VIDÉO – Au lendemain de cette opération très coordonnée visant neuf lieux de culte musulmans, le mystère plane toujours quant aux motivations de ses instigateurs. La piste d’une ingérence étrangère reste crédible.
Que sait-on des individus qui ont déposé mardi à l’aube des têtes de cochon devant neuf mosquées de l’agglomération parisienne et de la capitale ? À vrai dire pas grand-chose, si ce n’est qu’une opération de cette envergure n’a pu être préparée et conduite par un seul homme.
L’enquête, confiée aux enquêteurs de la brigade criminelle de la préfecture de police de Paris sous la houlette du parquet de Paris, va notamment s’appuyer sur les images des caméras de vidéosurveillance disponibles. Une vidéo que nous nous sommes procurée, montre ainsi l’un des suspects agir aux portes de la mosquée Islah, à Montreuil (Seine-Saint-Denis).
Il est cinq heures passées de cinq minutes lorsqu’une silhouette noire apparaît sur le trottoir, côté mosquée. Un homme, capuche sur la tête, plonge alors la main dans un sac duquel il sort une masse que l’angle de la caméra, fixée sur le mur d’entrée du lieu de culte, ne permet pas de distinguer. Mais il s’agit manifestement de la tête porcine, celle-là même sur laquelle «Macron» a été écrit à la peinture bleue. Le suspect ne prend guère de précautions. Il ne porte pas de gants et n’évite pas l’œil numérique qui l’enregistre. Plutôt grand et fin, il est de type caucasien. Il ne porte pas de moustache, pas de barbe non plus. Jean gris, baskets blanches.
Ingérence étrangère
La tête de cochon telle qu’elle a été découverte mardi à l’aube à Montreuil. L’inscription «Macron» a été peinte en bleu.
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Une fois son méfait accompli, ce dernier dégaine tranquillement son téléphone et prend plusieurs photos, flash allumé, au risque d’attirer l’attention du voisinage. Il va et vient de la sorte pendant plusieurs dizaines de secondes avant de disparaître dans l’artère mal éclairée. Pourquoi ces trois photos ? Peut-être pour confirmer à ses complices, voire commanditaires, que la mission a bien été effectuée.
Lors d’un point presse mardi midi à propos du blocage du 10 septembre, Laurent Nunez n’a pas écarté l’hypothèse d’une possible ingérence étrangère. «Une action d’une telle ampleur, menée simultanément par plusieurs personnes, interroge», a souligné le préfet de police de Paris. Et d’ajouter qu’«on ne peut s’empêcher de penser à des actions précédentes», en référence aux jets de peinture verte découverts sur des lieux juifs au cours de l’été, ou encore aux dessins de mains rouges taguées sur le Mémorial de la Shoah à Paris en mai 2024. Dans cette affaire, trois Bulgares avaient été mis en examen et placés en détention provisoire en fin d’année dernière. Ces tags, qui pouvaient s’inspirer du lynchage de soldats israéliens à Ramallah en 2000, ont été analysés par les services de sécurité qui ont conclu à une opération d’ingérence exécutée par des russophones.