Habitué des mobilisations, le lycée Montgrand, dans le 6e arrondissement de Marseille, est resté fidèle à sa réputation. Ce mercredi matin, dès 6h30, des élèves de cet établissement dont l’entrée principale se situe sur la place Félix-Baret et celle des personnels dans la rue Montgrand, ont bloqué les deux accès.
Avec des poubelles, des barrières et divers objets récupérés dans les rues adjacentes, ils ont constitué deux barricades qui ont tenu jusqu’à la fin de leur blocus, décidé entre 10h30 et 11h.
Il faut dire qu’ils n’ont pratiquement jamais été dérangés : les policiers présents en petits effectifs ont observé sans inquiétude les va-et-vient des lycéens, lesquels, bien que camouflant leur visage derrière un masque ou un foulard, ne sont pas entrés dans le jeu de la provocation avec les forces de l’ordre.
« Nous sommes mobilisés pour défendre nos droits de lycéens après les réformes du bac et de Parcoursup dont personne ne connaît l’algorithme, expliquait Malo, 16 ans, du syndicat lycéen MNL. Notre avenir est défini par une base de données qu’on ne comprend pas. »
« On ne respecte pas le vote des Français »
Et le pensionnaire du lycée Montgrand, qui se disait « encore plus énervé » après la nomination de Sébastien Lecornu à la place de François Bayrou, de poursuivre : « On ne respecte pas le vote des Français. Nous sommes aussi de futurs travailleurs et en ce sens on s’oppose à la suppression de deux jours fériés. »
Un peu avant 8h, des élèves qui avaient prévu de suivre leurs cours ont été contraints de faire demi-tour, tout comme les enseignants dont l’entrée restait inaccessible.
Le seul moment de tension est intervenu une heure et demie plus tard, quand un groupe de manifestants plus excités est venu brouiller le calme bon enfant de Montgrand. Avec eux, des effectifs de police, casque sur la tête, bouclier en mains et gazeuses prêtes, qui avaient suivi leurs pérégrinations dans le centre-ville. Aucun débordement n’a cependant eu lieu et le calme est vite revenu. À tel point que vers 10h les policiers ont quitté les lieux.
Une partie des lycéens a ensuite rejoint le point de rassemblement principal aux Réformés, aux côtés de certains de leurs enseignants. Ils seraient une grosse dizaine en grève au lycée Montgrand, selon ce professeur de philosophie. « Plusieurs causes sont défendues aujourd’hui, par exemple le manque de personnel dans l’éducation nationale, mais c’est cette politique d’austérité le principal problème, alors que les plus riches continuent de s’enrichir, glisse-t-il. Le blocage est nécessaire, il n’y a pas d’autre moyen de se faire entendre. »
L’enseignant confiait attendre désormais « des actes ». Lesquels ? Un parent d’élève interrompait: « Qu’il (Emmanuel Macron) parte ! Sa politique, ça n’est pas un avenir pour notre jeunesse. »