens stratégiques indépendants ». Sur le soutien à l’Ukraine, elle a annoncé que l’Union européenne allait utiliser les intérêts des avoirs russes gelés pour accorder un nouveau « prêt de réparation » à Kiev, mais sans toucher directement à ces actifs eux-mêmes. Les détails de cette proposition seront scrutés par les Etats membres. Plusieurs d’entre eux se sont déjà prononcés contre l’utilisation de ces avoirs russes gelés depuis le début de la guerre – une demande récurrente de l’Ukraine.

Elle a également annoncé l’organisation prochaine d’un sommet « pour le retour des enfants ukrainiens » enlevés par la Russie. « Nous avons accompli des progrès historiques ces dernières années pour bâtir notre Europe de la défense. (…) Dix-neuf Etats membres ont déjà souscrit [au programme SAFE] c’est une très bonne nouvelle », s’est-elle félicitée.

La mise en place de sanctions contre Israël

La présidente de la Commission a dénoncé les agissements d’Israël dans la bande de Gaza, devant un hémicycle teinté de rouge. Cette couleur a été arborée par les députés écologistes et de gauche, en soutien à la Palestine. « Une famine [à Gaza] créée par l’homme ne peut jamais être une arme de guerre. Pour les enfants et les familles, cela doit s’arrêter », a-t-elle lancé, alors que l’UE est régulièrement accusée de ne pas en faire assez pour mettre fin au conflit entre Gaza et Israël. « Je sais que pour de nombreux citoyens, l’incapacité de l’Europe à s’accorder sur la réponse à donner » est un problème, a-t-elle répondu aux critiques, regrettant le besoin d’unanimité des Vingt-Sept sur cette question.

Ursula von der Leyen a ainsi proposé des sanctions contre les « ministres extrémistes » israéliens ainsi que « les colons violents », et « une suspension partielle de l’accord d’association (UE-Israël) sur les questions liées au commerce ». Autant de mesures difficiles à faire adopter par des Etats membres divisés.

La défense de l’accord sur les droits de douane avec les Etats-Unis

Confrontée à la colère des eurodéputés, la présidente de la Commission européenne a défendu bec et ongles l’accord commercial scellé avec les Etats-Unis de Donald Trump en août, qui fixe à 15% les droits de douane sur une majorité de produits européens importés. « Je comprends les premières réactions », mais « pensez aux répercussions d’une guerre commerciale totale avec les Etats-Unis. Imaginez le chaos », en cette « période de grave insécurité mondiale », a-t-elle lancé aux eurodéputés.

Elle a aussi assuré que l’Europe resterait intransigeante sur sa législation environnementale et numérique, que Donald Trump a encore fustigée vendredi après que la Commission a infligé une lourde amende à Google. « L’Europe décidera toujours pour elle-même », a-t-elle répondu au président américain. Cela sera-t-il suffisant pour rassurer les eurodéputés ? Ces derniers devront se prononcer dans les semaines qui viennent sur l’un des volets de l’accord, la baisse des taxes européennes. Mais la partie semble loin d’être gagnée.

Un soutien à la démocratie et à la lutte pour l’Etat de droit

Sous les quolibets de l’extrême droite, Ursula von der Leyen a tenu à aborder les questions liées à l’Etat de droit. « Cette aile de la chambre devrait particulièrement s’intéresser aux libertés », leur a-t-elle dit. « Le respect de l’Etat de droit est une condition essentielle pour les fonds européens. Aujourd’hui comme demain », a-t-elle rappelé. L’UE est régulièrement critiquée pour sa relative inaction face aux reculs démocratiques de certains de ses Etats membres, comme la Hongrie ou la Slovaquie.

La présidente de la Commission a ainsi annoncé la création d’un « centre européen pour la résilience démocratique » et la mise en place d’un « bouclier européen pour la démocratie », sans donner davantage de détails. « Vous êtes visiblement effrayés », a-t-elle encore lancé, souriante, après ces annonces, aux députés d’extrême droite qui continuaient leur brouhaha. Ursula von der Leyen n’a cependant pas mentionné les accords de plus en plus fréquents, au Parlement européen, entre le Parti populaire européen, sa famille politique, et les députés d’extrême droite.