Du haut de ses 23 ans, Marius Domon sort de la meilleure saison de sa jeune carrière. Vingt-huit matches disputés avec Toulon, un premier rassemblement avec le XV de France en mars et une tournée en Nouvelle-Zélande avec les Bleus (lire ci-contre), l’arrière n’a pas arrêté. Et comme si son année n’était pas assez remplie, il a pris le temps, avec ses frangins, de lancer une marque de vêtements (lire ci-contre).

Revenu sur le tard à Toulon, « Domonstre » a tout de même été aligné par Pierre Mignoni, à Montpellier, pour la première journée du championnat. Un choix fort (et payant) du technicien toulonnais. Hier après-midi au Campus, au terme d’un entraînement à haute intensité, Marius Domon a accepté de se confier pour Var-matin. Sans prise de tête, à son image.

Malgré seulement 30 minutes de jeu en amical à Issoire, vous vous êtes retrouvé titulaire à Montpellier. Pas trop difficile, comme reprise?

C’est sûr que c’est la première fois que je faisais une préparation aussi courte (sourire). Mais la saison a été assez longue. Au retour de la tournée avec les Bleus, on a pu couper trois semaines et, derrière, on a repris avec le groupe, à Toulon. Mais je pense que j’ai pu assez me régénérer pour reprendre en forme. Pierre [Mignoni] a décidé de me faire confiance pour cette première journée à Montpellier et, au final, ça s’est plutôt pas mal passé.

Lors de cette victoire à Montpellier, vous aviez également la responsabilité du but. Comment cette décision a-t-elle été prise?

Quand on a eu la composition d’équipe en milieu de semaine, on était trois à pouvoir buter: Paolo [Garbisi], Baptiste [Serin] et moi. C’est plutôt Max [Petitjean, responsable de la stratégie du jeu à pied, Ndlr] qui a fait ce choix. Il m’a simplement demandé si je me sentais prêt… et j’ai dit que oui. Donc, sincèrement, ça s’est fait plutôt naturellement.

Avec ce rôle supplémentaire, avez-vous changé quelque chose dans votre préparation?

Honnêtement? Non, pas grand-chose (sourire). Je n’ai pas senti plus de pression. C’est juste que, quand tu butes, tu te retrouves avec un peu plus de responsabilités sur le terrain. Le but, ça peut permettre de prendre le score, de faire la différence ou de revenir. C’est un secteur important.

Cinq pénalités sur six réussies, un essai à la conclusion d’un mouvement en première main: comment avez-vous jugé votre prestation à Montpellier?

Je pense que j’ai rendu une copie propre. Dans le jeu, c’était une reprise et, au final, il n’y avait pas énormément de rythme. Mais je me suis bien senti. Après, c’est la première fois que j’avais le but dès le début du match. Je manque la dernière mais, sinon, elles sont toutes passées. C’est agréable comme sensation et comme responsabilité. Là, tu es tout seul. Si tu rates, tu es le seul à avoir raté… et tu ne peux t’en prendre qu’à toi. Alors, oui, ça peut être une pression mais ça te permet aussi d’apporter des points à l’équipe quand ça passe. Et comme sentiment, c’est plaisant.

Vous sortez d’une saison à 28 matches, durant laquelle vous avez été propulsé titulaire d’entrée avec la suspension de Melvyn Jaminet. Comment vit-on ça quand on a, à ce moment-là, seulement 22 ans?

C’est vrai que c’est arrivé plutôt soudainement. En étant le seul au poste l’année dernière, j’ai été propulsé numéro 1. Je pense qu’il ne fallait pas essayer de trop en faire. C’est-à-dire surtout rester moi-même. Pierre [Mignoni] m’a fait confiance en ne recrutant pas de joker. Et quand tu te sens bien avec ton coach, ça aide à jouer libéré sur le terrain. J’ai essayé de lui rendre cette confiance, et aussi de la rendre au groupe du mieux que je pouvais.

Qu’avez-vous appris de cette saison? Sur vous, notamment?

(Il sourit) C’est particulier, ce n’est jamais évident de se juger. En fait, c’est global. Je pense que j’ai pris pas mal d’expérience. Enchaîner autant de matches, jouer plusieurs compétitions, ça fait grandir. J’ai aussi appris qu’une saison c’est… très long! C’était la première fois que j’étais autant utilisé alors, forcément, à la fin, je suis ressorti un peu essoré.

Avez-vous le sentiment d’avoir pris une autre dimension au fil de la saison?

Oui, j’ai l’impression. Il ne faut pas prendre la grosse tête mais on doit réussir à rester en évolution permanente. C’est un cercle positif. J’espère avoir pris plus de place que l’année dernière, comme j’espère que la saison prochaine, ça sera encore plus le cas. En tout cas, je donnerai tout pour.

Mi-avril, vous avez également signé votre premier contrat pro à Toulon. Est-ce une fierté de s’inscrire dans la durée dans son club formateur?

Quand tu signes pro, c’est un rêve de gosse qui se réalise. Après, ce n’est pas une fin en soi. Il faut continuer à travailler. C’était un premier objectif, je l’ai atteint. Maintenant, à moi de voir jusqu’où je peux aller. Ça ne s’arrête pas là.


Marius Domon avec les Bleus en Nouvelle-Zélande. Photo AFP

Son expérience bleue

« J’avoue que la première fois, quand tu as Fabien Galthié qui te dit de rejoindre le groupe, ça fait un peu bizarre (sourire) ». En mars, Marius Domon avait goûté à sa première convocation à Marcoussis. Cet été, il a connu les joies d’une tournée. En Nouvelle-Zélande, s’il vous plaît.

Il raconte: « L’équipe de France, c’était un rêve. Bon, il ne s’est pas encore totalement réalisé puisque je n’ai pas joué, mais c’est une expérience enrichissante. Une tournée en Nouvelle-Zélande, c’est quand même mythique. Déjà parce que c’est à l’autre bout du monde, qu’on n’y va pas tous les jours… et puis la Nouvelle-Zélande quoi. C’est une terre de rugby. »

Initialement non retenu, l’arrière toulonnais a profité du forfait de dernière minute de Cheikh Tiberghien. Tout juste éliminé en demi-finale du Top 14 par Bordeaux-Bègles avec son club, il s’apprêtait à partir en vacances. « Mathieu [Brauge], le team manager du XV de France, m’a envoyé un message pour me prévenir qu’ils attendaient les résultats de Cheikh Tiberghien. Finalement, il a été forfait et j’ai pu rejoindre le groupe trois jours après leur départ. »

S’il a participé à l’intégralité de la tournée avec les Bleus, Marius Domon n’a pas connu la joie d’une première sélection. Un regret? « Non, reprend le principal intéressé. Ce n’est pas moi qui décide si je joue ou pas. Forcément, j’aurais préféré. Mais j’ai essayé de donner une bonne image et fait le maximum pour revenir. » F. DA.

Sa propre marque de vêtements avec ses frères

Le 30 mai dernier, les trois frangins Marius, Pablo et Maurin lançaient leur propre marque de vêtements : Domon héritage. « Une fierté » pour l’arrière toulonnais qui, grâce à cette nouvelle activité, se diversifie. Il raconte la genèse de ce projet: « Dans la famille, ils ont tous un côté artistique. Moi, moins (sourire). Mais j’aime bien m’habiller. Mon grand frère adore faire des vidéos, a fait un master à Versailles dans les jardins, mon petit frère est en design d’objet et ma grande sœur designer dans une marque de fringues. On aime tous la mode. Et, à Noël, mon frère est arrivé avec cette idée! J’étais partant et on a essayé de faire au plus vite pour sortir une collection été. » Si le nom de la marque parle de lui-même, voici l’explication du papillon comme logo: « Plus jeunes, on a vécu sur un bateau dans les Antilles, à Saint-Barth. Le nom de notre bateau était “Mariposa ». En espagnol, ça veut dire « Papillon », d’où notre logo. »

S’ils ont lancé leur ligne de vêtements en mai, avant la collection été, les frangins Domon travaillent activement à celle d’hiver. Patience.

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