Après deux jours d’émeutes violentes, l’armée népalaise a repris le contrôle des rues désertes de la capitale Katmandou, ce mercredi 10 septembre 2025. Les heurts avaient débuté lundi, lorsque la police a brutalement réprimé des manifestations dénonçant le blocage des réseaux sociaux et la corruption des élites, faisant au moins 19 morts et plusieurs centaines de blessés dans le pays.
Mercredi, l’armée et la police ont commencé à débarrasser les rues de Katmandou des carcasses de véhicules et des barrages dressés la veille, sous les fumées qui s’échappaient encore des bâtiments et magasins livrés à la vindicte des manifestants, rapporte l’Agence France-Presse (AFP).
Katmandou toujours à l’arrêt
Sous strict couvre-feu jusqu’à nouvel ordre, la capitale était à l’arrêt mercredi, entreprises, écoles et commerces fermés, et les rares habitants qui se risquaient dans les rues étaient invités par l’armée à regagner immédiatement leur domicile.
L’état-major a une nouvelle fois averti ce mercredi qu’il réprimerait sans hésiter « manifestation, acte de vandalisme, pillage ou incendie et attaque visant les personnes et les biens ». L’armée a annoncé avoir arrêté 27 personnes dans la capitale et saisi 23 armes à feu.
Fermé au trafic depuis mardi, l’aéroport de Katmandou a repris ses opérations.
Le Parlement incendié mardi
Malgré le rétablissement de Facebook, X et YouTube, la promesse d’une enquête sur les violences policières et la démission du Premier ministre KP Sharma Oli, la colère des jeunes qui ont pris la tête de la contestation n’est pas retombée immédiatement.
Toute la journée de mardi, des groupes de jeunes manifestants réunis sous une bannière « Génération Z » ont bravé le couvre-feu pour mettre à sac bâtiments publics, résidences de dirigeants et autres symboles du pouvoir. Le Parlement a été incendié, ainsi que le domicile de l’ex-Premier ministre.
La situation politique demeure incertaine, dans l’attente d’un successeur au chef du gouvernement démissionnaire.
Le blocage des réseaux sociaux, élément déclencheur
Jeudi 4 septembre, le ministère népalais de la Communication et des Technologies de l’information a ordonné le blocage de 26 plateformes, dont Facebook, YouTube, X et Linkedin, qui ne se sont pas enregistrées auprès de lui dans les délais.
Une décision qui n’a pas plus à de nombreux usagers, sortis dans la rue pour dénoncer la corruption et l’absence de liberté d’expression. Des milliers de manifestants ont ainsi défilé lundi 8 septembre, à Katmandou et dans d’autres villes du Népal, pour exiger le rétablissement des réseaux sociaux.
La situation a dérapé lorsque les forces de l’ordre ont empêché le cortège de s’approcher du parlement, en utilisant gaz lacrymogènes, canons à eau, mais aussi en tirant à balles réelles. Ce qui a provoqué une situation de chaos à l’hôpital de Katmandou, qui a dû faire face à l’afflux de plusieurs dizaines de blessés.