Coup de théâtre à Washington : l’administration Trump décide soudainement de retirer plusieurs projets de réforme sur le cannabis et le chanvre. Entre volte-face réglementaire et flou administratif, l’avenir de la recherche sur le cannabis médical et les laboratoires d’analyse du chanvre prend un sérieux coup de frein. Certains y voient une stratégie politique, d’autres une simple manœuvre de bureaucratie old school. Décryptage sur Le Cannabiste.

Le DOJ fait marche arrière : quelles règles sont annulées ?

Le Département de la Justice américain a récemment lancé une opération de nettoyage de printemps… en automne. Un bon paquet de propositions de règles sont tout bonnement retirées, dont certaines touchaient de très près au cannabis et au chanvre.

Parmi les sacrifiés : une réglementation censée concrétiser la loi sur l’expansion de la recherche sur la marijuana médicale et le cannabidiol, votée par le Congrès et signée par l’ex-président Biden en 2022. Oui, vous avez bien lu : une loi bipartisan, validée, tamponnée, et pourtant mise sur pause. Comme quoi, la cohérence législative, c’est un luxe.

Autre règle abandonnée au passage : une concernant les laboratoires analytiques sur le chanvre, qui prévoyait d’exempter ces labos de certaines obligations administratives. À croire qu’on préfère les voir crouler sous la paperasse plutôt que d’analyser des échantillons.

Cannabis médical et chanvre : des projets enterrés ?

Alors que la légalisation progresse dans plusieurs États, à Washington, l’ambiance est plutôt à l’enterrement réglementaire. Le retrait des propositions de règles n’est pas anodin, surtout quand elles concernent l’accès à la recherche et les processus scientifiques.

La loi sur la recherche médicale mise à l’arrêt

La fameuse Medical Marijuana and Cannabidiol Research Expansion Act, adoptée en grande pompe, devait faciliter les démarches pour les chercheurs et producteurs désireux de travailler avec du cannabis ou du CBD à des fins médicales. L’idée ? Tout passer par un portail sécurisé géré par la DEA, pour une demande 100 % numérique.

Mais surprise : le DOJ a tout bonnement décidé de retirer cette mise à jour réglementaire, sans explication convaincante. Officiellement, il s’agit d’une simple réévaluation des priorités et des besoins de l’agence. Officieusement ? Mystère et dossier en stand-by..

Le cas étrange des laboratoires d’analyse du chanvre

Autre victime collatérale : la règle “Analytical Labs and Hemp”, qui aurait exempté les laboratoires travaillant exclusivement sur du chanvre de l’obligation d’enregistrement auprès de la DEA. On parle ici de chanvre industriel, parfaitement légal, pas de plantations clandestines dans une cave au fin fond du Colorado.

Mais là aussi, rideau. Et cerise sur le space cake : cette règle portait exactement le même numéro d’identifiant réglementaire (RIN) que celle liée au reclassement du cannabis. De quoi semer encore plus de confusion dans une situation déjà bien nébuleuse.

Confusion totale autour du reclassement du cannabis

Une plante de chanvre

Il y a quelques semaines, Trump annonçait qu’il prendrait très bientôt une décision sur le transfert du cannabis de l’annexe I à l’annexe III du Controlled Substances Act. Traduction : le cannabis ne serait plus considéré comme une drogue aussi dangereuse que l’héroïne. Ce serait déjà ça.

Un numéro de dossier partagé et des déclarations floues

Mais alors, si le même numéro de dossier est utilisé pour deux règles différentes, lesquelles sont vraiment annulées ? Le doute persiste. D’ailleurs, un officiel de la Maison Blanche a tenté de clarifier la situation, affirmant que le retrait concerne uniquement la règle sur les laboratoires de chanvre, et non celle sur le reclassement du cannabis. Vous êtes rassuré ? Nous non plus.

Ajoutez à cela le fait que la version publiée au Federal Register sur le reclassement ne mentionne même pas de RIN, et vous obtenez un sac de nœuds bureaucratique d’un niveau olympique.

Ce que cela signifie pour l’avenir du cannabis aux États-Unis

La question reste entière : que cherche vraiment à faire l’administration Trump avec toutes ces manœuvres réglementaires ? Si certains y voient un simple ajustement technique, d’autres y perçoivent un signal politique qui signe le grand recul de la légalisation du cannabis aux USA.

Le débat est en feu, et pas qu’un peu : Ben Carson, ancien secrétaire au logement, voit dans le reclassement du cannabis un plan diabolique pour “détruire le pays”. Oui, il l’a dit. Pendant ce temps, Sean Spicer et Roger Stone (anciens bras droits de Trump) se chamaillent publiquement sur le sujet, chacun ayant sa propre vision de la réforme cannabique.

Même Mike Tyson s’en mêle. Dans un podcast piloté par la femme du chef adjoint de cabinet de la Maison Blanche, l’ex-champion de boxe affirme attendre “de bonnes nouvelles très bientôt”. Le mec est partout : il a même écrit une lettre co-signée avec d’autres stars pour pousser Trump à aller plus loin que Biden sur le cannabis.

Et puis il y a Kellyanne Conway, présentée comme la plus grande avocate du reclassement de la marijuana dans le cercle rapproché du président. Oui, elle aussi est dans le game.

Conclusion : vers un avenir flou et enfumé

Entre les retraits de règlements, les embrouilles de numéros d’identifiants, les prises de position en tous sens et les déclarations fumeuses, une chose est sûre : le paysage réglementaire du cannabis aux États-Unis est tout sauf clair. Les espoirs placés dans des réformes structurantes sont en train de se faire balayer d’un revers de main administratif.

Alors, est-ce une pause stratégique ou un retour en arrière ? Difficile à dire. Ce qui est certain, c’est que l’avenir du cannabis aux États-Unis est en train de s’écrire dans un épais brouillard… et pas celui auquel vous pensez.

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