Après plus de dix ans de mystère, des biologistes ont identifié le coupable derrière la disparition de milliards d’étoiles de mer dans le Pacifique Nord. Une bactérie proche du choléra, favorisée par le réchauffement des océans, serait à l’origine de l’une des plus grandes hécatombes animales connues. Cette découverte ouvre enfin des pistes concrètes pour sauver un maillon essentiel de la biodiversité marine.
Les étoiles de mer sont essentielles aux écosystèmes marins, mais leur survie est menacée par la pollution et le réchauffement climatique – DailyGeekShow.com/Wikipedia
Les chercheurs ont identifié Vibrio pectenicida comme l’assassin des étoiles de mer
Pendant des années, plusieurs hypothèses circulaient : virus, pollution chimique ou prédateur invasif. Mais aucune ne tenait face aux observations. Désormais, une étude publiée dans Nature Ecology and Evolution révèle que le responsable est une bactérie de la famille du choléra : Vibrio pectenicida.
Cette bactérie pénètre dans l’étoile de mer, détruit ses tissus et provoque la chute de ses bras. Elle mène ainsi à une mort rapide. Le phénomène a déjà causé la disparition de plus de 5,8 milliards d’individus en dix ans.
Il a transformé une énigme écologique en catastrophe confirmée. Les survivantes observées affichaient des corps mutilés, incapables de se régénérer comme elles le font habituellement.
Le réchauffement climatique a favorisé la prolifération de la bactérie
Les scientifiques insistent : le réchauffement des océans n’est pas la cause directe, mais il a agi comme un complice. Dans certaines zones du Pacifique, l’eau est montée de quatre degrés en quelques années. Ces conditions chaudes permettent à Vibrio pectenicida de se multiplier plus vite et d’affaiblir les étoiles de mer.
Ainsi, le changement climatique a créé un environnement propice à un véritable tueur en série. Sans ces températures anormalement élevées, l’épidémie n’aurait pas pris une telle ampleur. Cette synergie entre réchauffement et bactéries illustre à quel point les bouleversements climatiques aggravent les crises sanitaires dans le monde marin.
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Des pistes de solutions pour sauver les étoiles de mer
Les biologistes affirment qu’il n’existe pas de vaccin, car la maladie n’est pas virale. Toutefois, plusieurs pistes sont explorées. Certains laboratoires testent la réintroduction d’étoiles résistantes à la bactérie.
D’autres étudient le rôle du microbiote marin pour renforcer l’immunité naturelle des étoiles. Des essais portent aussi sur des méthodes de sélection naturelle accélérée, afin de favoriser les individus résistants.
Ces solutions pourraient freiner la crise. Mais elles nécessitent encore des années de recherche et une coopération internationale. En attendant, les populations d’étoiles de mer déclinent encore, menaçant l’équilibre écologique de vastes zones marines et la santé des océans.
Les étoiles de mer, véritables gardiennes de l’écosystème marin
Les étoiles de mer ne sont pas de simples créatures passives. Ce sont des prédateurs clés qui régulent la population des oursins. Quand les étoiles disparaissent, les oursins prolifèrent. Ils dévorent alors les forêts de kelp, véritables poumons marins abritant une biodiversité immense.
La disparition du kelp provoque une réaction en chaîne : perte d’abris pour les poissons, raréfaction des ressources et effondrement de certaines pêcheries comme celles du colin d’Alaska ou du saumon du Pacifique. En d’autres termes, la survie des étoiles de mer conditionne aussi nos assiettes.
Protéger ces animaux revient donc à protéger l’ensemble de l’écosystème marin. Maintenant que leur assassin est identifié, les efforts de conservation peuvent cibler la bonne menace. C’est une étape décisive pour espérer un jour voir revenir ces créatures fascinantes qui, dans le silence des océans, jouent un rôle vital pour la planète.
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