Produit antivieillissement –

Une start-up romande veut révolutionner l’industrie de l’esthétique

Publié: 10.09.2025, 11h11Bryan et Alexandre Porcello, co-fondateurs de la start-up Kylys Aesthetics, posent dans un bureau à Genève.

Les frères Bryan et Alexandre Porcello (de g. à d.), cofondateurs de la start-up Kylys Aesthetics, basée à Plan-les-Ouates (GE).

FRANK MENTHA

Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio.BotTalkEn bref:

  • Une start-up genevoise développe un nouveau gel esthétique à base d’acide hyaluronique.
  • Les frères Porcello ont reçu 1 million de francs pour lancer les essais cliniques.
  • Le produit innovant se structure uniquement après l’injection dans le corps.
  • Le marché mondial de l’acide hyaluronique atteindra 8% de croissance d’ici à 2030.

L’acide hyaluronique est un produit de comblement, qui permet des utilisations dans le domaine médical, en rhumatologie et en chirurgie reconstructive par exemple, mais aussi dans le domaine de l’esthétique. Un marché très prometteur, qui a incité la Fongit (Fondation genevoise pour l’innovation technologique) à soutenir Kylys Aesthetics SA, une start-up basée à Plan-les-Ouates (GE).

L’histoire commence en 2017, lorsque deux professeurs de l’Université de Genève (UNIGE), Olivier Jordan et Eric Allémann, découvrent un nouveau produit destiné à mitiger les douleurs de l’arthrose. Deux ans plus tard, Alexandre Porcello commence son doctorat en pharmacie sur cette nouvelle technologie, sous la direction des deux professeurs, et crée, avec son frère, la start-up Kylys Aesthetics. «Ces molécules déjà brevetées disposaient d’un fort potentiel dans l’esthétique, souligne Bryan Porcello, CIO et frère du doctorant. C’est un marché plus intéressant financièrement et plus simple cliniquement.»

Un loyer offert pour débuter

Pour développer ce dermal filler (produit de comblement) destiné à gommer les effets du vieillissement, la spin-off de l’UNIGE reçoit une première aide financière de 400’000 francs de Innosuisse en 2020. La Fongit, de son côté, met gratuitement à disposition les locaux de Plan-les-Ouates durant deux ans. La start-up est une émanation purement lémanique, puisque les deux frères, aujourd’hui âgés de 31 et 32 ans, sont originaires de Morges et ont passé leur enfance à Yverdon. Bryan a étudié l’économie à l’Université de Lausanne et Alexandre la pharmacie à l’UNIGE.

Afin de le rendre compatible avec les besoins de l’esthétique, Alexandre Porcello travaille sur le gel à base d’acide hyaluronique, découvert par les deux professeurs. «Nous avons naturellement cette substance dans le corps. Au départ, le produit était d’origine animale, il était issu de la crête du coq, mais actuellement, nous parvenons à le fabriquer à partir de biofermentation, ce qui permet de ne pas avoir de réactions inflammatoires et de réduire les risques d’allergie.» Le docteur en pharmacie a faiblement modifié le produit initial pour le rendre moins invasif. «Le gel ne se structure qu’une fois qu’il se trouve dans le corps, après l’injection, ce qui n’est pas le cas des produits actuels, précise-t-il. Il est donc facile à injecter à l’aide d’aiguilles plus fines, ce qui réduit la douleur.»

De l’argent pour les essais cliniques

Grâce au million de francs récolté, la start-up va débuter la phase clinique et procéder à ses premiers essais sur l’homme. Un processus moins lourd que pour les médicaments, assure le CIO, Bryan Porcello. «Notre produit est classé en tant que medical device de classe 3. Nous avons déjà effectué les tests précliniques, sur des animaux ou des cellules. Ils ont été réalisés par une entité externe agréée.»

Dès le mois d’octobre et durant un an, la jeune société va tester le produit sur 80 patients, principalement hors de Suisse, et sur une petite cohorte à la Clinique de Genolier. Selon les deux frères, la médecine esthétique est un domaine où il y a peu d’innovation, malgré un marché en pleine expansion. «Les grandes entreprises investissent moins en recherche et développement, constate Alexandre Porcello. Elles laissent faire les plus petites structures.» La région de Genève compte d’ailleurs plusieurs entreprises dans le domaine, comme Allergan et Vivacy en France voisine ou Teoxane et Anteis à Genève.

Les fonds récoltés proviennent de plusieurs investisseurs. Le Fonds d’innovation Fongit (FIF) à Genève a donné 100’000 francs. Le reste provient de «business angels» allemands et de partenaires stratégiques privés, déjà actifs dans l’esthétique. Ce financement permettra également d’obtenir la certification ISO et d’avancer sur le marquage CE de la communauté européenne. «Le système de qualité est très strict, relève Bryan, tout comme le côté réglementaire. Heureusement, nous sommes bien entourés par une équipe compétente et bienveillante.» Le produit devrait être commercialisé dans deux ans et demi.

Un produit qui rapporte gros

Les fillers sont un marché en pleine expansion et l’acide hyaluronique a le vent en poupe. Destiné à combler les ridules et à redonner du volume aux pommettes et aux lèvres, ce produit de comblement génère plusieurs milliards de chiffre d’affaires par an. Le marché de l’acide hyaluronique à usage médical (pour soulager les douleurs articulaires) et esthétique a connu une forte croissance au niveau mondial. S’élevant à 5,4 milliards de dollars en 2024, il devrait croître de près de 8% pour atteindre 11 milliards en 2034. En Europe, il s’élevait à environ 2 milliards de francs en 2024 et devrait atteindre les 3,6 milliards dans cinq ans.

L’une des tendances notables du marché de l’acide hyaluronique est la demande croissante de procédures cosmétiques non chirurgicales, en particulier de traitements injectables. Les produits de comblement à base d’acide hyaluronique ont gagné en popularité pour leur capacité à augmenter le volume du visage, à lisser les rides et à améliorer l’hydratation de la peau. Outre l’esthétique, il est aussi destiné à l’usage médical, pour soulager les douleurs articulaires.

Un marché esthétique en plein essor

Judith Monfrini est journaliste à la rubrique locale. De formation juridique, elle a obtenu son diplôme au Centre de formation au Journalisme et aux Médias (CFJM) en 2015. Elle a travaillé plus de dix ans pour le groupe Médiaone. (Radio Lac, One fm)

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