Pour ceux qui n’auraient pas encore compris, la guerre entre la Russie et l’Ukraine est une guerre entre la Russie et les États-Unis, c’est la leçon venue d’Alaska, le quarante-neuvième État américain qui, quand le détroit de Béring est gelé, dispose d’une frontière en dur avec la Russie. On ne peut trouver endroit plus symbolique pour une réunion qui décidera de… l’avenir de l’Ukraine.
Les images témoignent : Trump a déroulé le tapis rouge à son homologue russe reçu comme une puissance égale au géant américain, ce que les ogives nucléaires de part et d’autre du passage du Nord-Ouest rendent possible. La poignée de main entre ces deux fous dont dépend l’avenir du monde, avec en sus la main tapotée de Poutine par la grosse main grasse de Trump dont l’autre serrait déjà la paluche russe, était un signe éthologique : deux grands fauves se réunissaient, deux grands reptiles, deux grands malades également, et l’avenir de l’humanité dépendait des humeurs de ces deux-là plus complices qu’ennemis.
Pendant ce temps, Zelensky jouait aux dominos, Macron faisait du jet-ski à Brégançon, Ursula von der Leyen bronzait toute habillée sur les plages de Bruxelles et les autres dirigeants européistes faisaient des mots mêlés au bord de la piscine.
Marchands de tapis
En même temps, comme dirait l’Autre, Donald Trump et Vladimir Poutine se penchaient sur la carte du monde et, comme à Yalta, négociaient comme des marchands de tapis des bouts d’Ukraine à se partager, probablement avec une carte géologique signalant les intérêts du sous-sol ukrainien.
Trump et Poutine, comme à Yalta, négociaient comme des marchands de tapis des bouts d’Ukraine
Poutine pense qu’en bombardant l’Ukraine, il va rendre le pays russophile ! C’est un délire de malade mental de vouloir conquérir les cœurs en détruisant les corps. Les bombardements russes ciblent des lieux culturels en Ukraine qui constituent autant de lieux identitaires : des musées, des théâtres, des écoles, des universités, des bibliothèques, des bâtiments patrimoniaux. Si tout cela était russe, à quoi bon les détruire, sinon parce que l’identité ukrainienne existe et que Poutine souhaite l’éradiquer afin de supprimer les preuves que l’Ukraine n’est pas russe.
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Sur les chaînes d’info continues, les commentateurs dans l’attente de plus qu’un avion en approche, qu’un avion atterrissant, qu’un avion atterri, qu’un avion en roulage, qu’un avion arrêté, expliquaient que cette rencontre était déjà un succès : la preuve, les deux fous se rencontraient et on ne se rencontre pas pour acter qu’on ne s’entend pas.
Ce fut pourtant le cas : Poutine qui recevait l’onction américaine, alors qu’il est sous le coup d’un mandat d’arrêt international, est venu dire à Trump que le maître du jeu c’était lui et personne d’autre. Le Donald a pu dire lors de sa campagne qu’une fois élu, il réglerait le problème en vingt-quatre heures et qu’il irait ensuite chercher son prix Nobel de la paix, Poutine lui a dit avec son sourire de serpent : « Pas tant que je ne l’aurai pas décidé et dans les formes que j’aurai choisies. »
Le lendemain, descendu de son jet-ski, Macron faisait des pieds et des mains pour venir à Washington avec ses amis joueurs de dominos, bronzés de Bruxelles et amateurs de mots mêlés. Pour quoi faire ? Se faire humilier, probablement le passe-temps préférer d’Emmanuel Macron ; ce qui ne serait pas bien grave si ce n’était en même temps humilier la France.