Par
Théo Zuili
Publié le
11 sept. 2025 à 6h04
Une manifestation a rassemblé dans le calme au moins 10 000 personnes à 12h place Guichard, dans le 3ᵉ arrondissement de Lyon, à l’appel de la CGT ce mercredi 10 septembre dans le cadre du mouvement « Bloquons tout ». Des violences ont ensuite éclaté. On fait le point sur les profils des manifestants.
Une mobilisation très hétérogène
Étudiants, jeunes actifs, familles, personnes âgées, syndicalistes, militants de tous les spectres de la gauche, élus Écologistes et LFI, black-blocks, casseurs et marginaux ont répondu présent au rendez-vous, lancé dans le cadre du mouvement « Bloquons tout » né sur les réseaux-sociaux cet été.
Les revendications de ce mouvement populaire et décentralisé étaient nombreuses et variées, mais s’articulent autour d’un ras-le-bol d’Emmanuel Macron, sa politique ou ce qu’il représente. « Pouvoir au peuple », loi Zucman, fin au « déni climatique », « de l’argent pour nos services publics, pas pour les militaires »…
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Contrairement au mouvement des Gilets-Jaunes, aucun code couleur ni style vestimentaire unique n’apparaît sur nos images, qui mettent plutôt en avant l’hétérogénéité des profils présents à Lyon lors de cette mobilisation.
Les manifestants réunis place Guichard à Lyon pour le 10 septembre. (©Théo Zuili / actu Lyon)
Les manifestations spontanées, non déclarées en amont en préfecture, ont bloqué la circulation puis dégénéré en affrontements urbains avec les forces de l’ordre. Ces dernières tentaient d’empêcher les manifestations sauvages de rejoindre la Presqu’île et ont été prises pour cibles par des jets de pierres et des tirs de mortiers.
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La violence s’invite
La réplique n’a pas tardé à se faire sentir par l’ensemble des manifestants, largement plus pacifiques, avec l’usage massif de gaz lacrymogène.
Les manifestants gazés par les policiers à Lyon, mercredi 10 septembre. (©Théo Zuili / actu Lyon)
De quoi alimenter l’incompréhension ou une colère déjà brûlante chez les personnes confrontées à cette disproportionnalité, non-solidaire des agissements violents d’une minorité en tête de cortège. « Ils veulent nous décourager », lâche un jeune.
De base, c’était un rassemblement bonne ambiance, puis on a vu partir une manifestation, on a suivi… C’était toujours bonne ambiance avec la fanfare, puis d’un coup gazage. On n’a pas compris qu’il n’y avait pas de manifestation légale, ça aurait dû rester un rassemblement, puis rendez-vous le 18 septembre pour manifester à nouveau !
Tristan
Jeune manifestant
Sur le passage des différents cortèges qui ont animé la ville de Lyon, de nombreux dégâts et une odeur poivrée agressive laissant un goût métallique. Des commerces ont été visés.
Barricades de fortunes dans les rues ou sur les rails de tramway, panneaux publicitaires détruits, vitrines de commerces abîmées, amas de cendres et feux de poubelles… Surtout, de très nombreux tags et graffitis, entre revendications, insultes et appels à la violence.
Des témoignages
« Ça fait quinze minutes que je discute avec les policiers, ils se font insulter de tous les noms », déplore un jeune homme. Sa copine réplique, l’air triste : « Y’avait un père de famille… » Plus loin, un passant jette de l’eau sur une poubelle incendiée.
« J’ai grandi au Mas du Taureau à Vaulx-en-Velin, on sait ce que c’est la misère. Il n’y a que les bobos dans la manif’. Mes copains noirs et arabes ne se sentent pas concernés, ils devraient être là. C’est un pays de papiers. Eux, ce n’est pas leur pays, ils s’en battent les couilles », regrette Robert, retraité.
Seul le rassemblement place Guichard était déclaré en préfecture. Il a pourtant été dispersé par des tirs de gaz lacrymogène et une charge en milieu d’après-midi. Selon les forces de l’ordre, des auteurs de jets de projectiles sur la police dans les rues adjacentes étaient visés.
« Là, c’était absolument pacifique. Ça ne peut plus durer. La jeunesse est la relève et ne cédera pas. C’est la première fois que je vois une manifestation aussi brutale, aussi pacifique, qui chante… on veut nous faire peur », diagnostique une militante âgée de 70 ans, forcée de quitter la place.
Avec Julien Damboise
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