« Je préfère en parler, parce que beaucoup de gens se posent des questions. » Âgé de 25 ans, le demi de mêlée Dorian Bellot brise le silence avec une touchante sincérité. Le match qu’il a disputé vendredi dernier contre Mont-de-Marsan, lors de la deuxième journée de Pro D2 (victoire 53-7 des Lot-et-Garonnais), pourrait très bien avoir été le dernier de sa carrière. Pas seulement au SUA, mais de sa vie de rugbyman.

Ce soir-là, le demi de mêlée d’Agen a fait une nouvelle crise. Cardiaque. « De la tachycardie de type grave », résume-t-il. « Je suis parvenu à la contrôler mais je suis monté à plus de 200 battements par minute. Pourtant, je la jugeais à 6 sur une échelle de 10. J’ai déjà connu des crises plus impressionnantes. » C’est dire…

S’il peut aisément rentrer dans les détails, c’est parce qu’il s’entraîne depuis trois semaines avec un appareil qui lui permet de mesurer le rythme de son cœur. Ces épisodes, il a appris à vivre avec depuis « un an et demi ». Il les pensait passagers. Mais ils n’ont pas disparu. Au contraire. « Au-delà de ma carrière, c’est ma vie qui est en danger, avoue-t-il. Quand on t’explique que tu peux mourir… »

Deux examens en une semaine

À travers ses propos, l’Agenais ne veut pas sombrer dans le pessimisme ni l’affolement. Mais il ne se voile pas la face non plus, et préfère évoquer, sereinement, les différents scénarios. D’un côté, la poursuite de sa carrière à travers une opération ou la prise de médicaments. De l’autre, un arrêt pur et simple, parce que la vie est plus précieuse. Les deux prochains examens détermineront la suite.

Ce vendredi 12 septembre, Dorian Bellot doit passer une IRM du cœur. Une semaine plus tard, soit le 19 septembre, c’est une exploration électrophysiologique qu’il subira. Autrement dit la mise en place d’une ou plusieurs sondes, qui vont enregistrer l’activité électrique de certaines parties du cœur, ce qui permettra de rechercher d’éventuelles anomalies. Et ce n’est qu’à l’issue de ces deux examens qu’il aura une idée plus précise de ce qu’il devra faire.

Aujourd’hui, le demi de mêlée est donc dans l’attente. Une attente stressante, forcément, mais après avoir accusé le coup ces derniers jours – et quitté l’entraînement matinal de lundi en pleurs – il a repris quelque peu du poil de la bête. Assez en tout cas pour avoir la force et le courage de parler ouvertement de problèmes personnels de santé. Il garde l’espoir de pouvoir rejouer un jour – rapidement ou pas – mais une chose est sûre : il ne prendra aucun risque. Si les examens sont mauvais, mais aussi – et surtout – s’ils ne révèlent rien. Car c’est une possibilité à envisager.

Ce jeudi soir (21 heures), c’est donc en civil qu’il vivra la réception de Grenoble. Nul doute qu’après avoir lu ces lignes, les supporters agenais ne se poseront plus de questions. Mais auront une grosse pensée pour leur numéro 9, qui sera présent à Armandie pour soutenir ses coéquipiers.