« La Tour est le seul interprète de la part sereine des ténèbres », disait en 1951 André Malraux dans son essai Les Voies du silence. Plus de 70 ans plus tard, il semblerait que cet adage soit encore vrai. C’est en tout cas ce que laisse penser la toute nouvelle exposition imaginée par Gail Feigenbaum et Pierre Curie au musée Jacquemart-André. Au détour d’une dizaine de salles, à travers une quarantaine d’œuvres, c’est toute la maîtrise de la lumière et du clair-obscur de Georges de la Tour qui est exposée, nous offrant un moment de pure grâce.
Une œuvre poétique et épurée
Dès l’entrée dans l’exposition, nous voici plongés dans l’univers si particulier de Georges de la Tour. Ambiance feutrée et lumières tamisées mettent l’accent sur le mystère qui entoure l’œuvre de cet artiste méconnu, dont seules quelques dizaines de toiles nous sont parvenues. Des toiles qui, au fil des murs, révèlent une peinture subtile, où la sobriété apparente et l’absence fréquente de décors et d’accessoires fastueux mettent en avant la puissance symbolique de ces images.
Georges de La Tour, La Femme à la puce © Palais des ducs de Lorraine – Musée Lorrain, Nancy / Thomas Clot
Ici, l’artiste, par son naturalisme subtil, dépeint une humanité discrète, à la fois digne et fragile, pour créer un langage d’une grande puissance émotionnelle. Langage qui, s’il s’inspire de l’école caravagesque, s’en détache aussi grâce à sa simplicité et à son intensité. De salle en salle, images bibliques et scènes quotidiennes se mêlent dans une poésie épurée. De La Femme à la puce au Nouveau-Né, en passant par Job raillé par sa femme ou Saint Jean-Baptiste dans le désert, chaque œuvre érige La Tour parmi les plus grands du XVIIe siècle.
Et la lumière fut
Mais le vrai point central de cette exposition n’est pas le peintre, mais bien la lumière, qu’il passe la plus grande partie de sa carrière à mettre à l’honneur. Que sa source soit dissimulée ou en évidence sur la toile, elle se fait tour à tour simple accessoire ou élément du récit, jusqu’à devenir le sujet même de certains tableaux. Un luminisme virtuose, dont Georges de la Tour fera sa marque de fabrique, multipliant les toiles où le velours de la nuit n’est percé que par la lueur d’une bougie ou d’une lanterne.
Georges de La Tour, L’Argent versé © Borys Voznytskyi Lviv National Art Gallery
À travers ce procédé, le peintre mystifie les figures les plus humbles, et intègre une notion de divinité même dans les scènes les plus prosaïques. En résulte une sensation de calme, de surnaturel qui nous suit tout au long de l’exposition. Le temps d’un instant, les heures se confondent, le jour et la nuit se mêlent, pour illustrer toute la lumière des ténèbres, et nous livrer une œuvre d’une pureté sans égal.
Une rentrée haute en couleur
Et pour célébrer la rentrée, l’exposition Georges de la Tour n’est pas le seul trésor que vous offre le musée Jacquemart-André. En effet, pourquoi ne pas profiter d’une visite pour découvrir plus largement cette institution qui fait sans hésitation partie des plus belles de la capitale ? Pour cela, direction les collections permanentes du lieu, disposées dans des salles à couper le souffle. Appartements privés, bibliothèque, salon de musique ou encore salon des Florentins, ici, chaque pièce est un écrin d’exception pour accueillir des œuvres d’art précieuses.
© Nicolas Heron / Culturespace
Pour les plus gourmands, on s’attarde notamment dans la salle à manger de chez Nélie, pour déguster un thé, un brunch ou encore un déjeuner réalisés par les cuisiniers les plus talentueux de la capitale. Cerise sur le gâteau, pour faciliter un peu le retour au travail, pourquoi ne pas s’offrir un afterwork, organisé chaque vendredi soir, pour découvrir le musée d’une manière complètement différente, au sein de la somptueuse cour ou du salon de thé ?
Georges de la Tour. Entre ombre et lumière
Musée Jacquemart-André
158, boulevard Haussmann – 8e
Du 11 septembre 2025 au 25 janvier 2025
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