Par
Enzo Legros
Publié le
10 sept. 2025 à 18h40
Le soleil se lève à peine mercredi 10 septembre 2025 sur le rond-point du capitaine Alfred Dreyfus, dans le quartier Jolimont à Toulouse, que l’odeur des flammes s’est déjà répandue dans l’air. Il est 8 heures, et une poignée de minutes plus tôt, des manifestants du mouvement « Bloquons tout » ont embrasé des contenus de poubelle sur la voie reliant la gare Matabiau à la M112. Il n’y a déjà plus personne. Tout le monde a très vite levé le cap vers un nouveau point de blocage. Cette extrême vitesse et ce mouvement perpétuel ont composé le plan d’action suivi par les acteurs du 10 septembre dans le centre-ville de Toulouse. On vous emmène dans les coulisses d’une journée rythmée par les blocus.
Des incendies tôt dans la matinée
Pendant que des agents s’emploient à dégager le rond-point de Jolimont, une impressionnante fumée s’envole au loin, depuis l’ouest.
La fumée qui s’est dégagée de l’avenue Georges Pompidou était visible depuis les quartiers voisins de Jolimont. (©Enzo Legros / Actu Toulouse)
Une cabane de chantier est en feu sur l’avenue Georges Pompidou. Les travailleurs engagés sur cette portion du futur réseau express à vélo viennent tout juste d’arriver. « Je n’ai rien vu, c’était déjà comme ça à mon arrivée », avoue l’un d’eux.
Une cabane de chantier a été déplacée sur l’avenue Georges Pompidou avant d’être incendiée. (©Enzo Legros / Actu Toulouse)Vidéos : en ce moment sur Actu
Les pompiers viennent juste d’éteindre la cabane carbonisée, mais aucun potentiel auteur des faits se trouve à proximité. Il faut marcher quelques minutes pour voir des gyrophares scintiller au niveau de l’arrêt de métro Marengo. Cinq camions de police se positionnent à l’entrée du Jardin Marcel Thourel, là où de premiers manifestants se font menotter par les forces de l’ordre.
La police bien présente, des manifestants fugaces
Ce sont les premières arrestations de la matinée dans le centre-ville. Pour la police, la sécurisation et le déblocage du cœur de Toulouse ne sont pas simples. À chaque point de rassemblement identifié, un effectif d’agents se déplace illico presto. Contactée par Actu Toulouse, la préfecture de Haute-Garonne explique que les moyens d’action pour la journée sont « proportionnés et nécessaires, adaptés en fonction de la situation » en direct.
Votre région, votre actu !
Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.
La difficulté est le mouvement continu des bloqueurs. Même si tous les points qui ont été bloqués ont été révélés ou annoncés en amont de la mobilisation, le mode d’action des individus, souvent anonymisés par un masque chirurgical et une capuche, est ingénieux.
Illustration aux allées Jean Jaurès, où surgissent une trentaine de manifestants d’un seul coup, aux alentours de 9h.
Très rapidement, les manifestants mettent en place des barrages avec le mobilier urbain à disposition. Les automobilistes sont forcés de quitter leur véhicule pour dégager la voie. (©Enzo Legros / Actu Toulouse)
En deux temps trois mouvements, ils placent ce qu’ils trouvent à portée de main pour bloquer la circulation, qui se dirigeait rejoindre le centre-ville depuis Marengo.
Une course-poursuite dans les rues de Toulouse
Dix secondes après que toute la troupe s’est évadée par la rue Caffarelli, les CRS armés de boucliers en plexiglas parcourent le même chemin, en pleine course-poursuite. Leur arrivée a effrayé tout le monde, suffisant à dégager les allées Jean Jaurès.
Visualiser le contenu sur Instagram
Les forces de l’ordre ne tentent pas de poursuivre les manifestants. Elles s’arrêtent une fois le blocus contrôlé et quittent ensuite les lieux pour s’empresser de rejoindre les autres blocages sur lesquels ils sont appelés.
« Des gens travaillent, c’est vous le problème »
Du côté des manifestants, toutes ces informations ne manquent pas d’être partagées sur des canaux privés de discussion du mouvement. « Compans : 4 fourgons, 4 motards, 3 banalisées et 1 voiture police, […] ils repartent peut-être direction Jean Jaurès », alerte par exemple l’un d’eux à ses camarades, pendant que la course-poursuite s’opère près des Ramblas de Toulouse.
Dix minutes plus tard, un groupe d’hommes et femmes cagoulés débarque à son tour, cette fois au boulevard Lascrosses, et dépose à grande vitesse des poubelles sur la route. La tension monte entre les automobilistes et les fauteurs de trouble. « Des gens travaillent, c’est vous le problème », lance un homme depuis la fenêtre de son poste de conducteur, au rond-point de la place Arnaud Bernard.
Visualiser le contenu sur Instagram
« Beaucoup de keufs à Arnaud Bernard », prévient-on sur la discussion privée dédiée aux déplacements des policiers en direct. Là encore, tout le monde s’empresse de quitter les lieux très rapidement. La police fait de même quelques minutes plus tard, lorsque le calme est revenu.
De nombreuses interpellations dans l’après-midi
À partir de 10 heures, les blocages prennent fin, en grande partie, dans le centre-ville. Sur les réseaux sociaux, tous les contestataires du jour se préparent pour la manifestation de 14h30 à Jean Jaurès. « Les gens commencent à arriver à Jean Jaurès, ça se remplit », informe un internaute sur le canal. Le cortège se dirige ensuite jusqu’à 16 heures vers le quartier Saint-Cyprien, où doit se conclure la mobilisation.
Sur le chemin, « Bloquons tout » communique la situation de la tête de marche régulièrement. « Ça avance, mais beaucoup de keufs collés à la tête qui arrêtent régulièrement pour rester au contact », indique-t-on. À 16h30, la situation s’envenime. « Ça gaze et ça caillasse », résume un membre succinctement. Un peu plus tard, on apprendra que plusieurs interpellations ont eu lieu.
La situation s’est tendue à Saint-Cyprien, après la fin de la manifestation officielle. (©Léa Afonso / Actu Toulouse)
Le cortège se disperse, quand des affrontements opposent les CRS et les blacks blocs. La journée s’approche de la fin, et de la première à la dernière minute, le 10 septembre se sera organisé de A à Z sur les réseaux sociaux.
Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.