Le photographe documentaire, membre de l’agence Magnum, s’est fait connaître par son travail sur les jeunes au Royaume-Uni dans les années 1970 et 1980. On lui doit aussi des photos marquantes issues de ses reportages, en Irlande du nord et en Somalie. Chris Steele-Perkins a suivi les Teddy Boys britanniques pendant deux ans, de 1975 à 1977.

Chris Steele-Perkins a suivi les Teddy Boys britanniques pendant deux ans, de 1975 à 1977. Photo Chris Steele-Perkins/Magnum Photos

Par Marie-Anne Kleiber

Publié le 10 septembre 2025 à 17h49

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Des quartiers pauvres de Londres à la ville paisible d’Obama au Japon, de Belfast à l’Afghanistan en passant par l’Afrique du Sud, le Britannique Chris Steele-Perkins n’a cessé de photographier de façon viscérale, souvent heurtée, parfois rebelle, la vie comme elle va. Il est mort à l’âge de 78 ans dans son sommeil à Tokyo le 8 septembre 2025, auprès de sa femme d’origine japonaise, fermant les yeux sur ce monde turbulent qu’il a arpenté pendant des décennies.

Né en 1947 à Rangoon (Birmanie) d’une mère birmane et d’un père anglais, Chris Steele-Perkins a grandi auprès de ce dernier dans une station balnéaire près de Bristol. À l’université, il étudie la psychologie et se met à prendre des photos pour le journal étudiant. Il réalise alors que le journalisme est « la route qu’il [veut] suivre » comme il le racontera en 2013 à Vice.

Membre du groupe Exit Photography

L’autodidacte s’intéresse aux Teddy Boys — de jeunes Britanniques marginaux, fans de rock et vêtus avec une élégance surannée. De 1975 à 1977, il les portraiture avec leurs cheveux gominés, leurs bananes alambiquées et leur insolence. Des images en noir et blanc, parmi les plus connues de son œuvre. Ces terribles Teds, il les a suivis au pub, dans la rue, s’immergeant comme il le fera par la suite dans ses photoreportages. Il est alors membre du groupe Exit Photography, composé de jeunes documentaristes qui dénoncent les problèmes sociaux du Royaume-Uni dans les années 1970, tels Nicholas Battye et Paul Trevor. Avec eux, il mène un projet axé sur la classe ouvrière se paupérisant dans les inner cities, les « villes de l’intérieur », comme Liverpool ou Middlesbrough.

Émeute dans un quartier catholique de Belfast, en Irlande du Nord, en 1978.

Émeute dans un quartier catholique de Belfast, en Irlande du Nord, en 1978. Photo Chris Steele-Perkins/Magnum Photos

Le photographe commence à voyager, d’abord à Belfast, en Irlande du Nord, en proie à la guerre civile. Un de ses clichés de 1978 montre un jeune garçon tenant une pierre et affichant un sourire, presque sardonique dans le chaos ambiant. Dans le livre The Troubles, sur le conflit nord-irlandais, il explique avoir voulu « couvrir la situation du point de vue des outsiders, des opprimés », tout en restant « honnête ». Il cherchait, expliqua-t-il au site culturel anglais Plinth, des sujets qui « l’agrippent à la gorge », comme la famine en Somalie en 1992, qu’il a documentée en couleur — il avait abandonné le noir et blanc au mitan des années 1980. Dans ce portrait très dur d’une jeune mère de profil tenant un bébé squelettique qu’elle nourrissait au sein, il voyait cependant de l’espoir, celui de la vie qui s’accroche.

Par l’intermédiaire de Paul Trevor, Steele-Perkins rencontre le grand photographe tchèque Josef Koudelka qui soutient sa candidature au sein de l’agence Magnum. Il y entre en 1979 et la présidera de 1995 à 1998.

Dans cette photo prise en Somalie en 1992, Chris Steele-Perkins voulait voir de l’espoir

Dans cette photo prise en Somalie en 1992, Chris Steele-Perkins voulait voir de l’espoir Photo Chris Steele-Perkins/Magnum Photos

Autoportrait du photographe, à Londres en 2001

Autoportrait du photographe, à Londres en 2001 Photo Chris Steele-Perkins/Magnum Photos

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