Franco Morbidelli, pilote VR46, arrive à Misano (12-14
septembre 2025) pour son Grand Prix à domicile dans un état
d’épuisement, après un week-end cauchemardesque à Barcelone. Malgré
une 4e place en qualifications, le Romain a enchaîné les déboires :
deux chutes, une altercation avec des commissaires et une amende de
2 000 €. Dans une interview exclusive il se confie sur son esprit
combatif, son approche en piste et les leçons tirées avant Misano.
Voici le récit d’un pilote sous pression mais
déterminé.

À Barcelone, Morbidelli avait tout pour
briller. Sa 4e place en qualifications, boostée par les erreurs de
son ami et rival Marco Bezzecchi, lui offrait une
chance de podium. Mais tout s’est écroulé. Lors du
Sprint, un accrochage avec Jorge
Martin
au virage 10, après un départ raté, a envoyé les
deux pilotes hors course. « Morbido » a perdu son sang-froid,
entraînant l’Aprilia de Martin
dans sa chute. Une pénalité de long lap n’a pas apaisé sa
fougue.

Le dimanche, rebelote : après une nouvelle pénalité,
Morbidelli attaque trop fort, chute encore au
virage 10 – son 16e accident en 2025 – et termine sa course dans le
bac à gravier. Une altercation avec les commissaires, qui lui
reprochaient de ne pas quitter la piste assez vite, lui coûte 2 000
€ et une sanction pour Misano : il entamera avec 10 minutes de
retard la EL1. « Ce fut un week-end désastreux, mais je
suis prêt à rebondir
», déclare-t-il à
Speedweek
.

Dans son entretien, Morbidelli, 6e au
championnat, explique sa dualité : « je pense que c’est assez
simple, c’est ma nature. Je suis un battant. Même
si j’ai l’air très calme et posé de l’extérieur – et je le suis
toujours en dehors des stands –, il y a quelque chose en moi qui
cherche toujours la bagarre. » Habitant près de Tavullia, il
ajoute : « j’essaie toujours d’être extrêmement concentré sur
la piste et de me battre avec une précision absolue. En match
direct, ce duel est quelque chose de très naturel ; je ne
recule jamais devant un duel. Mais ensuite, je dois m’efforcer de
rester précis et de garder le contrôle
. »

Cette mentalité de combattant, qui fait vibrer les fans, a un
prix. Les règles strictes du MotoGP et le catalogue de sanctions
alourdi pénalisent les pilotes agressifs.
Morbidelli, avec ses 16 chutes cette saison, en
paie le prix fort.

Franco Morbidelli

Franco Morbidelli : «
Pecco Bagnaia a dominé pendant deux ans et s’est montré très
coriace. Il ne fait pas exception »

Interrogé sur l’importance de l’agressivité en MotoGP,
Morbidelli est catégorique : « il y a des
situations où il faut livrer des batailles acharnées ;
c’est normal
. Certainement plusieurs fois par an. Mais
cette mentalité de duel n’est pas déterminante pour la réussite sur
l’année. » Il cite
Pecco Bagnaia
, Jorge Lorenzo
et Casey Stoner, qui ont dominé sans être des «
bagarreurs » obsessionnels : « Pecco a dominé pendant deux ans
et s’est montré très coriace. Il ne fait pas exception. »

Pour Morbidelli, les duels sont un « outil »
spectaculaire, mais pas la clé du succès : « cette
confrontation fait partie de la course et du
spectacle
. S’attaquer à la force est un
instrument, un outil parmi d’autres, mais cela ne dit pas forcément
grand-chose sur le potentiel et la réussite d’un pilote. »
Avec 104 points au championnat, il reste
compétitif, mais ses erreurs à Barcelone soulignent un besoin de
maîtrise.

À Misano, Morbidelli joue gros. Sur son circuit
fétiche, où il a grandi et où il est soutenu par les tifosi de
VR46, il veut effacer le fiasco de Barcelone. Son
contrat renouvelé avec l’équipe de Valentino Rossi
lui donne une stabilité, mais la pression est immense face à la
domination des frères Marquez et à un
Bagnaia en crise. La sanction en EL1 (10 minutes
de retard) compliquera son vendredi, mais
Morbidelli reste confiant : « je suis
à la maison ici. Je vais me battre, mais avec
précision
. »

Le soutien de Rossi et d’Alessio
Salucci
, directeur de VR46, est
crucial. « Franco est un pilote talentueux, et nous croyons en
lui », déclare Salucci. Avec la GP24,
Morbidelli a les moyens de briller, mais il devra
canaliser son instinct de « battant » pour éviter de nouvelles
erreurs.

Sur les réseaux, les fans de Franco
Morbidelli oscillent entre admiration et
frustration. Un post sur X résume : « Morbido a un cœur de
lion, mais il doit arrêter de foncer tête baissée. Misano, c’est sa
chance ! » D’autres critiquent son agressivité : « Trop de
chutes, il gâche son talent. » La bagarre avec les
commissaires à Barcelone a aussi terni son image, certains y voyant
un manque de professionnalisme.

Franco Morbidelli est un paradoxe : un pilote
calme hors der la piste, mais un guerrier incontrôlable en course.
Barcelone a révélé les limites de son style, mais
Misano offre une opportunité de rédemption. Face à

Marc Marquez
, favori pour le titre, et
Alex Marquez, nouvelle coqueluche de Ducati, «
Morbido » devra prouver qu’il peut allier combativité et précision.
Comme il le dit : « Je ne recule jamais devant un
duel
. » Mais pour briller à domicile, il faudra
dompter ce feu intérieur. Le public de Tavullia attend un héros,
pas un kamikaze !

Morbidelli : « La force de frappe est un instrument »