Membre de l’effectif varois avec le contrat le plus long (2029), le natif de Meaux vit son aventure toulonnaise avec passion. L’international français, élément indispensable de Pierre Mignoni lors des trois dernières saisons (74 matchs joués), aspire maintenant à être plus « impactant » et « décisif » pour accrocher le wagon de l’équipe de France.
On ne vous a pas entendu depuis votre prolongation à Toulon. Pourquoi avez-vous décidé de prolonger de plusieurs saisons en février dernier ?
Il y a un élément qui a été important. Au bout de ma deuxième année ici, alors que j’étais encore sous contrat pour deux ans, Pierre (Mignoni) m’a soumis l’idée de prolonger. Il m’a demandé si j’étais intéressé et si je voulais prolonger sur le long terme avec Toulon. Honnêtement, j’ai été plutôt flatté, parce que les clubs attendent de plus en plus la dernière année ou les mois juste avant la dernière année pour lancer les négociations. J’ai pris cela comme un bon signal. C’était important, vraiment. La deuxième chose, c’est que le club progresse chaque année. Il y a une dynamique qui s’est enclenchée : le titre en Challenge Cup, un barrage de Top 14, un quart de finale de Champions Cup, et une demi-finale de championnat. Je vois aussi un recrutement intelligent de la part du club. Tout est au vert ! Enfin, j’ai toujours dit, depuis mon arrivée ici, que je n’avais pas envie de connaître beaucoup de clubs dans ma carrière. J’ai envie d’être important là où je suis. Je m’implique avec l’envie, en étant assez humble, de laisser une trace, d’être un vrai joueur de club tout en conservant une haute ambition.
L’accord est, selon nos informations, très vite arrivé…
C’est vrai, il n’y a pas vraiment eu de sujets. Je n’avais pas envie d’ouvrir la concurrence à un autre club que Toulon. Je n’avais pas envie d’entamer des négociations, souvent longues, avec tout le monde. Ici, je suis bien dans ma vie de tous les jours, j’ai du temps de jeu, et je suis heureux d’être avec ces mecs. J’évolue aussi dans un club qui joue les premiers rôles. Ma réflexion a été vite arrêtée. Puis, vous savez, le rugby est un sport magnifique, mais il devient de plus en plus précaire. Il y a des joueurs sans contrat, des blessures… Tout peut aller vite ! En m’engageant sur le long terme, j’ai la tête tranquille pour aller chercher de bonnes performances.
Vous avez été mis sur le devant de la scène, pendant les doublons de la coupe du Monde 2023, en étant nommé capitaine de Toulon. Depuis, vous avez retrouvé un rôle de leader de l’ombre. Comment avez-vous vécu cette période et ce changement ?
J’ai beaucoup appris lors de cette saison. C’était une année où on a eu des hauts et des bas, ça a été un peu les montagnes russes… Avec le contexte, le fait que des mecs reviennent tardivement de la coupe du Monde, Pierre (Mignoni) m’a exposé. Je ne le regrette pas. Mais, l’an passé, il a estimé qu’il fallait que je retrouve un peu mon rugby. Je n’avais pas tout perdu, mais forcément, tu es un peu moins concentré sur toi quand tu es le capitaine d’une équipe. Je m’impliquais beaucoup dans la vie de l’équipe, de m’assurer que tout aille bien sur le terrain et en dehors du terrain pour les mecs. Maintenant, je suis un peu plus impliqué sur le jeu propre dans le but que j’aille chercher le meilleur niveau possible. On en a un peu parlé avec Pierre (Mignoni), lors du début de la précédente saison. Puis, vous savez, j’ai encore un rôle dans le vestiaire.
Le capitanat ne m’a pas desservi
Lequel ?
J’encadre du mieux possible David (Ribbans) et Charles (Ollivon). Ce sont des mecs charismatiques, qui sont respectés du vestiaire. Ils sont importants pour le club, l’équipe, les supporters. Moi, je me concentre d’être un leader dans le combat, dans la conquête. David et Charles ne peuvent pas tout dire ou tout faire, moi, je m’inscris comme un relais de ces mecs.
Est-ce que vous avez pu souffrir de cette plus grande exposition ?
Je ne sais pas, mais je pense que, l’an passé, j’ai su bien progresser en étant plus concentré sur le côté terrain. Je me suis reconcentré sur les basiques, sur mon style de jeu, dans le but d’apporter à l’équipe, d’être le plus utile possible pour mes partenaires et Pierre (Mignoni). Je pense que je peux encore mieux faire. Je suis encore jeune. Mais, au contraire, le capitanat ne m’a pas desservi. Chaque expérience permet de s’enrichir.
Vous n’avez pas été appelé par le XV de France pour la tournée d’été, contrairement à l’an passé. Les Bleus vous paraissent-ils loin ?
J’ai 27 ans, cela fait à peu près sept ans que je suis dans le circuit professionnel. J’ai eu trois sélections, je sais aussi qu’il y a une hiérarchie, des mecs qui sont bons à mon poste. Maintenant, je dois viser l’excellence avec le RCT pour espérer retourner en Bleus. J’ai envie d’y retourner. Pour aspirer plus haut, je dois être meilleur, sortir plus du lot dans les actes, le leadership, dans mon efficacité au poste. Tout simplement, je dois devenir plus efficace dans tous les secteurs et être plus décisif quand je suis sur le terrain. Je pense que ma marge de progression est là : être plus déterminant pour mon équipe.