L’agence de notation Fitch doit rendre son verdict sur la dette française ce vendredi soir. Une dégradation de la note est probable, avec des conséquences directes pour l’État… et pour le portefeuille des Français.

Après la chute du gouvernement Bayrou, la France se retrouve fragilisée sur les marchés financiers. Fitch pourrait abaisser la note de la dette souveraine dès ce vendredi. Quels impacts pour l’État, les investisseurs et, surtout, pour les Français ?

La France sur le point d’être rétrogradée

Il y a moins d’un an, l’agence Fitch avait déjà prévenu : sans plan crédible de réduction de la dette, la note française AA- pourrait être revue à la baisse. Le scénario semble désormais inévitable. Minée par la crise politique et un budget suspendu, la France pourrait se retrouver dès vendredi dans la catégorie des pays de « qualité moyenne supérieure », avec une note A+. Une décision qui placerait Paris sur le même niveau de risque que l’Italie, réputée plus fragile sur le plan budgétaire. Cette dégradation n’est pas seulement symbolique : elle traduit une perte de confiance des marchés, qui exigent des taux d’intérêt plus élevés pour prêter de l’argent à l’État.

Quand emprunter coûte aussi cher qu’en Italie

Le signal est déjà visible. Début septembre, le taux d’emprunt à 10 ans de la France a atteint 3,6 %, soit le même niveau que l’Italie. Cette évolution inquiète car elle renchérit le coût du service de la dette, qui dépasse déjà 60 milliards d’euros par an.

Autrement dit, chaque dégradation alourdit la facture publique. À terme, ce sont les marges de manœuvre de l’État pour financer les services publics, la protection sociale ou les investissements qui se réduisent. Et le risque d’un cercle vicieux se profile : plus la dette coûte cher, plus elle pèse sur le budget, et plus les agences de notation sanctionnent.

Face à cette incertitude, les ménages adoptent une stratégie défensive. Selon BFMTV, le taux d’épargne financière des Français a atteint 10,5 % au 1er trimestre 2025, un niveau supérieur à celui de l’Allemagne. En incluant tous les produits, l’épargne grimpe à 19,4 %, du jamais vu depuis la fin des années 1970.

Cette réserve de liquidités rassure les agences, comme le souligne Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne : « si on n’avait pas un taux d’épargne aussi élevé, la note de la dette française serait plus dégradée ». Mais elle nourrit aussi une inquiétude : si les finances publiques dérapent encore, l’État pourrait-il être tenté de taxer davantage cette épargne ? Techniquement, rien ne l’empêche. Politiquement, ce serait un pari risqué.