Par
Rédaction Paris
Publié le
10 sept. 2025 à 20h31
; mis à jour le 10 sept. 2025 à 20h32
La piste de l’ingérence étrangère se précise. Le parquet de Paris a indiqué mercredi 10 septembre 2025 que les têtes de cochon découvertes devant des mosquées ont été déposées par des étrangers ayant aussitôt quitté le territoire. Une « volonté manifeste de provoquer le trouble », estime-t-il dans un communiqué. La veille, neuf têtes de porc, animal considéré comme impur par l’islam, avaient été découvertes devant des mosquées de Paris, des Hauts-de-Seine et de la Seine-Saint-Denis, suscitant des réactions indignées.
Immatriculation serbe
Les investigations de la brigade criminelle et de la police judiciaire ont rapidement permis d’établir qu’elles ont été déposées « par des personnes de nationalité étrangère qui ont aussitôt quitté le territoire », a indiqué le parquet.
Il précise à l’AFP après une information de BFMTV, qu’ »un agriculteur normand s’est manifesté auprès des enquêteurs pour signaler que deux personnes étaient venues lui acheter une dizaine de têtes de cochon », avec un véhicule « dont la plaque d’immatriculation serait serbe ».
Deux suspects
« Les recherches en matière de vidéoprotection ont établi que c’est avec ce même véhicule que ces personnes sont arrivées à Paris, près (du quartier) Oberkampf, dans la nuit de lundi 8 à mardi 9 septembre », a expliqué le ministère public. Il a précisé que les images avaient « également montré deux hommes déposer les têtes devant un certain nombre de mosquées ».
Ces individus « sont susceptibles d’avoir utilisé une ligne de téléphone croate, dont le suivi atteste d’un franchissement de la frontière franco-belge dès le mardi matin, après la commission des faits », a encore indiqué le parquet. Le préfet de police, Laurent Nuñez, avait peu après la découverte de ces têtes de porc évoqué de possibles « actions d’ingérence étrangère ».
Il faisait référence à de précédentes affaires attribuées à de possibles ingérences étrangères, dont les tags d’étoiles de David dans Paris à l’automne 2023 (dossier dans lequel deux Moldaves ont été interpellés) ou les Mains Rouges taguées sur le Mémorial de la Shoah en mai 2024. Quatre Bulgares seront jugés à l’automne à Paris dans l’affaire des Mains Rouges, une affaire « susceptible de correspondre à une action de déstabilisation de la France orchestrée par les services de renseignement russe », a indiqué le parquet fin juillet.
Dans l’affaire des têtes de cochon, le parquet a précisé que les investigations se poursuivaient sous deux qualifications. D’une part : violences volontaires sans incapacité à raison de l’appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, de la victime à une religion déterminée commis dans le but de servir les intérêts d’une puissance étrangère ou d’une entreprise ou d’une organisation étrangère ou sous contrôle étranger. Un délit qui fait encourir six ans d’emprisonnement. D’autre part: provocation publique à la haine ou à la violence en raison de la religion, un délit faisant encourir, lui, un an de prison.
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Vague de condamnations
Les têtes de porc ont notamment été découvertes à Paris, devant des mosquées des 15e, 18e et 20e arrondissement, ainsi que devant l’entrée de la mosquée Islah à Montreuil (Seine-Saint-Denis), et à Montrouge, Malakoff (Hauts-de-Seine) et Gentilly (Val-de-Marne).
Plusieurs des têtes de cochon « supportaient une inscription « MACRON » écrite à l’encre bleue », selon le parquet. Cette découverte avait suscité une vague de condamnations, à gauche comme à droite de l’échiquier politique.
Le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz avait dénoncé « une nouvelle et triste étape dans la montée de la haine antimusulmane », appelant « à une prise de conscience et à une solidarité nationale ». Les actes antimusulmans enregistrés en France sur la période janvier-mai 2025 ont augmenté de 75% par rapport à 2024, avec un triplement des atteintes aux personnes, selon des chiffres du ministère de l’Intérieur de juillet.
La France compte entre cinq et six millions de musulmans pratiquants et non-pratiquants, ce qui fait de l’islam la deuxième religion du pays et de la communauté musulmane française la première en Europe.
AFP
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