C’est dans une conjoncture laitière plutôt favorable que va s’ouvrir le Space, le grand rendez-vous des éleveurs, la semaine prochaine à Rennes (Ille-et-Vilaine). Ces dernières années, les éleveurs profitent d’un prix du lait élevé, à 466 €/1 000 litres pour le lait conventionnel en juin (+ 9 % sur un an.) Les cours se sont stabilisés cette année après un pic atteint en 2023. Et la demande mondiale pour le lait et les produits laitiers est orientée à la hausse pour les prochaines années.
Une opportunité dont la filière laitière hexagonale voudrait bien profiter. « Il y a une place à prendre dans les régions qui vont consommer plus qu’ils ne produisent comme, par exemple, l’Asie du Sud-Est », indique Jean-Marc Chaumet, directeur du service économie au Cniel (interprofession). Autre zone de débouchés potentiels : le Moyen-Orient, et surtout l’Amérique du Sud.
L’UE vient de conclure un accord avec le Mercosur qui permettra d’exporter des volumes très importants en franchise de douane. Mais l’accord n’est pas encore entré en vigueur. Et profiter de ces opportunités exigera de disposer des volumes suffisants, alors que les autres grands pays producteurs augmentent déjà leur production. « Il faudra aussi avoir une filière compétitive », rappelle le Cniel.
Un contexte international tendu
Cette belle perspective cache toutefois d’autres nouvelles moins positives. Cet été, l’accord entre l’UE et les États-Unis s’est soldé par une taxe à 15 % sur les produits laitiers européens, contre 10 % avant, et les opérateurs restent vigilants sur les quotas de fromages et de produits laitiers américains qui pourraient arriver en franchise de droits de douane sur le Vieux-Continent. L’Algérie, gros importateur de poudre de lait écrémé, a banni les produits français à cause de la crise diplomatique en cours. Quant à la Chine, elle a lancé une enquête sur les subventions sur certains produits laitiers européens. Le verdict est prévu pour février prochain
Du côté des volumes, la production française est sur le fil. « L’été a été marqué par la sécheresse et des pluies extrêmes qui ont mis à mal la production laitière française », a déclaré Pascal Le Brun, le président du Cniel. Outre les problèmes climatiques, une nouvelle maladie s’est invitée cet été dans les élevages bovins des deux Savoie et désormais de l’Ain : la DNC (dermatose nodulaire contagieuse des bovins).
Elle vient s’ajouter aux autres maladies que sont la MHE (maladie hémorragique épizootique), touchant les vaches, et la FCO (fièvre catarrhale ovine), que contractent les ovins.
Les conséquences sont multiples : baisse de la production de lait, difficultés de reproduction, voire mortalité des bêtes. « Il s’agit d’une pression sanitaire structurelle à laquelle il va falloir s’habituer », se résigne Sandra Leperche, directrice sécurité des aliments au Cniel. Résultat : la production française est fragile, plutôt orientée à la baisse depuis 2021. En 2024, la production avait repris avec une hausse de 1 % atteignant 23 milliards de litres de lait, mais sur 8 premiers mois de 2025, la baisse est de 0,4 %.