Pour le moment, il n’est pas question de changer son nom, sa marque. « Il y a plus de dix ans, quand nous sommes sortis pour la première fois de notre marché historique, limité à 46 communes de la métropole bordelaise et de Gironde, tout le monde nous disait : Gaz de Bordeaux ne parlera pas ailleurs qu’à Bordeaux. Finalement, Gaz de Bordeaux voyage très bien. Nous sommes désormais le 5e fournisseur de gaz en France et nous réalisons 85 % de notre activité hors de la Gironde. Nous comptons 300 000 clients particuliers, entreprises publiques et privées et collectivités dans tout le pays. Notre conquête de nouveaux clients, notre capacité à fidéliser, passe moins par notre puissance commerciale que par la qualité de nos services. Le bouche-à-oreille est notre principal atout, le nom, tout sauf un frein », assure Cyril Vincent, directeur général du fournisseur.

Moins de gaz fossile

Sur son élan, Gaz de Bordeaux qui fête ses 150 ans cette année, tente d’accélérer la décarbonation de ses activités via son plan stratégique, « Sur la route de la croissance décarbonée ». Une route qui passe par une stratégie d’émancipation progressive des gaz fossiles et d’une montée en puissance des approvisionnements en biogaz.

« Rien qu’en Nouvelle-Aquitaine, nous achetons le biogaz de 45 sites. Nous signons des contrats d’achats sur quinze ans avec certains des producteurs. L’objectif étant de proposer à tous nos clients, particuliers ou collectivités, des contrats garantissant un apport d’au moins 20 % de biogaz local. Et nous souhaitons, à l’horizon 2028, être capables de fournir 40 % de nos clients particuliers en biogaz », précise Cyril Vincent.

« En 2028, nous aurons plus de clients électricité que gaz ! »

Être « de Bordeaux » n’a visiblement pas été un frein commercial sur le marché national du gaz pour la société bordelaise, qui compte 164 collaborateurs. Ne plus être seulement une actrice du marché du gaz, comme elle l’a décidé il y a deux ans, non plus.

En effet, Gaz de Bordeaux n’est plus un fournisseur « mono produit » depuis deux ans. L’acteur girondin affiche aussi ses ambitions sur le marché de l’électricité verte. « Nous proposons désormais des contrats de fourniture d’une électricité issue des filières renouvelables et 100 % françaises, le tout à prix fixe. » À ce jour, 14 % de la clientèle gaz de Gaz de Bordeaux aurait choisi de souscrire son offre d’électricité.

« Notre trajectoire est claire, dès 2028 nous aurons plus de clients électricité que gaz. Cela va dans le sens de l’histoire, la décarbonation de notre société passe surtout par le développement de l’électricité. Nous avons noté, au fil des ans, une baisse de la consommation de gaz, nous nous adaptons », affirme le dirigeant.

Concurrence Ohm Énergie : « C’est toujours une bonne chose d’être comparé ! »

S’adapter pour Gaz de Bordeaux, ce n’est plus seulement anticiper la baisse du marché du gaz et accélérer la décarbonation de ses activités, c’est aussi faire face à la fin d’une situation quasi monopolistique et historique sur le territoire bordelais. Après une tentative avortée du géant italien Eni, c’est au tour du français Ohm Énergie de tenter sa chance. « Nous proposons aux ménages bordelais un prix du kWh à -14 %, un abonnement moins cher aussi », affirme François Joubert, son directeur général, qui avance une économie annuelle de 30 à 50 euros… « L’accueil est plutôt bon ici depuis le moins de juin où nous rôdons notre offre. Notre défi actuel, c’est de faire savoir aux Bordelais que l’alternative à Gaz de Bordeaux existe. Nous espérons prendre 10 % de parts de marché d’ici trois ans. »

Thierry David / SUD OUEST

« C’est normal que la concurrence s’intéresse à la métropole bordelaise. C’est normal aussi de parler prix pour attaquer un nouveau marché, mais nous continuerons à jouer la carte du service, de la relation client. La concurrence, c’est toujours une bonne chose, nous l’appelons de nos vœux sur le territoire du réseau Regaz et ses 46 communes bordelaises. La concurrence n’est pas seulement une menace, c’est surtout une opportunité car c’est toujours une bonne chose d’être comparé », assure Cyril Vincent avant d’ajouter : « On nous reproche régulièrement la situation de monopole que nous n’avons pas choisie ici. Nous encourageons, au contraire, l’arrivée de nouveaux acteurs. Ils permettent de mettre en évidence notre compétitivité en matière de rapport qualité/prix. Le développement de nos activités partout en France montre que nous n’avons pas à avoir peur de la concurrence. »