C’est une journée à la fois à part et avec un goût de déjà-vu qu’a vécu Rennes ce mercredi 10 septembre 2025. Des centaines de manifestants qui occupent les portes d’Alma, de Maurepas, de Bréquigny et des Longs Champs, afin de bloquer la rocade, où un bus a été incendié, quatre lycées (Jean-Macé, Bréquigny, Emile-Zola et Coëtlogon) bloqués ou filtrés, le dépôt de bus du STAR bloqué, et une manifestation qui a réuni plus de 10 000 personnes dans le centre-ville, même Rennes, pourtant habituée des mouvements sociaux, a rarement vu ça.
Des éléments rompus aux mouvements sociaux
Rare du fait de la diversité des actions et de son ampleur, cette journée « Bloquons tout » ne l’est pourtant pas tant que ça si l’on s’attarde sur ses acteurs. Dès 6 h 30, aux stations de métros Alma et ViaSilva, ce sont majoritairement des jeunes, certains vêtus de noir, cagoulés et issus de mouvements radicaux, qui ont réussi à bloquer la rocade sud de 7 h à 11 h.
Des éléments rompus aux affrontements avec les forces de l’ordre, prêts à prodiguer des conseils aux moins expérimentés, comme Camille, étudiante, qui s’avouait « stressée » pour sa « première action de cette ampleur » alors qu’elle faisait face à la gendarmerie mobile qui envoyait des bombes lacrymogènes sur le pont au-dessus de la rocade. « Attention à vous quand les lacrymogènes arriveront, ne les ramassez pas, vous pourriez vous brûler ou qu’elles vous arrachent la main », pouvait-on ainsi entendre au mégaphone ce mercredi matin sur la rocade.
Des profils qui, à l’instant T, écartent un mouvement type Gilets jaunes de 2018, plus spontané et moins encadré. Les classes dites populaires et moyennes étaient, elles, davantage présentes dans le défilé, très suivi, de la mi-journée. Non initiée par les syndicats, bien que présents, cette marche dans le centre-ville a été plus festive, plus spontanée -en témoigne cette fin de manifestation sous les arcades de République au son d’une fanfare- et animée autant par des étudiants que par des familles venues avec leurs enfants et des retraités.
« Nos dirigeants n’écoutent pas »
Des manifestants avec le même mot d’ordre : « On a l’impression que nos dirigeants n’écoutent pas les revendications des citoyens qui n’en peuvent plus des réformes d’austérité qui pèsent toujours sur les mêmes », résume Sylvie, 67ans. « Nommer Sébastien Lecornu, un proche de Macron, Premier ministre, c’est se moquer de nous », renchérit Julien, 21 ans, étudiant en école d’ingénieur à Rennes qui n’avait pas prévu de manifester, ce mercredi. Jusqu’à la nomination du nouveau chef du gouvernement. « Les gens réclament quelqu’un de gauche, on n’est pas écouté. »
Des revendications déjà vues lors de précédentes manifestations à Rennes. Une manifestation qui s’est terminée par des affrontements entre ces mêmes mouvements radicaux et les forces de l’ordre, place Sainte-Anne, en milieu d’après-midi. De quoi rappeler les journées tendues de 2023 contre la réforme des retraites.