Il ne pouvait pas passer à côté d’un tel sujet. Passionné depuis toujours par le rapport des hommes aux animaux, en témoignent ses précédents films autour des cochons, de l’élevage laitier ou du véganisme, le documentariste douarneniste Mathurin Peschet s’est récemment lancé sur une nouvelle piste : celle du loup, dont le retour dans le Finistère a été confirmé par la préfecture au printemps 2025. Le fruit de son travail, un documentaire de 52 minutes intitulé « Loup y es-tu ? », coréalisé avec Nedjma Berder, sera projeté le 18 septembre à Huelgoat, le 24 septembre au cinéma Le Club à Douarnenez, et diffusé le 25 septembre à 22 h 55 sur France 3. « Un premier loup a été filmé à Berrien en mai 2022, via une caméra posée par le naturaliste Emmanuel Holder. De mon côté, j’ai commencé à m’intéresser au sujet il y a deux ans », contextualise Mathurin Peschet. Le tournage du documentaire s’est déroulé entre octobre 2024 et mars 2025, dans le secteur des Monts d’Arrée, où au moins deux loups seraient sédentarisés. « Nous sommes allés sur leurs traces, aux endroits où ils ont été observés, mais nous ne les avons pas vus. Le loup, c’est comme un fantôme, un objet de fantasme, et l’incarnation de l’animal sauvage. C’est un sujet vraiment intéressant à raconter », considère le réalisateur.

Les éleveurs bovins en première ligne

Dans son documentaire, Mathurin Peschet donne la parole à de nombreux acteurs concernés par le retour des loups dans nos contrées. Aux naturalistes et agents de l’Office français de la biodiversité, bien sûr, ainsi qu’à plusieurs agriculteurs. Il y montre de quelle manière Gilles Morvan, éleveur de moutons à Lopérec, s’adapte bon gré mal gré au phénomène avec l’aide de patous et de clôtures financées par l’État. Mais, pour le moment, c’est bien du côté des éleveurs de bovins que le sujet se révèle le plus épineux dans le Finistère, notamment sur le plan des indemnisations post-prédation et des moyens mobilisés pour assurer la protection de leurs troupeaux. « En 2024, il y a eu des attaques de veaux et de génisses attribuées aux loups par les éleveurs, au Cloître Saint-Thégonnec par exemple, où se trouve le Musée du Loup. Mais seules trois de la vingtaine d’attaques recensées ont été considérées comme des attaques lupines par l’Office français de la biodiversité », indique le documentariste, loin d’avoir livré un plaidoyer pro-loup, comme l’en a pourtant accusé la Coordination rurale sur les réseaux sociaux avant même d’avoir visionné le film.

Le Finistère, ancien foyer de population lupine important

Et si ce sujet se révèle si important et passionnant aux yeux du réalisateur, c’est aussi parce que « nous n’en sommes qu’au début », assure-t-il. Mathurin Peschet aborde d’ailleurs le sujet sur un angle plus historique, par l’intermédiaire d’interlocuteurs qui nous rappellent qu’il fut un temps pas si lointain où la présence des loups n’avait rien d’inhabituelle dans le Finistère. « Nous avons l’impression que c’est un animal alpin mais des loups, il y en avait partout au XIXe siècle, et beaucoup en Bretagne. Il suffit de voir le nombre de lieux-dits où le mot breton Bleiz apparaît, y compris dans le pays de Douarnenez. Et les gens vivaient avec ».

Pratique

Projection en présence du réalisateur le 18 septembre à 20 h 15, au cinéma Arthus, à Huelgoat, sur réservation ; le 24 septembre, à 20 h 45, au Club, à Douarnenez. Le film sera également diffusé le 25 septembre sur France 3 Bretagne, à 22 h 50.